REMARQUE
DU COMMENTATEUR,
Sur un passage concernant Héraclius.
Louis racine, fils de l’admirable Jean Racine, a fait
un traite de la poésie dramatique, avec des remarques
sur les tragédies de son illustre père. Voici comme il
s’explique sur l’Héraclius de Corneille, page 573:
„ On croirait devoir trouver quelque ressemblance
55 entre Héraclius et Athalie , parce qu’il s’agit dans ces
„ pièces de remettre sur un trône usurpé un prince à
„ qui ce trône appartient, et ce prince a été sauve du
„ carnage dans son enfance. Ces deux pièces n’ont
„ cependant aucune ressemblance entre elles , non-seu-
„ lement parce qu’il est bien différent de vouloir remettre
„ sur le trône un prince en âge d’agir par lui-même, ou
„ un enfant de huit ans ; mais parce que Corneille a
,, conduit son action d’une manière si singulière et si
„ compliquée, que ceux qui l’ont lue plusieurs sois, et
„ même l’ont vu représenter, ont encore de la peine à
„ l’entendre, et qu’on se lasse à la fin
„ D’un divertissement qui fait une fatigue.
3j Dans Héraclius , sujet et incidens, tout est de l’inven-
„ tion du génie sécond de Corne-lie, qui, pour jeter de
„ grands intérêts, a multiplié des incidens peu vraisem-
„ blables. Croira-t-on une mère capable de livrer son
„ propre fils à la mort, pour élever sous ce nom le fils
,5 de l’empereur mort ? Est-il vraisemblable que deux
35 princes, se croyant toujours tous deux ce qu’ils ne sont
33 pas, parce qu’ils ont été changés en nourrice , s’aiment
DU COMMENTATEUR,
Sur un passage concernant Héraclius.
Louis racine, fils de l’admirable Jean Racine, a fait
un traite de la poésie dramatique, avec des remarques
sur les tragédies de son illustre père. Voici comme il
s’explique sur l’Héraclius de Corneille, page 573:
„ On croirait devoir trouver quelque ressemblance
55 entre Héraclius et Athalie , parce qu’il s’agit dans ces
„ pièces de remettre sur un trône usurpé un prince à
„ qui ce trône appartient, et ce prince a été sauve du
„ carnage dans son enfance. Ces deux pièces n’ont
„ cependant aucune ressemblance entre elles , non-seu-
„ lement parce qu’il est bien différent de vouloir remettre
„ sur le trône un prince en âge d’agir par lui-même, ou
„ un enfant de huit ans ; mais parce que Corneille a
,, conduit son action d’une manière si singulière et si
„ compliquée, que ceux qui l’ont lue plusieurs sois, et
„ même l’ont vu représenter, ont encore de la peine à
„ l’entendre, et qu’on se lasse à la fin
„ D’un divertissement qui fait une fatigue.
3j Dans Héraclius , sujet et incidens, tout est de l’inven-
„ tion du génie sécond de Corne-lie, qui, pour jeter de
„ grands intérêts, a multiplié des incidens peu vraisem-
„ blables. Croira-t-on une mère capable de livrer son
„ propre fils à la mort, pour élever sous ce nom le fils
,5 de l’empereur mort ? Est-il vraisemblable que deux
35 princes, se croyant toujours tous deux ce qu’ils ne sont
33 pas, parce qu’ils ont été changés en nourrice , s’aiment