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d'ailleurs que sa conduite en plusieurs occasions
ne fut nullement républicaine : on l'a vu ci-des-
sus se refuser au jugement du peuple. Appelé
par le sénat à rendre compte de l'argent pris
sur l'ennemi, il apporta les livres de son admi-
nistration en pleine assemblée , mais pour les y
déchirer avant qu'on eût pu faire l'examen : il
est indigne , ajouta-t-il d'un ton irrité, qu'on
demande compte d'un million à un homme qui
en a apporté plus de cinquante au trésor de la
république (i). Lorsqu'il vit. que les tribuns du
Bacchus (Pline, 1. VII, §. 7; Silius Italicus, l.XIIf,
v. 615 et suiv., Tite-Live, I. XXVI, c. xix etc., et
plusieurs autres). Scipion, dès sa première jeunesse , pre-
nrflt tous les jours les conseils de Jupiter, en restant seul
dans le temple du Capitole; quelquefois ses visites au
temple e'toient nocturnes , et les chiens place's la nuit à
la garde de ce temple le laissoient approcher sans obstacle
et même sans aboyer: on divulguoit que ses avis e'toient
inspirés par les dieux; il le faisoit croire; et, interroge
sur sa naissance prétendue divine, il ne l'affirmoit, ni ne
la démentoit: en un mot, dit Tite-Live, il étoit admira-
ble par des vertus sincères ; il l'étoit encore par l'habi-
tude qu'il avoil contractée dès sa jeunesse d'affecter des
qualités propres à imposer au vulgaire : Fuit enim Sci/iio
non veris tantum virtulïbus mirabilis, sed arte quadam
ab juventa in oslentationem earum compositus.... his mi-
raculis nunquam ab ipso elusa fides est ; quin potius aucta
arte quadam nec abnuendi taie quidquam, nec palam af-
firmandi (loco citato). Valere Maxime a eu donc raison
de ranger la piété de Scipion parmi les exemples d'une
religion simulée: De simula ta religione (1. I, c. 11).
(1) Tite-Live, 1. XXXVIII , c. lv. La valeur intrinsc-'
que du denarius étoit à peu près celle d'un franc.
d'ailleurs que sa conduite en plusieurs occasions
ne fut nullement républicaine : on l'a vu ci-des-
sus se refuser au jugement du peuple. Appelé
par le sénat à rendre compte de l'argent pris
sur l'ennemi, il apporta les livres de son admi-
nistration en pleine assemblée , mais pour les y
déchirer avant qu'on eût pu faire l'examen : il
est indigne , ajouta-t-il d'un ton irrité, qu'on
demande compte d'un million à un homme qui
en a apporté plus de cinquante au trésor de la
république (i). Lorsqu'il vit. que les tribuns du
Bacchus (Pline, 1. VII, §. 7; Silius Italicus, l.XIIf,
v. 615 et suiv., Tite-Live, I. XXVI, c. xix etc., et
plusieurs autres). Scipion, dès sa première jeunesse , pre-
nrflt tous les jours les conseils de Jupiter, en restant seul
dans le temple du Capitole; quelquefois ses visites au
temple e'toient nocturnes , et les chiens place's la nuit à
la garde de ce temple le laissoient approcher sans obstacle
et même sans aboyer: on divulguoit que ses avis e'toient
inspirés par les dieux; il le faisoit croire; et, interroge
sur sa naissance prétendue divine, il ne l'affirmoit, ni ne
la démentoit: en un mot, dit Tite-Live, il étoit admira-
ble par des vertus sincères ; il l'étoit encore par l'habi-
tude qu'il avoil contractée dès sa jeunesse d'affecter des
qualités propres à imposer au vulgaire : Fuit enim Sci/iio
non veris tantum virtulïbus mirabilis, sed arte quadam
ab juventa in oslentationem earum compositus.... his mi-
raculis nunquam ab ipso elusa fides est ; quin potius aucta
arte quadam nec abnuendi taie quidquam, nec palam af-
firmandi (loco citato). Valere Maxime a eu donc raison
de ranger la piété de Scipion parmi les exemples d'une
religion simulée: De simula ta religione (1. I, c. 11).
(1) Tite-Live, 1. XXXVIII , c. lv. La valeur intrinsc-'
que du denarius étoit à peu près celle d'un franc.