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ICONOGRAPHIE GRECQUE.
Ch.m. vaillant, l'autre au plus sage des Grecs. Les Romains choisirent Àlcibiade
' et Pythagore : les voyages de ces deux illustres Grecs en Italie furent pro-
bablement la cause d'un pareil choix. Cet honneur, au jugement de Pline,
étoit dû par préférence à Thémistocle et à Socrate.
rable de l'histoire romaine ; et ses dernières années
se trouvent liées avec celle des successeurs d'Alexan-
dre et des rois d'Asie. Pour ne pas interrompre l'or-
dre de l'histoire grecque tracée par cette suite de
portraits, et par d'autres motifs qu'on développera
dans la suite, nous avons renvoyé son portrait parmi
ceux de quelques princes d'Afrique contemporains
ou parents de ce grand homme.
Peu de mots suffiront pour la critique de quelques
autres portraits de grands capitaines qui se trouvent
dans divers ouvrages d'iconographie, et qu'on n'a
pas insérés dans celui-ci. Le portrait de Cimon, fils
de Miltiade, et celui d'Aratus de Sicyone, donnés par
J. Faber, et reproduits par Gronovius, ne sont tirés
que de médailles apocryphes fabriqués dans le XVIe
siècle. Nous avons assigné ci-dessus la même origine
au portrait de Cynégirus. Celui d'Epaminondas, et
quelques autres, n'ont pas de meilleures sources. Le
portrait de Phocion paroissoit avoir quelque authen-
ticité : il étoit copié d'après un superbe camée qui
passoit pour l'ouvrage de Pyrgotele, et sur lequel on
avoit inscrit le nom de cet artiste , ainsi que celui
de Phocion. Il est maintenant démontré que ce ca-
mée est l'ouvrage d'Alexandre Césari, excellent gra-
veur en pierres fines, qui a fleuri vers le milieu du
XVIe siècle (Bracci, de Antiq. Sculpt. , tom. II,
p. i83). Je viens d'exposer, dans la notice qui ac-
compagne la quarantième livraison du Musée fran-
çais, les motifs qui m'ont fait renoncer à une conjec-
ture par laquelle j'avois cru reconnoître ce vertueux
Athénien dans la statue d'un guerrier, transportée du
musée du Vatican au musée Napoléon (Museo Pio
Clementino, tom. II, pi. 43). Le portrait en hermès
que Winckelmann attribuoit à Xénophon étoit sou-
tenu par des conjectures si foibles qu'on auroit pu
omettre d'en parler sans faire tort à la sagacité de cet
illustre antiquaire (Monum. ined.,n. 171 )• Mainte-
nant que cet hermès se trouve au musée Napoléon,
tout le monde peut reconnoître qu'il présente une
image d'Hercule, d'un caractère entièrement idéal,
dans laquelle ce héros est couronné d'olivier, comme
vainqueur aux jeux olympiques (Musée Napoléon
par Th. Piroli, tom. II, planche 33). Enfin je n'ai
point inséré dans ce chapitre l'image de Lysandre,
lacédémonien, que M. Lanzi avoit cru retrouver sur
une pierre gravée d'ancien style, où le nom de Ly-
sandre est écrit auprès de la figure d'un guerrier. Ce
guerrier est représenté sans barbe , contre l'usage
connu des Lacédémoniens, et contre le témoignage
exprès de Plutarque, qui, décrivant la statue de Ly-
sandre , placée à Delphes dans le trésor des Acan-
thiens, observe qu'elle est iconique, c'est-à-dire por-
trait , et qu'elle a une longue barbe et une ample
chevelure (Lysandr. inprinc). La pierre gravée de
M. Lanzi n'est donc pas une image de Lysandre; et
si les caractères qui expriment son nom sont vérita-
blement antiques, ils ne désignent point le vainqueur
d'Athènes. Ce nom a été porté par d'autres Grecs;
et les noms qu'on lit sur d'anciens ouvrages de ce
genre désignent le plus souvent les propriétaires de
ces pierres qui leur servoient de cachet, sans que ces
inscriptions aient aucun rapport avec le type.
Les gaines avec des inscriptions grecques obser-
vées par Fulvius Ursinus, et contenant les noms de
Cimon et de Phocion , étoient, suivant toutes les
apparences, bien authentiques; mais les hermès dont
elles faisoient partie ayant été retrouvés sans tête,
ne peuvent être d'aucun usage pour l'iconographie
ancienne. Je dis la même chose de l'inscription que
j'ai publiée autrefois, et qui appartenoit à Thermes
de Chabrias (Museo Pio Clementino, t. I, p. 14 )•
Ce fragment n'est cependant pas inutile à la biogra-
phie de ce grand capitaine athénien. Les lettres qu'on
y lit,
XABP. .
KTH2. .
AIS..
donnent le nom de Ctésippus, père de Chabrias, et
celui de la bourgade d'AExonie, où Chabrias étoit
né. Nous connoissions par Plutarque (Phocione) et
par Démosthene ( in Lepl.) le nom du fils de Cha-
brias, qui s'appeloit Ctésippe, et pouvoit faire sup-
poser que son aïeul s'appeloit de même; mais nous
n'en avions pas une entière certitude. Le nom de la
bourgade sert à nous prouver que le Chabrias d'AExo-
nie, vainqueur avec le quadrige aux jeux pythiques,
et dont l'auteur de l'oraison (in Neœram) a parlé,
étoit le célèbre guerrier de ce nom.
