A HENRI IV.
203
De l’empire français n’est point la protectrice.
C’est toi, c’est ta valeur, ta bonté, ta justice
Qui préside à l’Etat raffermi par tes mains :
Ce n’est qu’en t’imitant qu’on a des jours prospères ,
C’est l’encens qu’on te doit: les Grecs et les Romains
Invoquaient des héros, et non pas des bergères.
O si de mes déserts , où j’achève mes jours,
Je m’étais fait entendre au fond du sombre empire !
Si comme au temps d’Orphée, un enfant de la lyre,
De l’ordre des destins interrompait le cours !
Si ma voix mais tout cède à leur arrêt suprême ;
Ni nos chants, ni nos cris, ni l’art et ses secours,
Les offrandes, les vœux, les autels, ni toi-même,
Rien ne suspend la mort. Ce monde illimité
Est l’esclave éternel de la fatalité.
A d’immuables lois dieu sournit la nature.
Sur ces monts entasses , séjour de la froidure ,
Au creux de ces rochers, dans ces gouffres affreux,
Je vois des animaux maigres, pâles, hideux,
Demi-nus, affamés, courbés sous l’infortune:
Ils sont hommes pourtant ; notre mère commune
A daigné prodiguer des soins aussr puissans
A pétrir de ses mains leur substance mortelle,
Et le gressier instinct qui dirige leurs sens ,
Qu’à former les vainqueurs de Pharsale et d’ArbelIe.
Au livre des destins tous leurs jours sont comptés ;
Les tiens l’étaient aussi, Ces dures vérités
Epouvantent le lâche, et consolent le sage.
Tout est égal au monde; un mourant n’a point d’âge\
Le dauphin le disait au sein de la grandeur,
Au printemps de sa vie,, au comble du bonheur;
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De l’empire français n’est point la protectrice.
C’est toi, c’est ta valeur, ta bonté, ta justice
Qui préside à l’Etat raffermi par tes mains :
Ce n’est qu’en t’imitant qu’on a des jours prospères ,
C’est l’encens qu’on te doit: les Grecs et les Romains
Invoquaient des héros, et non pas des bergères.
O si de mes déserts , où j’achève mes jours,
Je m’étais fait entendre au fond du sombre empire !
Si comme au temps d’Orphée, un enfant de la lyre,
De l’ordre des destins interrompait le cours !
Si ma voix mais tout cède à leur arrêt suprême ;
Ni nos chants, ni nos cris, ni l’art et ses secours,
Les offrandes, les vœux, les autels, ni toi-même,
Rien ne suspend la mort. Ce monde illimité
Est l’esclave éternel de la fatalité.
A d’immuables lois dieu sournit la nature.
Sur ces monts entasses , séjour de la froidure ,
Au creux de ces rochers, dans ces gouffres affreux,
Je vois des animaux maigres, pâles, hideux,
Demi-nus, affamés, courbés sous l’infortune:
Ils sont hommes pourtant ; notre mère commune
A daigné prodiguer des soins aussr puissans
A pétrir de ses mains leur substance mortelle,
Et le gressier instinct qui dirige leurs sens ,
Qu’à former les vainqueurs de Pharsale et d’ArbelIe.
Au livre des destins tous leurs jours sont comptés ;
Les tiens l’étaient aussi, Ces dures vérités
Epouvantent le lâche, et consolent le sage.
Tout est égal au monde; un mourant n’a point d’âge\
Le dauphin le disait au sein de la grandeur,
Au printemps de sa vie,, au comble du bonheur;