ARTS, BEAUX-ARTS. 61
supposons encore plus , que nous n’avons que depuis
dix ans du pain , des plumes , de l’encre et du papier ;
le pays qui a pu subsister dix ans sans manger de
pain et sans écrire ses pensées, aurait pu patser un
îiècle , et cent mille siècles sans ces secours.
Il est très clair que l’homme et les autres animaux
peuvent très-bien subsister sans boulangers , sans
romanciers et sans théologiens, témoin toute l’Amé-
rique , témoin les trois quarts de notre continent.
La nouveauté des arts parmi nous ne prouve donc
point la nouveauté du globe , comme le prétendait
Epicure l’un de nos prédécesseurs en rêveries , qui
supposaitque par hasard les atomes éternels en décli-
nant avaient formé un jour notre terre. Pomponacc
disait : Se il mondo non è eterno , per tutti santi è molto
vecchio.
Des petits inconvéniens attachés aux arts.
Ceux qui manient le plomb et le mercure sont
sujets à des coliques dangereuses, et à des tremblemens
de nerfs très-fâcheux. Ceux qui se servent de plumes
et d’encre , sont attaqués d’une vermine qu’il faut
continuellement secouer : cette vermine est celle de
quelques ex-jésuites qui font des libelles. Vous ne
connaîtrez pas , Sire, cette race d’animaux; elle est
châtiée de vos Etats, aufîi-bien que de ceux de l’im-
pératrice de Rustie, du roi de Suède, et du roi de
Danemarck mes autres protecteurs. L’ex-jésuite
Paulian, et l’ex-jésuite Nonotte, qui cultivent, comme
nroi.les beaux-arts,ne ceisent de mepersécuterjusqu’au
mont Crapak ; ils m’accablent sous le poids de leur
crédit, et sous celui de leur génie , qui est encore plus
pesant. Si votre majesté ne daigne pas mesecourir
contre ces grands-hommes, je suis anéanti.
supposons encore plus , que nous n’avons que depuis
dix ans du pain , des plumes , de l’encre et du papier ;
le pays qui a pu subsister dix ans sans manger de
pain et sans écrire ses pensées, aurait pu patser un
îiècle , et cent mille siècles sans ces secours.
Il est très clair que l’homme et les autres animaux
peuvent très-bien subsister sans boulangers , sans
romanciers et sans théologiens, témoin toute l’Amé-
rique , témoin les trois quarts de notre continent.
La nouveauté des arts parmi nous ne prouve donc
point la nouveauté du globe , comme le prétendait
Epicure l’un de nos prédécesseurs en rêveries , qui
supposaitque par hasard les atomes éternels en décli-
nant avaient formé un jour notre terre. Pomponacc
disait : Se il mondo non è eterno , per tutti santi è molto
vecchio.
Des petits inconvéniens attachés aux arts.
Ceux qui manient le plomb et le mercure sont
sujets à des coliques dangereuses, et à des tremblemens
de nerfs très-fâcheux. Ceux qui se servent de plumes
et d’encre , sont attaqués d’une vermine qu’il faut
continuellement secouer : cette vermine est celle de
quelques ex-jésuites qui font des libelles. Vous ne
connaîtrez pas , Sire, cette race d’animaux; elle est
châtiée de vos Etats, aufîi-bien que de ceux de l’im-
pératrice de Rustie, du roi de Suède, et du roi de
Danemarck mes autres protecteurs. L’ex-jésuite
Paulian, et l’ex-jésuite Nonotte, qui cultivent, comme
nroi.les beaux-arts,ne ceisent de mepersécuterjusqu’au
mont Crapak ; ils m’accablent sous le poids de leur
crédit, et sous celui de leur génie , qui est encore plus
pesant. Si votre majesté ne daigne pas mesecourir
contre ces grands-hommes, je suis anéanti.