DE PIC DE LA MIRANDOLE. 559
jamais abruti les hommes , et du plus mauvais des
gouvernera en s. Mais vous savez qu’il n’y a pas
long-temps que noussommes sortis de ces ténèbres,
et que tout n’est pas encore éclairé.
CHAPITRE C I X.
De Pic de la Mirandole.
Si l’aventure de Savonarole fait voir quel était
encore le fanatisme, les thèses du jeune prince de la
Mirandole nous montrent en quel état étaient les
sciences. C’est à Florence et à Rome, chez les peuples
alors les plus ingénieux de la terre , que se passent
ces deux scènes différentes. Il est aisé d’en conclure
quelles ténèbres étaient répandues ailleurs, et avec
quelle lenteur la raison humaine se forme,
C’est toujours une preuve de la supériorité des
Italiens dans ces temps-là que Jean - François Pic de
la Mirandole 9 prince souverain , ait été dès sa plus
tendre jeunesse un prodige d'étude et de mémoire :
il eût été dans notre temps un prodige de véritable
érudition. Le goût des sciences fut si fort en lui,
qu’à la fin il renonça à sa principauté, et se retira à
Florence, où il mourut le même jour que Charles VIII 1494.
fit son entrée dans cette ville. On dit qu’à l’âge
de dix-huit ans il savait vingt-deux langues. Cela
n’est certainement pas dans le cours ordinaire de la
nature. Il n’y a point de langue qui ne demande
environ une année pour la bien savoir. Quiconque
dans une si grandç jeunesse en sait vingt-deux peut
jamais abruti les hommes , et du plus mauvais des
gouvernera en s. Mais vous savez qu’il n’y a pas
long-temps que noussommes sortis de ces ténèbres,
et que tout n’est pas encore éclairé.
CHAPITRE C I X.
De Pic de la Mirandole.
Si l’aventure de Savonarole fait voir quel était
encore le fanatisme, les thèses du jeune prince de la
Mirandole nous montrent en quel état étaient les
sciences. C’est à Florence et à Rome, chez les peuples
alors les plus ingénieux de la terre , que se passent
ces deux scènes différentes. Il est aisé d’en conclure
quelles ténèbres étaient répandues ailleurs, et avec
quelle lenteur la raison humaine se forme,
C’est toujours une preuve de la supériorité des
Italiens dans ces temps-là que Jean - François Pic de
la Mirandole 9 prince souverain , ait été dès sa plus
tendre jeunesse un prodige d'étude et de mémoire :
il eût été dans notre temps un prodige de véritable
érudition. Le goût des sciences fut si fort en lui,
qu’à la fin il renonça à sa principauté, et se retira à
Florence, où il mourut le même jour que Charles VIII 1494.
fit son entrée dans cette ville. On dit qu’à l’âge
de dix-huit ans il savait vingt-deux langues. Cela
n’est certainement pas dans le cours ordinaire de la
nature. Il n’y a point de langue qui ne demande
environ une année pour la bien savoir. Quiconque
dans une si grandç jeunesse en sait vingt-deux peut