PLANCHE 213.
PENDULE ET 0ANDELAB11E DE BRONZE,
PAE L. MAECHAND, PAEIS.
ETABLIE depuis 1820, la maison Marohand a toujours su maintenir une position elevee dans
la fabrication des bronzes d'art pour lesquels Paris est si celebre. Nous n'avons rien vu
parmi les objets dans le style neo-grec, style fort en vogue en France, qui trahit un dessin plus
vigoureux ou un gout plus raffine que cette pendule et ces candelabres, qui sont en marbre
noir, rehausse par des ornements incrustes en dorures et en bronze artistement oxyde et dore.
Ces pieces, ainsi que plusieurs autres du meme genre, prouvent l'art, le talent et le gout cultive
que les manufacturiers de Paris prodiguent aux produits de leurs fabriques; et elles font aussi
grand honneur au sculpteur M. Eugene Piat, lequel, anime de l'esprit d'un vrai artiste, n'a pas
cru compromettre sa dignite, en donnant le concours de son talent au manufacturier, qui cliercbe
ii imprimer aux objets servant a l'usage domestique un cachet raffine; ce qui ne peut manquer
de cultiver et d'elever le gout du public.
De meme que, dans le texte qui accompagne la planche 182, nous avons donne quelques
details sur l'introduction et le developpement en Europe des grandes horloges publiques, nous
donnerons ici un apercu succinct des horloges portatives. L'epoque de leur introduction n'est
pas bien clairement etablie. Mais il est probable qu'on n'a fait des horloges portatives qu'apres
l'epoque oil le ressort remplaca les contre-poids comme force motrice, — changement qui eut lieu
vers la fin du 15em4 siecle, et qui marqua une nouvelle ere dans l'art de l'horlogerie. On est
egalement dans l'incertitude quant au lieu ou ces horloges ont ete inventus; mais nous sommes
disposes a, croire que l'honneur en revient a l'ltalie; car la premiere mention d'une horloge
pareille se trouve dans une lettre adressee par Ambrosius Camaldulensis a Nicolaus, un savant
Florentin, vers la fin du 154me siecle, ou l'auteur ecrit: — "En recevant votre lettre, je me
mis immediatement a finir votre horloge, que je vous aurais envoyee, s'il y avait eu quelqu'un
qui voulut s'en charger." Puis il dit qu'elle avait ete abimee par la poussiere et qu'il l'avait
donnee a nettoyer " a l'illustre jeune Angelo, qui est excessivement expert dans ces sortes de
choses." Le poete italien Gaspar Visconti, ecrivant a la meme epoque, dit: " On fait maintenant
certaines petites horloges portatives, etc." Beckman veut que cela se rapporte aux montres;
mais il nous semble que dans ce cas l'auteur aurait dit portabili au lieu de "portativi." Politian
donne, en 1484, la description d'une excellente horloge faite pour Cosmo de' Medici par un certain
Lorenzo, un Florentin. M. Labarte, dans ses " Arts du Moyen-Age," dit " qu'un Francais, nomme
Carovage ou Carovagius, qui vivait en 1480, passe pour etre l'inventeur des horloges portatives
garnies de sonnerie et de reveille-matin. Cette invention francaise reveilla 1'emulation des horlogers
allemands et italiens, qui rivalisaient les uns avec les autres a qui produirait les horloges les plus
extraordinaires. II existe encore bon nombre de ces horloges faites dans la premiere moitie du
166me siecle, de vrais prodiges de mecanisme." M. Pierre Dubois soutient la meme assertion dans
son ouvrage " Moyen-Age et Eenaissance." Mais nous ne pouvons nous empecher de trouver que
" Carovage" sonne un peu trop comme Oaravaggio, ville de Lombardie, laquelle a donne" son nom
a plusieurs hommes distingues, comme cela se pratiquait en Italie.
