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LA PEINTURE D’AUTELS ET DE RETABLES EN POLOGNE

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Le maître de Y Enfance du Christ est un artiste original, bien qu’attaché à certaines tra-
ditions. Fidèle aux tendances lyriques et narratives qui dominent l’art de Cracovie, notre
peintre n’est cependant pas étranger aux mots d’ordre nouveaux, mais son réalisme ne dépasse
pas un certain souci de représentation des menus détails et les valeurs décoratives l’emportent
encore. La seule exception est constituée par les scènes de Y Annonciation et de la Nativité,
toutes deux imprégnées de la chaude atmosphère bourgeoise des tableaux néerlandais et abon-
dant en détails réalistes. Les progrès les plus évidents depuis le retable de la Trinité existent
surtout dans le domaine des proportions. Des personnages sveltes, aux gestes doux et aux
visages souriants, habillés de vert et de rouge, se meuvent avec aisance sur des tapis de ver-
dure et de fleurs, devant des fonds d’architecture.
L’artiste fait quelquefois entrer dans sa composition de petites scènes en miniature qui
se rattachent à l’action. Ainsi, dans le Massacre des Innocents, on voit au fond une Fuite en
Egypte; dans Y Annonciation faite à Anne, on voit une petite Annonciation à Joachim. Ce
parallélisme rappelle les solutions adoptées par le graveur Israël de Meckenem. D’autre part,
certains traits indiquent que notre peintre n’ignore pas les audaces du retable de Guy Stoss.
La composition des paysages a même pu faire croire à une participation de l’auteur du polyp-
tyque dans la polychromie du retable de Notre-Dame1. Mais la passion de Stoss, domptant
avec violence la matière et attaché au mouvement pour le mouvement, est restée complète-
ment étrangère à l’imagination de notre peintre.
Si, chez l’auteur du cycle de l’enfance du Christ, les influences des Pays-Bas se révèlent
par des emprunts de détails : atours, accessoires, intérieurs, elles ont inspiré au maître de la
Passion un sens dramatique de la composition : la version de la Pietà, en particulier, révèle
des liens avec les conceptions de Dirk Bouts et de Roger van der Weyden2. Il est seulement
difficile de juger s’il s’agit d’une étude directe ou seulement indirecte à travers la gravure3.
Ce qui nous paraît important, c’est l’influence que cette œuvre a exercée hors de Cra-
covie. Le grand retable de la cathédrale de Koszyce, une des grandes villes de la Slovaquie
actuelle, en témoigne. Il se compose de deux cycles et il est l’œuvre de plusieurs mains. Le
personnage capital, l’auteur du cycle de sainte Élisabeth, travaillait entre 1474 et 1477 ; à
côté de lui, il faut mentionner l’auteur du cycle de la Passion et, enfin, un troisième peintre,
auteur de deux tableaux de la Passion exécutés vers 1480-1490. Genthon relève l’influence
de Herlin et, plus généralement, de l’école de Souabe (Ulm et Nôrdlingen), sur le maître du
cycle de sainte Élisabeth et celle de Jean Polak sur celui du cycle de la Passion4. Il montre,
de plus, que le retable de Koszyce a exercé une grande influence sur le retable de sainte Éli-
sabeth de Bardiow, sur celui de la Crucifixion également de Bardiow et sur le retable princi-
pal de Preszow.
Or, le retable de Preszow a été exécuté, dans les années 1490-1506, par le peintre Pierre,

1. T. Szydlowski, Ze studjôw nad Stwoszem i sztuka
jego czasôw. Rocznik Krakowski, 1935, 20.
2. Cf. le tableau de Dirk Bouts au Louvre. — W. Bur-
ger, Die Malerei in den Niederlanden. Munich, 1925,
pl. 55; K. Guttmanôwna, Wplywy niderlandzkie na
sredniowieczne malarstwo... Cracovie, 1933, 15.

3. Cf. la Pietà d’Israël von Meckenem. A. Warburg,
Israhel c. Meckenem.. Bonn, 1930.
4. J. Genthon, A régi Magyar Festomüveszet. Buda-
pest, 1932, 82. — Genthon parle d’une ressemblance si
frappante qu’elle permettrait de supposer un atelier
commun.
 
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