PLANCIIE 77.
FAIENCE DEOOEEE,
pAe le chevalier ginori-lisci, floeence.
L'lTALIE, si justement ceiebre, pendant la periode de la renaissance, pour sa poterie si belle
et si variec, perdit presque entierement son ancienne reputation au 18bme siecle: mcme alors,
cepcndant, quelques personnes continuaient a soutenir 1'ancienne renommee que l'ltalie avait acquise
pour son gout artistique: la ceiebre manufacture de faience de " Capo di Monte " fut etablie pres
de Naples en 1736, et le marquis Carlo Ginori fonda en 1735, a Doccia, pres de Florence, une
manufacture de porcelaine et de faience. Descendu d'une ancienne et noble famine, le marquis
Grinori rendit son nom encore plus illustre, par son energie infatigable et sa sage bienveillance.
II fut fait senateur par le grand-due Gian Gastone, occupa plusieurs des plus importantes fonctions
de l'etat et fut enfm nomme gouverneur de la ville et du port de Livourne, poste qu'il occupait
encore lorsque lamort vint le surprendre, en 1757, apres une carriere qu'il a rendue remarquable
par son esprit entreprenant et scs efforts pour l'avancement de son pays dans la voie du progres.
La manufacture qui avait ete etablie, sous la direction d'un Allemand, nomme Wandhelein, a la
maison de campagne de la famille Ginori, pres de Florence, devint, sous les auspices du marquis,
un vrai etablissement modele, que ses descendants ont maintenu dans son etat norissant, jusqu'a,
nos jours: cette manufacture emploie maintenant 200 ouvriers a, la fabrication de toute espece de
porcelaine et de faience. Sa speciality, cependant, e'est l'imitation de la belle faieuce italienne
du 16;'m0 et du 17ime siecle, qui a repris une nouvelle importance, grace aux decouvertes de Giusto
Giusti, qui reussit a reproduire le rouge rubis et iridescent des ancieus " maestri " italiens,
renovation pour laquelle il recut les plus grands eloges de la part du Jury de 1'Exposition de
Paris en 1855. Cc savant chimiste mourut subitement en 1858.
Parmi les objets que nous avons clioisis pour notre illustration, la bonteille bleue et blanche,
de quatorze pouces de hauteur, achetee pour le musee de South-Kensington, trahissait le plus de
gout et d'originalite. Les assiettes et l'aiguiere sont d'excellentes imitations des anciens modeles;
le prix de ces objets variait d'une a deux guinecs: la vingtieme partie, a peu pres, de ce que
coiitaient les objets originaux de la meme espece. Les imitations de 1'ancienne Majolique, pro-
venant des manufactures de Doccia et de M. Freppa, a Florence, sont executees avec une si
grande habilete, que l'oeil seul d'un connaisseur habile peut decouvrir que ce ne sont que des copies.
Nous recommandons a 1'attention des amateurs de porcelaine les produits ceramiques de Capo di
Monte, dont les anciens moulos sont, a ce que nous croyons, la propriete des Ginori. C'est a,
ce genre de faience qu'appartiennent le sucrior et le vase ornes de figures en relief; mais ni
ces objets, ni ceux de Capo di Monte exposes par le marquis, ne pouvaient etre compares aux
productions de l'ancienne manufacture napolitaine. Quelques-unes des grandes pateres modelees
d'apres celles de Lucca della Robbia, etaient d'une imitation excellente, et les dalles peintes d'apres
Titien et Raphael trahissaient un profond sentiment artistique. En un mot, il y avait beaucoup de
variete et un progres visible dans les objets exposes par le marquis Ginori; le seul defaut quo
nous ayons remarque, e'etait le manque d'originalite dans les dessins.
Quant aux autres exposants italiens, nous dirons seulement que la porcelaine et la faience
de Richard & Cie, de San Cristoforo, pres de Milan, n'etaient nullement remarquables sous le
point de vue artistique; ces fabricants sont pourtant a, la tote d'un des plus grands etablissements
de ce genre en Italic, et M. Jules Richard a meme recu une medaille de l'lnstitut lombard des
Arts et des Sciences, pour avoir reussi a employer la tourbe commo combustible. La ville de
Gubbio, autrefois ceiebre pour ses produits ceramiques, etait representee par d'assez bonnes
imitations de l'ancien style, de la manufacture do Carocci, Fabri, & Cie; et la ville de Faenza
avait contribue quelques reproductions modernes de son vieux style, par le comte A. Ferniani.
Mais les seuls ouvrages reellement remarquables arriverent malheureusement trop tard pour etre
places dans le catalogue: c'etaient les groupes en terre cuite, par Bongiovanni Vacaro, do Cal-
tagirone, Sicile, qui etaient empreints d'une expression vraiment merveilleuse de caractero et de
vigueur artistique: les types des Italiens du sud, homines et femmes, jeunes gens et vieillards,
etaient representes dans ces groupes avec une fidelite extraordinaire. Nous ne saurions terminer
nos observations sans mentionner, d'une maniere honorable, les figures en terre cuite par Mollica,
de Naples, qui etaient plus grandes que celles des groupes dont nous venons do parler, et d'un
tout autre genre.
