ACTE SECOND. 333
CESAR.
Brutus, si ma colère en voulait à tes jours,
Je n’aurais qu’à parler, j’aurais fini leur cours.
Tu l’as trop mérité. Ta fière ingratitude
Se fait de m’offenser une farouche étude.
Je te retrouve encore avec ceux des Romains
Dont j’ai plus soupçonné les perfides desseins ;
Avec ceux qui tantôt ont osé me déplaire,
Ont blâmé ma conduite,'ont bravé ma colère.
BRUTUS.
Ils parlaient en Romains, César; et leurs avis,
Si les_ dieux t’inspiraient, seraient encor suivis.
CESAR.
Je souffre ton audace, et consens à t’entendre:
De mon rang avec toi je me plais à descendre.
Que me reproches-tu ?
BRUTUS.
Le monde ravagé,
Le sang des nations, ton pays saccagé :
Ton pouvoir, tes vertus, qui font tes injustices,
Qui de tes attentats sont en toi les complices ;
Ta funeste bonté, qui fait aimer tes fers,
Et qui n’est qu’un appas pour tromper l’univers.
CESAR.
Ah ! c’est ce qu’il fallait reprocher à Pompée.
Par sa feinte vertu la tienne fut trompée.
Ce citoyen superbe, à Rome plus fatal,
N’a pas même voulu César pour son égal.
Crois-tu, s’il m’eût vaincu, que cette ame hautaine
Eût laissé respirer la liberté romaine?
CESAR.
Brutus, si ma colère en voulait à tes jours,
Je n’aurais qu’à parler, j’aurais fini leur cours.
Tu l’as trop mérité. Ta fière ingratitude
Se fait de m’offenser une farouche étude.
Je te retrouve encore avec ceux des Romains
Dont j’ai plus soupçonné les perfides desseins ;
Avec ceux qui tantôt ont osé me déplaire,
Ont blâmé ma conduite,'ont bravé ma colère.
BRUTUS.
Ils parlaient en Romains, César; et leurs avis,
Si les_ dieux t’inspiraient, seraient encor suivis.
CESAR.
Je souffre ton audace, et consens à t’entendre:
De mon rang avec toi je me plais à descendre.
Que me reproches-tu ?
BRUTUS.
Le monde ravagé,
Le sang des nations, ton pays saccagé :
Ton pouvoir, tes vertus, qui font tes injustices,
Qui de tes attentats sont en toi les complices ;
Ta funeste bonté, qui fait aimer tes fers,
Et qui n’est qu’un appas pour tromper l’univers.
CESAR.
Ah ! c’est ce qu’il fallait reprocher à Pompée.
Par sa feinte vertu la tienne fut trompée.
Ce citoyen superbe, à Rome plus fatal,
N’a pas même voulu César pour son égal.
Crois-tu, s’il m’eût vaincu, que cette ame hautaine
Eût laissé respirer la liberté romaine?