ICONOGRAPHIE GRECQUE.
Ch.m. vaillant, l'autre au plus sage des Grecs. Les Romains choisirent Àlcibiade
' et Pythagore : les voyages de ces deux illustres Grecs en Italie furent pro-
bablement la cause d'un pareil choix. Cet honneur, au jugement de Pline,
étoit dû par préférence à Thémistocle et à Socrate.
rable de l'histoire romaine ; et ses dernières années
se trouvent liées avec celle des successeurs d'Alexan-
dre et des rois d'Asie. Pour ne pas interrompre l'or-
dre de l'histoire grecque tracée par cette suite de
portraits, et par d'autres motifs qu'on développera
dans la suite, nous avons renvoyé son portrait parmi
ceux de quelques princes d'Afrique contemporains
ou parents de ce grand homme.
Peu de mots suffiront pour la critique de quelques
autres portraits de grands capitaines qui se trouvent
dans divers ouvrages d'iconographie, et qu'on n'a
pas insérés dans celui-ci. Le portrait de Cimon, fils
de Miltiade, et celui d'Aratus de Sicyone, donnés par
J. Faber, et reproduits par Gronovius, ne sont tirés
que de médailles apocryphes fabriqués dans le XVIe
siècle. Nous avons assigné ci-dessus la même origine
au portrait de Cynégirus. Celui d'Epaminondas, et
quelques autres, n'ont pas de meilleures sources. Le
portrait de Phocion paroissoit avoir quelque authen-
ticité : il étoit copié d'après un superbe camée qui
passoit pour l'ouvrage de Pyrgotele, et sur lequel on
avoit inscrit le nom de cet artiste , ainsi que celui
de Phocion. Il est maintenant démontré que ce ca-
mée est l'ouvrage d'Alexandre Césari, excellent gra-
veur en pierres fines, qui a fleuri vers le milieu du
XVIe siècle (Bracci, de Antiq. Sculpt. , tom. II,
p. i83). Je viens d'exposer, dans la notice qui ac-
compagne la quarantième livraison du Musée fran-
çais, les motifs qui m'ont fait renoncer à une conjec-
ture par laquelle j'avois cru reconnoître ce vertueux
Athénien dans la statue d'un guerrier, transportée du
musée du Vatican au musée Napoléon (Museo Pio
Clementino, tom. II, pi. 43). Le portrait en hermès
que Winckelmann attribuoit à Xénophon étoit sou-
tenu par des conjectures si foibles qu'on auroit pu
omettre d'en parler sans faire tort à la sagacité de cet
illustre antiquaire (Monum. ined.,n. 171 )• Mainte-
nant que cet hermès se trouve au musée Napoléon,
tout le monde peut reconnoître qu'il présente une
image d'Hercule, d'un caractère entièrement idéal,
dans laquelle ce héros est couronné d'olivier, comme
vainqueur aux jeux olympiques (Musée Napoléon
par Th. Piroli, tom. II, planche 33). Enfin je n'ai
point inséré dans ce chapitre l'image de Lysandre,
lacédémonien, que M. Lanzi avoit cru retrouver sur
une pierre gravée d'ancien style, où le nom de Ly-
sandre est écrit auprès de la figure d'un guerrier. Ce
guerrier est représenté sans barbe , contre l'usage
connu des Lacédémoniens, et contre le témoignage
exprès de Plutarque, qui, décrivant la statue de Ly-
sandre , placée à Delphes dans le trésor des Acan-
thiens, observe qu'elle est iconique, c'est-à-dire por-
trait , et qu'elle a une longue barbe et une ample
chevelure (Lysandr. inprinc). La pierre gravée de
M. Lanzi n'est donc pas une image de Lysandre; et
si les caractères qui expriment son nom sont vérita-
blement antiques, ils ne désignent point le vainqueur
d'Athènes. Ce nom a été porté par d'autres Grecs;
et les noms qu'on lit sur d'anciens ouvrages de ce
genre désignent le plus souvent les propriétaires de
ces pierres qui leur servoient de cachet, sans que ces
inscriptions aient aucun rapport avec le type.
Les gaines avec des inscriptions grecques obser-
vées par Fulvius Ursinus, et contenant les noms de
Cimon et de Phocion , étoient, suivant toutes les
apparences, bien authentiques; mais les hermès dont
elles faisoient partie ayant été retrouvés sans tête,
ne peuvent être d'aucun usage pour l'iconographie
ancienne. Je dis la même chose de l'inscription que
j'ai publiée autrefois, et qui appartenoit à Thermes
de Chabrias (Museo Pio Clementino, t. I, p. 14 )•
Ce fragment n'est cependant pas inutile à la biogra-
phie de ce grand capitaine athénien. Les lettres qu'on
y lit,
XABP. .
KTH2. .
AIS..
donnent le nom de Ctésippus, père de Chabrias, et
celui de la bourgade d'AExonie, où Chabrias étoit
né. Nous connoissions par Plutarque (Phocione) et
par Démosthene ( in Lepl.) le nom du fils de Cha-
brias, qui s'appeloit Ctésippe, et pouvoit faire sup-
poser que son aïeul s'appeloit de même; mais nous
n'en avions pas une entière certitude. Le nom de la
bourgade sert à nous prouver que le Chabrias d'AExo-
nie, vainqueur avec le quadrige aux jeux pythiques,
et dont l'auteur de l'oraison (in Neœram) a parlé,
étoit le célèbre guerrier de ce nom.