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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 3) — Paris, 1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.1315#0353
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[ ÉCHARPE ] — 342 —

L'écharpe et le bourdon étaient si bien la marque distinctive du
pèlerin, que, quand les rois partaient pour la croisade, ils croyaient
devoir prendre solennellement ces deux objets des mains des évèques
ou abbés :

« Quant li rois ot atourné sa voie, si prist s'eskerpe et son heur-
te don à Nostre-Dame à Paris; et li canta la messe li evesques '. »

« Li rois Richars et li baron qui avoec lui en aloient, prisent lor
« escherpes et lor bourdons, si s'esmurent, et passèrent par Pro-
« vence, et entrèrent en mer à Marselle, et syglerent tant que il
« vinrent en Sezile 2. »

Ces écharpes auxquelles était suspendue la sacoche ou l'escar-
celle du pèlerin n'étaient qu'une courroie. (Voy. Escarcelle.)

On porta souvent des écharpes de couleur et même armoyées, si
ceux qui les portaient étaient des gentilshommes.

Non-seulement les écharpes des pèlerins devenaient au besoin un
signe de ralliement, mais elles étaient l'occasion de vœux entre
confrères unis pour une même fin.

Lorsque le sire de Caumont s'en fut à Jérusalem de 1418 à 1419,
il fit le vœu suivant : « Noper, seigneur de Caumont, de Chasteau
« Neuf, de Chasleau Cullier et de Berbeguieres, fais assavoir que
« j'ay empris de porter sur moy en devise une eschirpe d'azur, qui
« est couleur qui signifie loyauté, à memoyre et tesmoign que je le
« vueille maintenir. Et en icelle eschirpe a une targe blanche 3, à
« croix vermeillie, pour que mieux avoir en remembrance le passion
« Nostre Seigneur. Et aussi en honneur et souvenance de monsei-
« gneur Saint George, par tel qu'il lui plaise moy estre en toute
« bonne ayde. Et hault en le targe ha escript : FERM.

« Item, se Dieux faisoit son commandement d'aucun de ceux
« de leditte oschirpo, se aucuns l'aient, chacun fera chanter trois
« messes, deux de requiem et une de mons. Saint George pour l'arme
« d'ycelluy; et moy, .XX. Et oultre ce j'ay establi et ordonné que
« se null de leditte eschirpe perdoit son heritaige et n'avoit de quoy
« vivre, suy tenus, là quant par luy seray requis, ly donner et tenir
« son estât sellon qu'il appartiendra *. »

C'est donc un véritable ordre qu'établit le sire de Caumont, et le

1 La Citron, de Rains, chap. xxvi.

2 Hist. des ducs de Normandie et des rois d'Angleterre, publ. par Fr. Michel, 1840.

3 « Écu blanc ».

Voyaige d'ou/tremer en Jhérusalem par le seign. de Caumont, l'an 1418, publ. par
le marquis de la Grange, page 75.
 
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