SUR ZAÏRE.
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cœur à' Orofmane. L’orgueil les empêcha de paraître,
et l’amour les adoucit. Il prit la fuite de Zaïre pour
un caprice, pour un artifice innocent, pour la crainte
naturelle à une jeune fille, pour toute autre chose
enfin que pour une trahison. Il vit encore Zaïre , lui
pardonna et l’aima plus que jamais. L’amour de Zaïre
augmentait par la téndresse indulgente de Ion amant.
Elle se jette en larmes à ses genoux , le supplie de
différer le mariage jusqu’au lendemain. Elle comptait
que son frère serait alors parti , quelle aurait reçu le
baptême , que Dieu lui donnerait la force de résister :
elle se flattait même quelquefois que la religion
chrétienne lui permettrait d’aimer un homme si
tendre, si généreux, si vertueux, à qui il ne manquait
que d’être chrétien. Frappée de toutes ces idées ,
elle parlait à Orofmane avec une tendresse si naïve et
une douleur si vraie , qu’ Orofmane céda encore , et
lui accorda le sacrifice de vivre sans elle ce jour-là.
11 était sùr d’être aimé ; il était heureux dans cette
idée ; et sermait les yeux sur le reste.
Cependant , dans les premiers mouvemens de
jalousie , il avait ordonné que lé sérail fût fermé à
tous les chrétiens. Nérefan, trouvant le sérail fermé ,
et n’en soupçonnant pas la cause , écrivit une lettre
presfante à Zaïre : il lui mandait d’ouvrir une porte
secrète qui conduisait vers la Mosquée, et lui recom-
mandait d’être fidelle.
La lettre tomba entre les mains d’un garde qui
la porta à Orofmane. Le soudan en crut à peine ses
yeux. Il se vit trahi ; il ne douta pas de son malheur
et du crime de Zaïre. Avoir comblé un étranger,
un captif de bienfaits ; avoir donné son cœur , sa
Théâtre. Tom. C
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cœur à' Orofmane. L’orgueil les empêcha de paraître,
et l’amour les adoucit. Il prit la fuite de Zaïre pour
un caprice, pour un artifice innocent, pour la crainte
naturelle à une jeune fille, pour toute autre chose
enfin que pour une trahison. Il vit encore Zaïre , lui
pardonna et l’aima plus que jamais. L’amour de Zaïre
augmentait par la téndresse indulgente de Ion amant.
Elle se jette en larmes à ses genoux , le supplie de
différer le mariage jusqu’au lendemain. Elle comptait
que son frère serait alors parti , quelle aurait reçu le
baptême , que Dieu lui donnerait la force de résister :
elle se flattait même quelquefois que la religion
chrétienne lui permettrait d’aimer un homme si
tendre, si généreux, si vertueux, à qui il ne manquait
que d’être chrétien. Frappée de toutes ces idées ,
elle parlait à Orofmane avec une tendresse si naïve et
une douleur si vraie , qu’ Orofmane céda encore , et
lui accorda le sacrifice de vivre sans elle ce jour-là.
11 était sùr d’être aimé ; il était heureux dans cette
idée ; et sermait les yeux sur le reste.
Cependant , dans les premiers mouvemens de
jalousie , il avait ordonné que lé sérail fût fermé à
tous les chrétiens. Nérefan, trouvant le sérail fermé ,
et n’en soupçonnant pas la cause , écrivit une lettre
presfante à Zaïre : il lui mandait d’ouvrir une porte
secrète qui conduisait vers la Mosquée, et lui recom-
mandait d’être fidelle.
La lettre tomba entre les mains d’un garde qui
la porta à Orofmane. Le soudan en crut à peine ses
yeux. Il se vit trahi ; il ne douta pas de son malheur
et du crime de Zaïre. Avoir comblé un étranger,
un captif de bienfaits ; avoir donné son cœur , sa
Théâtre. Tom. C