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Visconti, Ennio Quirino
Iconographie ancienne ou Recueil des portraits authentiques des empereurs, rois, et hommes illustres de l'antiquité (Band 1): Iconographie grecque — Paris, 1808 [Cicognara, 3917-1]

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https://doi.org/10.11588/diglit.991#0008
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VI

DISCOURS

Les usages des
Grecs et ensui-
te ceux des Ro-
mains les multi-
plièrent.

Dans un temps où leur nation étoit la première des nations policées, ils étoient persuadés que
l'usage de faire en ronde-bosse les portraits des personnes vivantes ou de celles qu'on venoit de
perdre remontoit aux siècles héroïques.

La statue d'Hercule, exécutée par Dédale du vivant de ce demi-dieu1; le portrait sculpté de
Protésilaûs, honoré par les larmes de Laodamie2; et la tradition qui reconnoissoit dans le palla-
dium l'image d'une vier^s liée avec Minerve par l'amitié la plus tendre3, constatent l'opinion
qu'on avoit de la haute antiquité des ouvrages de ce genre.

Portraits placés
dans les temples.

Portraits expo-
sés dans les édi-
fices publics.

Les temples des dieux devinrent bientôt les dépositaires des portraits des hommes ; et ces
portraits étoient ordinairement l'ouvrage de la plastique, de la toreutique, ou de la sculpture.

L'usage de consacrer dans ces lieux révérés l'image de ceux qu'on chérissoit, ou la sienne
ptx>pre, recommandoit à la postérité la mémoire des personnages représentés ; et par cette
espèce d'apothéose leur nom, quand même leur vie n'auroit rien offert d'intéressant ou d'ho-
norable , étoit préservé de l'oubli. C'est ainsi qu'un des plus anciens monuments paléographi-
ques nous conserve le souvenir d'un citoyen obscur de Sigée, qui avoit lui-même consacré son
portrait dans un temple de sa ville natale4*, c'est ainsi que l'image de Timomachus, guerrier
thébain qui, à une époque très reculée, avoit combattu pour les Lacédémoniens contre les
habitants d'Amycles, étoit consacrée dans le temple d'Apollon Amycléen5; enfin c'est ainsi que
la statue triomphale de Romulus, si nous ajoutons foi au récit de Plutarque, fut placée, du
vivant de ce prince, dans le temple de Vulcain à Rome6.

Chaque particulier pouvoit déposer dans les temples son portrait ou celui d'un autre, à sa
volonté, et sans avoir besoin de la permission ou du consentement de l'autorité publique. Ces
images étoient regardées comme des offrandes religieuses que les adorateurs de la divinité lui
présentoient, et qui faisoient un des plus beaux ornements des temples. Il est même rare qu'on
les détruisît ou qu'on les cachât aux regards du public, lorsque le personnage représenté se
souilloit de quelque crime, ou devenoit l'ennemi de la patrie. Mais il en étoit tout autrement
des statues et des images qu'on avoit élevées ou placées dans les lieux ou dans les édifices pu-
blics destinés aux usages civils.

On avoit probablement commencé à décorer ces lieux de statues, parcequ'ils tenoient ordi-
nairement aux temples, et qu'on pouvoit les regarder comme en étant des dépendances. De là

(1) Apollodore, liv. II, c. 6, §. 3; Pausanias, liv. VIII,
c. 35.

(2) Ovide, Hérolde XIII, v. 1S2 ; Hygin, Fable GUI-
Admete, dans XAlceste d'Euripide, vers 34g, se propose
de faire exécuter par des artistes savants, tfo^rj X€lÇÙ
reKtovov, une image de son épouse.

(3) Apollodore, liv. III, c. 12, §. 3.

(4) La célèbre inscription de Sigée, une des plus an-
ciennes qui nous restent, est gravée sur le pilastre de Ther-

mes d'un certain Phanodicus Sigéen. La tête n'existe plus;
mais la phrase, #ANOAIKOY EIMI, Je suis (le portrait)
de Phanodicus, et la configuration du marbre, sont la
preuve de ce que je viens d'avancer (voyez Chishull, Anti-
quitates Asiaticœ, p. 32 ).

(5) Voyez les scholies sur Pindare, Isthm., od. VII,
v. 20.

(6) Plutarque, Romulo, c. 24.
 
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