Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Oth.]; Haas, Wilhelm [Oth.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Trente-Neuvieme = Dictionn. Philosoph., Tome III): Dictionnaire Philosophique — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen. Avec des caractères de G. Haas, 1786 [VD18 90793358]

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.49785#0181
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
CRIMES.

V3

d’avoir caché sa fille; elle la redemande ; elle l’accuse
de l’avoir prostituée. Quelques semaines après, des
pêcheurs trouvent dans le Rhône à Condrieux une
fille noyée et toute en pourriture. La femme dont
nous avons parlé croit que c’est sa fille. Elle est per-
suadée parles ennemis de sa voisine qu’on a déshonoré
sa fille chez cette voisine même, qu’on l’a étranglée ,
qu’on l’a jetée dans le Rhône. Elle le dit; elle le
crie; la'populace le répète. 11 se trouve bientôt des
gens qui savent parfaitement les moindres détails de
ce crime. Toute la ville est en rumeur; toutes les
bouches crient vengeance. 11 n’y a rien jusque-là
que d’alsez commun dans une populace sans juge-
ment: mais voici le rare, le prodigieux. Le propre
fils de cette voisine, un enfant de cinq ans et demi
accuse sa mère d’avoir fait violer sous ses yeux cette
malheureuse fille retrouvée dans le Rhône , de l’avoir
fait tenir par cinq hommes pendant que le sixième
jouissait d’elle. Il a entendu les paroles que prononçait
la violée ; il peint ses attitudes ; il a vu sa mère et ces
scélérats étrangler cette infortunée immédiatement
après laconsommation. Il avu sa mèreetles assaslms
la jeter dans un puits , l’en retirer , l’envelopper
dans un drap j il a vu ces monstres la porter en
triomphe dans les places publiques , danser autour
du cadavre et le jeter enfin dans le Rhône. Les juges
sont obligés de mettre aux fers tous les prétendus
complices; des témoinsdéposentcontr’eux. L’enfant
est d’abord entendu, et il soutient avec la naïveté de
son âge tout ce qu’il a dit d’eux et de sa mère. Com-
ment imaginer que cet enfant n’ait pas dit la pure
vérité? Le crime n’est pas vraisemblable ; mais il l’est
 
Annotationen