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ACTE PREMIER. Ig
Tel est l’aveuglement dont la Grèce est srappée :
Elle est encore barbare, (3) et de son sang trempée;
A des dieux destructeurs elle offre ses enfans :
Ses fables sont nos lois, ses dieux sont nos tyrans.
Thèbes, Mycène , Argos, vivront dans la mémoire ;
D’illustres attentats ont fait toute leur gloire.
La Grèce a des héros, mais injustes, cruels,
Insolens dans le crime, et tremblans aux autels.
Ce mélange odieux m’inspire trop de haine.
Je chéris la valeur, mais je la veux humaine.
Ce sceptre est un fardeau trop pesant pour mon bras ,
S'il le faut soutenir par des assassinats.
Je suis né trop sensible ; et mon ame attendrie
Se soulève aux dangers de la jeune Astérie.
J’admire son courage , et je plains sa beauté.
Ami, je crains les dieux ; mais dans ma piété
Je croirais outrager leur suprême justice , >
Si je pouvais offrir un pareil sacrifice.
D I C T I M E.
On dit que de Cydon les belliqueux enfans
Du fond de leurs forêts viendront dans peu de temps
Racheter leurs captiss , et surtout cette fille
Que le sort des combats arrache à sa famille.
On peut traiter encore ; et peut-être qu’un jour,
De la paix parmi nous le sortuné retour
Adoucirait nos mœurs, à mes yeux plus atroces
Oue ces siers ennemis qu’on nous peint si féroces.
Nos Grecs sont bien trompés; je les crois glorieux
De cultiver les arts , et d’inventer des dieux.
Cruellement séduits par leur propre imposture ,
Ils ont trouvé des arts , et perdu la nature.
ACTE PREMIER. Ig
Tel est l’aveuglement dont la Grèce est srappée :
Elle est encore barbare, (3) et de son sang trempée;
A des dieux destructeurs elle offre ses enfans :
Ses fables sont nos lois, ses dieux sont nos tyrans.
Thèbes, Mycène , Argos, vivront dans la mémoire ;
D’illustres attentats ont fait toute leur gloire.
La Grèce a des héros, mais injustes, cruels,
Insolens dans le crime, et tremblans aux autels.
Ce mélange odieux m’inspire trop de haine.
Je chéris la valeur, mais je la veux humaine.
Ce sceptre est un fardeau trop pesant pour mon bras ,
S'il le faut soutenir par des assassinats.
Je suis né trop sensible ; et mon ame attendrie
Se soulève aux dangers de la jeune Astérie.
J’admire son courage , et je plains sa beauté.
Ami, je crains les dieux ; mais dans ma piété
Je croirais outrager leur suprême justice , >
Si je pouvais offrir un pareil sacrifice.
D I C T I M E.
On dit que de Cydon les belliqueux enfans
Du fond de leurs forêts viendront dans peu de temps
Racheter leurs captiss , et surtout cette fille
Que le sort des combats arrache à sa famille.
On peut traiter encore ; et peut-être qu’un jour,
De la paix parmi nous le sortuné retour
Adoucirait nos mœurs, à mes yeux plus atroces
Oue ces siers ennemis qu’on nous peint si féroces.
Nos Grecs sont bien trompés; je les crois glorieux
De cultiver les arts , et d’inventer des dieux.
Cruellement séduits par leur propre imposture ,
Ils ont trouvé des arts , et perdu la nature.