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Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Dix-Neuvieme = Essai Sur Les Moeurs Et L'Esprit Des Nations, Tome IV): Essai Sur Les Moeurs Et L'Esprit Des Nations — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen, Avec des caractères de G. Haas, 1785 [VD18 90794109]

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https://doi.org/10.11588/diglit.49766#0354
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344

DU JAPON.

et d’une infinité de peuplades dans le nouveau

monde. Je remarquerai seulement qu’avant le sei-
zième siècle plus de la moitié du globe ignorait

l’usage du pain et du vin ; une grande partie de
l’Amérique et de l’Afrique orientale l’ignore encore ,
et il faut y porter ces nourritures pour y célébrer
les mystères de notre religion.
Les anthropophages sont beaucoup plus rares
qu’on ne le dit, et depuis cinquante ans aucun de
nos voyageurs n’en a vu. (74) Il y a beaucoup
d’espèces d’hommes manifestement différentes les
unes des autres. Plusieurs nations vivent encore

dans l’état de la pure nature ; et tandis que nous
fesons le tour du monde , pour découvrir si leurs
terres n’ont rien qui puisse assouvir notre cupidité,
ces peuples ne s’informent pas s’il existe d’autres
hommes qu’eux , et passent leurs jours dans une heu-
reuse indolence, qui serait un malheur pour nous.
Il reste beaucoup à découvrir pour notre vaine
curiosité ; mais si l’on s’en tient à l'utile , on n’a
que trop découvert.

(14) Depuis le temps où M. de Voltaire a écrit cette histoire , les
voyageurs ont trouvé des anthropophages dans plusieurs îles de la mer
du Sud. Il paraît résulter de leurs observations que cet usage s’abolit
peu à peu chez ces peuples , à mesure que le temps amène quelques
progrès dans leur civilifation. Les peuples qui mangent quelques-uns de
leurs ennemis dans une cspèce de fête barbare sont encore en assez grand
nombre ; mais il est très-rare d'en trouver qui tuent leurs ennemis pour
les manger Ce sont deux degrés de barbarie bien distincts , dont le
premier a précédé l’autre qui paraît n’étre qu’un relie de l’ancien usage.
Au reste on n’a trouvé chez aucun de ces peuples l’usage de faire brûler
vivans les hommes qui ne sont pas de l’avis des autres , ni celui de
saire mourir les prisonniers dans les supplices ; ces coutumes paraislènt
appartenir exclusivement aux théologiens d’Europe et aux sauvages de
l'Amérique feptentrionale.
 
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