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HISTOIRE DE l’h A BITATION.
toutes choses les humains, aidés de ta précieuse inssuence,
et notamment la race qui a le bonheur de posséder tes
sympathies ? N’élève-t-elle pas des palais splendides, ne
détourne-t-elle pas les sseuves pour arroser ses belles terres,
ne met-elle pas le plus grand ordre dans toutes ses assaires ;
n’est-elle pas économe autant que prodigue : pourquoi sem-
bles-tu donc soucieux ? Ce succès ne suffit-il pas encore à
tes désirs ? — Doxi! je le sais depuis longtemps, tu es mau-
vais ; tais-toi aujourd’hui. — Pourquoi me taire, ne suis-je
pas émerveillé comme toi des splendeurs de cette demeure
que tu m’as fortement pressé de visiter. Il est vrai que cela
coûte un peu, comme tu dis, qu’il faut piller des provinces et
réduire leurs habitants à la servitude, en bloc, après en avoir
pendu ou empalé quelques centaines pour obtenir ce progrès
dans les choses de l’industrie humaine ; qu’il faut que des
milliers d’hommes travaillent pour la satisfaction d’un seul et
que, si ces masses viennent à manquer, il est naturel de pous-
ser des brutes à se révolter contre cette civilisation pour avoir
un prétexte de les faire concourir à son développement. Je
trouve même cela ingénieux, car.... — Tais-toi, Doxi! tu
railles à froid, tais-toi. — Non, en vérité, je ne te com-
prends pas. N’as-tu pas prêté ton concours à ces hommes
qui font de si belles choses, n’as-tu pas été les chercher ; ne
les as-tu pas suivis partout où il leur a plu de se répandre,
ne me faisais-tu pas tout à l’heure les plus beaux discours
sur leurs aptitudes, sur les avantages de je ne sais quels
mélanges de races destinés à favoriser certains développe-
ments. Ces hommes se croient supérieurs aux autres, et ils
le sont en effet par leur courage, leur industrie, leur amour
de l’ordre ; ils usent de leur supériorité et considèrent les
autres hommes comme un bétail. Est-ce vrai ? — Oui, c’est
vrai. — Approuves-tu leur manière de traiter les autres
peuples ? — Non. — Eh bien ! alors, à quoi bon, dans l’or-
dre général, ce développement prodigieux de civilisation,
HISTOIRE DE l’h A BITATION.
toutes choses les humains, aidés de ta précieuse inssuence,
et notamment la race qui a le bonheur de posséder tes
sympathies ? N’élève-t-elle pas des palais splendides, ne
détourne-t-elle pas les sseuves pour arroser ses belles terres,
ne met-elle pas le plus grand ordre dans toutes ses assaires ;
n’est-elle pas économe autant que prodigue : pourquoi sem-
bles-tu donc soucieux ? Ce succès ne suffit-il pas encore à
tes désirs ? — Doxi! je le sais depuis longtemps, tu es mau-
vais ; tais-toi aujourd’hui. — Pourquoi me taire, ne suis-je
pas émerveillé comme toi des splendeurs de cette demeure
que tu m’as fortement pressé de visiter. Il est vrai que cela
coûte un peu, comme tu dis, qu’il faut piller des provinces et
réduire leurs habitants à la servitude, en bloc, après en avoir
pendu ou empalé quelques centaines pour obtenir ce progrès
dans les choses de l’industrie humaine ; qu’il faut que des
milliers d’hommes travaillent pour la satisfaction d’un seul et
que, si ces masses viennent à manquer, il est naturel de pous-
ser des brutes à se révolter contre cette civilisation pour avoir
un prétexte de les faire concourir à son développement. Je
trouve même cela ingénieux, car.... — Tais-toi, Doxi! tu
railles à froid, tais-toi. — Non, en vérité, je ne te com-
prends pas. N’as-tu pas prêté ton concours à ces hommes
qui font de si belles choses, n’as-tu pas été les chercher ; ne
les as-tu pas suivis partout où il leur a plu de se répandre,
ne me faisais-tu pas tout à l’heure les plus beaux discours
sur leurs aptitudes, sur les avantages de je ne sais quels
mélanges de races destinés à favoriser certains développe-
ments. Ces hommes se croient supérieurs aux autres, et ils
le sont en effet par leur courage, leur industrie, leur amour
de l’ordre ; ils usent de leur supériorité et considèrent les
autres hommes comme un bétail. Est-ce vrai ? — Oui, c’est
vrai. — Approuves-tu leur manière de traiter les autres
peuples ? — Non. — Eh bien ! alors, à quoi bon, dans l’or-
dre général, ce développement prodigieux de civilisation,