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LA PEINTURE D’AUTELS ET DE RETABLES EN POLOGNE
du xve siècle, on y voit de plus en plus souvent les maîtres et les membres des corporations
polonaises. Ainsi, en 1503, on a nommé maître à Olomouc Stanislas Goray, qui était, à ce qu’il
paraît, un des personnages les plus remarquables du milieu artistique polonais d’alors. En
1525, François le Polonais étudie à Prague, chez le maître Vaclav Hassik ; dans la seconde
décade du xvie siècle, on y trouve un apprenti, Jean Polak ; le même maître emploie, en 1524
et 1526, Macko de Cracovie ; maître André fait un contrat de travail, en 1522, avec Nicolas le
Polonais. A côté de Goray, un personnage important est Luc le Polonais, qui était peut-être
Luc Pirowski, admis en 1525 comme maître et dont on suit les traces en 1526 et en 1527. Les
archives nous confirment non seulement l’expansion polonaise en Bohême, mais aussi le fait
que les Polonais cherchaient dans ce pays des enseignements1. Les relations avec la Slovaquie
et le Spisz étaient favorables à la Pologne. Notons, après Divald et Hoffman, la commande,
en 1460, d’un des retables de Bardyow au sculpteur Jacques de Sacz2. Il semble, d’ailleurs,
que le retable de Sacz ait pu être non seulement sculpté, mais aussi peint, car un Jacques de
Sacz est connu comme peintre par une commande de Dlugosz en 14603 4 et il existe encore dans
l’église Saint-André de Bardyow un triptyque que Genthon avait daté de 1450-1455, par ana-
logie avec l’art d’Augsbourg1. La demande d’ouvriers d’art polonais devait être assez consi-
dérable, à en croire certains faits comme l’exécution des stalles de l’église Saint-Jacques de
Kutna Hora, par Jurek d’Olkusz, en 14845. Ce n’est pas la seule mention de ce genre qui nous
soit parvenue, en particulier en ce qui concerne les territoires de la Slovaquie du Nord et le
Spisz. Ainsi, nous retrouvons à Koszyce des noms de peintres polonais, parmi lesquels celui
de Nicolas de Bochnia et de Laurent Wlodarz de Cracovie6, travaillant à Presov, près de Ko-
szyce. La participation de Wlodarz à l’exécution du grand retable de la cathédrale de Koszyce
est probable. Les documents ne la contredisent pas. Les travaux remontent aux années 1474-
1477. Il est vrai que Wlodarz ne reçoit le droit de cité à Koszyce qu’en 15127, mais les registres
municipaux en parlent déjà en 1504 ; de plus, en 1495 et en 1498, nous ne le voyons qu’à deux
reprises à Cracovie, et il est déjà conseiller et collaborateur de Pierre, le peintre qui travail-
lait au retable de Presov en 1490-1506 ; d’après Ivanyi, il joue à côté de son collègue le rôle de
1. K. Chytil, Malirstwo prazske XV a XVI w. Prague,
1906, passim. — Notons qu’une des premières mentions
sur le séjour des artistes polonais en Bohême est celle
relative à Pierre Beuchil, de Cracovie, qui, en 1393, a
enluminé un des manuscrits de la chronique Aulae re-
giae de Pierre de Zytawa. — Cf. la communication de
M. Sokolowski dans les Spraw. Kom. Hist. Sztuki,
VII, 223.
2. K. Divald, Szepesvarmegye Müveszeti Emlekei. Bu-
dapest, 1905. — J. Hoffman, Stare Umeni na Slovensku.
Prague, 1930, 42. — Il n’était peut-être qu’un menui-
sier?
3. Dlugosz l’a chargé de copier un tissu français repré-
sentant Jérusalem. — Cf. la communication de M. Soko-
lowski, Prace Kom. Ilist. Sztuki, VI, 93.
4. J. Genthon, A régi Magyar Festômüveszet. Buda¬
pest, 1931, pl. 27. — E. Buchner, Die Augsburger Ta-
felmalerei der Spàtgotik. Beitrâge zur Geschichte der
deutschen Kunst, IL Augsburg, 1928, 5, pl. 4. — L’ar-
gumentation de Genthon suggère certaines restrictions :
le style du retable de Bardyow a des rapports avec le
milieu de la Petite-Pologne.
5. K. Chytil, Ceske malirstvi prvnich desitileti XVI st.
Prague, 1931.
6. J. Genthon, A régi Magyar Festômüveszet. Buda-
pest, 1931, 37. D’après les études de J. Michalik. —
L. Kemény, A Kassai : szt. Erzsébet egyhaz tôrténete.
Arch. Ertes, 1897. — lu., A Kassai Képirô cèh. Arch.
Ertes, 1902. — J. Ptasnik, Cracovia Artificium. Craco-
vie, 1917, 375 (1495), 897 (1498). — B. Ivanyi, Eperjes
Kôzepkôri festoi. Muz. és. Kônyvtaro Ertesito, 1917.
7. « Laurentius Wlodarsch eyn moler vom Crocka hat
erlaugt purger recht am montag vor Margarete. » Je dois
cette information au dr. W. Wagner de Bratislava.
