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Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Vingt-Unieme = Siecle De Louis XIV., Tome II): Siecle De Louis XIV. — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen, Avec des caractères de G. Haas, 1785 [VD18 90794257]

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https://doi.org/10.11588/diglit.49768#0205
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B A T I M E N S.

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projets de son maître. 11 fallut d’abord travailler à
achever le louvre. François Manfard, l’un des plus
grands architectes qu’ait eu la France , fut choisi
pour construire les vastes édifices qu’on projetait,
Il ne voulut pas s’en charger, sans avoir la liberté
de resaire ce qui paraîtrait désectueux dans l’exécu-
tion. Cette défiance de lui-même, qui eût entraîné
trop de dépenses , le fit exclure. On appela de
Rome le cavalier Bcrnini, dont le nom était célèbre Munificence
par la colonnade qui entoure le parvis de S1 Pierre, jX?”
par la statue équestre de Conftantin , et par la fontaine
Navonne. Des équipages lui surent fournis pour
son voyage. Il fut conduit à Paris en homme qui
venait honorer la France. Il reçut, outre cinq louis
par jour pendant huit mois qu’il y resta, un pré-
sent de cinquante mille écus, avec une pension de
deux mille , et une de cinq cents pour son fils.
Cette générosité de Louis XIF envers le Bernin fut
encore plus grande que la magnificence de François I
bâtir des théâtres, lorsqu’on manque de fontaines, élever des palais,
lorsqu’on n’a point de fonds pour creuier des canaux nécessaires à l’abon-
dance publique , ce n’est point protéger les arts , c’est sacrifier un peuple
entier à la vanité d’un seul homme.
Ofsrir un asile à ceux qui ont versé leur sang pour la patrie , élever,
aux dépens du public, les enfans de ceux qui ont servi leur pays, c’est
remplir un devoir de reconnaisiance , c’est acquitter une dette sactée pour
la nation même : qui pourrait blâmer de tels établissemens ? .Mais si l’on
y déploie une magnificence inutile , si l’on emploie à secourir cent familles
■ce qui en eût soulagé deux cents , 11 ce qu'on sacrifie pour la vanité
excède ce qu’on a dépensé en bienfesance , alors ces mêmes établisfe-
mens méritent une juste critique. C’est sur-tout en ce point que l’amour
de la justice l'emporte sur l’amour de la gloire. L'un et l’autre inspirent
également le bien : mais l’amour de la justice apprend seul à le bien
faire. Ainsi M. de Voltaire et l’abbé de Saint-Pierre avaient tous deux
r si son ; et on ne peut leur reprocher que d’avoir exagéré leurs opinions.
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