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Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Dix-Huitieme = Essai Sur Les Moeurs Et L'Esprit Des Nations, Tome III): Essai Sur Les Moeurs Et L'Esprit Des Nations — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen, Avec des caractères de G. Haas, 1785 [VD18 90794095]

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https://doi.org/10.11588/diglit.49765#0516
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5°6 MASSACRE
que l’action était horrible. Une seule chose aurait pu
donner quelque soupçon ; c’est qu’un jour que le
roi s’amusant à chalser des lapins dans un clapier;
. Faites-les moi tous fortir, dit-il, afin que j aie le plaifir de
les tuer tous. Aussî un gentilhomme du parti de Coligni
quitta Paris et lui dit, Vn prenant congé de lui:
Je m'en suis, parce qu'on nous fait trop de carefes.
^572. L’Europe ne sait que trop comment Charles IX
maria saseeur à Henri de Navarre , pour le faire donner
dans le piège ; par quels sermens il le rassura , et avec
quelle rage s’exécutèrent enfin ces massacres pro-
jetés pendant deux années. Le père Daniel dit que
Charles IXjoua bien la comédie , qu'il fit parfaitementfon
perfonnage. Je ne répéterai point ce que tout le monde
sait de cette tragédie abominable : une moitié de la
nation égorgeant l’autre, le poignard et le crucifix
en main ; le roi lui-même tirant d’une arquebuse
sur les malheureux qui fuyaient. Je remarquerai seu-
lement quelques particularités ; la première , c’est que
si on en croit le duc de Sulli, 1 historien Matthieu
et tant d’autres, Henri IV leur avait souvent raconté
que jouant aux dés avec le duc d'Alençon et le duc
de Guife, quelques jours avant la Sf Barthelemi, ils
virent deux fois des taches de sang sur les dés, et
qu’ils abandonnèrent le jeu saisis d’épouvante. Le
jésuite Daniel, qui a recueilli ce fait, devait favoir
assez de physique , pour ne pas ignorer que les points
noirs , quand ils font un angle donné avec les rayons
dusoleil, paraissent rouges : c’est ce que tout homme
peut éprouver en hsant ; et voilà à quoise réduisent
tous les prodiges. Il n'y eut certes dans,toute cette
action d’autre prodige que cette fureur religieuse, qui
 
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