LA PEINTURE D’AUTELS ET DE RETABLES EN POLOGNE
du xve siècle, on y voit de plus en plus souvent les maîtres et les membres des corporations
polonaises. Ainsi, en 1503, on a nommé maître à Olomouc Stanislas Goray, qui était, à ce qu’il
paraît, un des personnages les plus remarquables du milieu artistique polonais d’alors. En
1525, François le Polonais étudie à Prague, chez le maître Vaclav Hassik ; dans la seconde
décade du xvie siècle, on y trouve un apprenti, Jean Polak ; le même maître emploie, en 1524
et 1526, Macko de Cracovie ; maître André fait un contrat de travail, en 1522, avec Nicolas le
Polonais. A côté de Goray, un personnage important est Luc le Polonais, qui était peut-être
Luc Pirowski, admis en 1525 comme maître et dont on suit les traces en 1526 et en 1527. Les
archives nous confirment non seulement l’expansion polonaise en Bohême, mais aussi le fait
que les Polonais cherchaient dans ce pays des enseignements1. Les relations avec la Slovaquie
et le Spisz étaient favorables à la Pologne. Notons, après Divald et Hoffman, la commande,
en 1460, d’un des retables de Bardyow au sculpteur Jacques de Sacz2. Il semble, d’ailleurs,
que le retable de Sacz ait pu être non seulement sculpté, mais aussi peint, car un Jacques de
Sacz est connu comme peintre par une commande de Dlugosz en 14603 4 et il existe encore dans
l’église Saint-André de Bardyow un triptyque que Genthon avait daté de 1450-1455, par ana-
logie avec l’art d’Augsbourg1. La demande d’ouvriers d’art polonais devait être assez consi-
dérable, à en croire certains faits comme l’exécution des stalles de l’église Saint-Jacques de
Kutna Hora, par Jurek d’Olkusz, en 14845. Ce n’est pas la seule mention de ce genre qui nous
soit parvenue, en particulier en ce qui concerne les territoires de la Slovaquie du Nord et le
Spisz. Ainsi, nous retrouvons à Koszyce des noms de peintres polonais, parmi lesquels celui
de Nicolas de Bochnia et de Laurent Wlodarz de Cracovie6, travaillant à Presov, près de Ko-
szyce. La participation de Wlodarz à l’exécution du grand retable de la cathédrale de Koszyce
est probable. Les documents ne la contredisent pas. Les travaux remontent aux années 1474-
1477. Il est vrai que Wlodarz ne reçoit le droit de cité à Koszyce qu’en 15127, mais les registres
municipaux en parlent déjà en 1504 ; de plus, en 1495 et en 1498, nous ne le voyons qu’à deux
reprises à Cracovie, et il est déjà conseiller et collaborateur de Pierre, le peintre qui travail-
lait au retable de Presov en 1490-1506 ; d’après Ivanyi, il joue à côté de son collègue le rôle de
1. K. Chytil, Malirstwo prazske XV a XVI w. Prague,
1906, passim. — Notons qu’une des premières mentions
sur le séjour des artistes polonais en Bohême est celle
relative à Pierre Beuchil, de Cracovie, qui, en 1393, a
enluminé un des manuscrits de la chronique Aulae re-
giae de Pierre de Zytawa. — Cf. la communication de
M. Sokolowski dans les Spraw. Kom. Hist. Sztuki,
VII, 223.
2. K. Divald, Szepesvarmegye Müveszeti Emlekei. Bu-
dapest, 1905. — J. Hoffman, Stare Umeni na Slovensku.
Prague, 1930, 42. — Il n’était peut-être qu’un menui-
sier?
3. Dlugosz l’a chargé de copier un tissu français repré-
sentant Jérusalem. — Cf. la communication de M. Soko-
lowski, Prace Kom. Ilist. Sztuki, VI, 93.
4. J. Genthon, A régi Magyar Festômüveszet. Buda¬
pest, 1931, pl. 27. — E. Buchner, Die Augsburger Ta-
felmalerei der Spàtgotik. Beitrâge zur Geschichte der
deutschen Kunst, IL Augsburg, 1928, 5, pl. 4. — L’ar-
gumentation de Genthon suggère certaines restrictions :
le style du retable de Bardyow a des rapports avec le
milieu de la Petite-Pologne.
5. K. Chytil, Ceske malirstvi prvnich desitileti XVI st.
Prague, 1931.
6. J. Genthon, A régi Magyar Festômüveszet. Buda-
pest, 1931, 37. D’après les études de J. Michalik. —
L. Kemény, A Kassai : szt. Erzsébet egyhaz tôrténete.
Arch. Ertes, 1897. — lu., A Kassai Képirô cèh. Arch.
Ertes, 1902. — J. Ptasnik, Cracovia Artificium. Craco-
vie, 1917, 375 (1495), 897 (1498). — B. Ivanyi, Eperjes
Kôzepkôri festoi. Muz. és. Kônyvtaro Ertesito, 1917.
7. « Laurentius Wlodarsch eyn moler vom Crocka hat
erlaugt purger recht am montag vor Margarete. » Je dois
cette information au dr. W. Wagner de Bratislava.