I.I
k^
i
J
FAIENCE DEOOEEE,
pAe le chevalier ginori-lisci, floeence.
L'lTALIE, si justement ceiebre, pendant la periode de la renaissance, pour sa poterie si belle
et si variec, perdit presque entierement son ancienne reputation au 18bme siecle: mcme alors,
cepcndant, quelques personnes continuaient a soutenir 1'ancienne renommee que l'ltalie avait acquise
pour son gout artistique: la ceiebre manufacture de faience de " Capo di Monte " fut etablie pres
de Naples en 1736, et le marquis Carlo Ginori fonda en 1735, a Doccia, pres de Florence, une
manufacture de porcelaine et de faience. Descendu d'une ancienne et noble famine, le marquis
Grinori rendit son nom encore plus illustre, par son energie infatigable et sa sage bienveillance.
II fut fait senateur par le grand-due Gian Gastone, occupa plusieurs des plus importantes fonctions
de l'etat et fut enfm nomme gouverneur de la ville et du port de Livourne, poste qu'il occupait
encore lorsque lamort vint le surprendre, en 1757, apres une carriere qu'il a rendue remarquable
par son esprit entreprenant et scs efforts pour l'avancement de son pays dans la voie du progres.
La manufacture qui avait ete etablie, sous la direction d'un Allemand, nomme Wandhelein, a la
maison de campagne de la famille Ginori, pres de Florence, devint, sous les auspices du marquis,
un vrai etablissement modele, que ses descendants ont maintenu dans son etat norissant, jusqu'a,
nos jours: cette manufacture emploie maintenant 200 ouvriers a, la fabrication de toute espece de
porcelaine et de faience. Sa speciality, cependant, e'est l'imitation de la belle faieuce italienne
du 16;'m0 et du 17ime siecle, qui a repris une nouvelle importance, grace aux decouvertes de Giusto
Giusti, qui reussit a reproduire le rouge rubis et iridescent des ancieus " maestri " italiens,
renovation pour laquelle il recut les plus grands eloges de la part du Jury de 1'Exposition de
Paris en 1855. Cc savant chimiste mourut subitement en 1858.
Parmi les objets que nous avons clioisis pour notre illustration, la bonteille bleue et blanche,
de quatorze pouces de hauteur, achetee pour le musee de South-Kensington, trahissait le plus de
gout et d'originalite. Les assiettes et l'aiguiere sont d'excellentes imitations des anciens modeles;
le prix de ces objets variait d'une a deux guinecs: la vingtieme partie, a peu pres, de ce que
coiitaient les objets originaux de la meme espece. Les imitations de 1'ancienne Majolique, pro-
venant des manufactures de Doccia et de M. Freppa, a Florence, sont executees avec une si
grande habilete, que l'oeil seul d'un connaisseur habile peut decouvrir que ce ne sont que des copies.
Nous recommandons a 1'attention des amateurs de porcelaine les produits ceramiques de Capo di
Monte, dont les anciens moulos sont, a ce que nous croyons, la propriete des Ginori. C'est a,
ce genre de faience qu'appartiennent le sucrior et le vase ornes de figures en relief; mais ni
ces objets, ni ceux de Capo di Monte exposes par le marquis, ne pouvaient etre compares aux
productions de l'ancienne manufacture napolitaine. Quelques-unes des grandes pateres modelees
d'apres celles de Lucca della Robbia, etaient d'une imitation excellente, et les dalles peintes d'apres
Titien et Raphael trahissaient un profond sentiment artistique. En un mot, il y avait beaucoup de
variete et un progres visible dans les objets exposes par le marquis Ginori; le seul defaut quo
nous ayons remarque, e'etait le manque d'originalite dans les dessins.
Quant aux autres exposants italiens, nous dirons seulement que la porcelaine et la faience
de Richard & Cie, de San Cristoforo, pres de Milan, n'etaient nullement remarquables sous le
point de vue artistique; ces fabricants sont pourtant a, la tote d'un des plus grands etablissements
de ce genre en Italic, et M. Jules Richard a meme recu une medaille de l'lnstitut lombard des
Arts et des Sciences, pour avoir reussi a employer la tourbe commo combustible. La ville de
Gubbio, autrefois ceiebre pour ses produits ceramiques, etait representee par d'assez bonnes
imitations de l'ancien style, de la manufacture do Carocci, Fabri, & Cie; et la ville de Faenza
avait contribue quelques reproductions modernes de son vieux style, par le comte A. Ferniani.
Mais les seuls ouvrages reellement remarquables arriverent malheureusement trop tard pour etre
places dans le catalogue: c'etaient les groupes en terre cuite, par Bongiovanni Vacaro, do Cal-
tagirone, Sicile, qui etaient empreints d'une expression vraiment merveilleuse de caractero et de
vigueur artistique: les types des Italiens du sud, homines et femmes, jeunes gens et vieillards,
etaient representes dans ces groupes avec une fidelite extraordinaire. Nous ne saurions terminer
nos observations sans mentionner, d'une maniere honorable, les figures en terre cuite par Mollica,
de Naples, qui etaient plus grandes que celles des groupes dont nous venons do parler, et d'un
tout autre genre.
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