En France ces horloges passaient sous le nom d' " orloges portatives qui monstrent les
heures;" d'oii vient le mot " montre." Le premier exemple que le comte de Laborde puisse en
trouver en Franco remonte a l'an 1529, epoque ou Jullien Couldroy (Jullien de Fontenay Ooldore ?),
" orlogeur" du roi, recoit le payement de deux " monstres d'horloges sans contrepoise." La
premiere qu'on connaisse en Angleterre est celle que Henri VIII donna a Anne Boleyn (vers 1535),
et qui est maintenant la propriete de sa Majeste la Reine; mais celle-ci a des contre-poids. Dans
les Voutes Vertes de Dresde il y a deux horloges portatives par J. Schlottheim et Werner, deux
horlogers d'Augsbourg, dont le dernier mourut en 154L II y a/du reste, en Europe une grande
quantite de ces horloges, remarquables pour le dessin et le mecanisme. Pendant cette epoque,
l'Allemagne occupait la premiere place dans ce genre de fabrication, qu'elle a conservee pendant
longtemps; elle fournissait les horloges a l'Angleterre; et Shakspeare, dans sa comedie "Love's
Labour 's lost" (ecrite en 1592), dit: "Une femme est comme une horloge allemande qu'on a
toujours a reparer." Des horloges portatives aux montres il n'y avait qu'un pas, les unes et les
autres ayant des ressorts pour force motrice; et la manufacture des montres a cu pendant
longtemps son principal siege a Augsbourg et a Nuremberg.
PENDULE ET 0ANDELAB11E DE BRONZE,
PAE L. MAECHAND, PAEIS.
ETABLIE depuis 1820, la maison Marohand a toujours su maintenir une position elevee dans
la fabrication des bronzes d'art pour lesquels Paris est si celebre. Nous n'avons rien vu
parmi les objets dans le style neo-grec, style fort en vogue en France, qui trahit un dessin plus
vigoureux ou un gout plus raffine que cette pendule et ces candelabres, qui sont en marbre
noir, rehausse par des ornements incrustes en dorures et en bronze artistement oxyde et dore.
Ces pieces, ainsi que plusieurs autres du meme genre, prouvent l'art, le talent et le gout cultive
que les manufacturiers de Paris prodiguent aux produits de leurs fabriques; et elles font aussi
grand honneur au sculpteur M. Eugene Piat, lequel, anime de l'esprit d'un vrai artiste, n'a pas
cru compromettre sa dignite, en donnant le concours de son talent au manufacturier, qui cliercbe
ii imprimer aux objets servant a l'usage domestique un cachet raffine; ce qui ne peut manquer
de cultiver et d'elever le gout du public.
De meme que, dans le texte qui accompagne la planche 182, nous avons donne quelques
details sur l'introduction et le developpement en Europe des grandes horloges publiques, nous
donnerons ici un apercu succinct des horloges portatives. L'epoque de leur introduction n'est
pas bien clairement etablie. Mais il est probable qu'on n'a fait des horloges portatives qu'apres
l'epoque oil le ressort remplaca les contre-poids comme force motrice, — changement qui eut lieu
vers la fin du 15em4 siecle, et qui marqua une nouvelle ere dans l'art de l'horlogerie. On est
egalement dans l'incertitude quant au lieu ou ces horloges ont ete inventus; mais nous sommes
disposes a, croire que l'honneur en revient a l'ltalie; car la premiere mention d'une horloge
pareille se trouve dans une lettre adressee par Ambrosius Camaldulensis a Nicolaus, un savant
Florentin, vers la fin du 154me siecle, ou l'auteur ecrit: — "En recevant votre lettre, je me
mis immediatement a finir votre horloge, que je vous aurais envoyee, s'il y avait eu quelqu'un
qui voulut s'en charger." Puis il dit qu'elle avait ete abimee par la poussiere et qu'il l'avait
donnee a nettoyer " a l'illustre jeune Angelo, qui est excessivement expert dans ces sortes de
choses." Le poete italien Gaspar Visconti, ecrivant a la meme epoque, dit: " On fait maintenant
certaines petites horloges portatives, etc." Beckman veut que cela se rapporte aux montres;
mais il nous semble que dans ce cas l'auteur aurait dit portabili au lieu de "portativi." Politian
donne, en 1484, la description d'une excellente horloge faite pour Cosmo de' Medici par un certain
Lorenzo, un Florentin. M. Labarte, dans ses " Arts du Moyen-Age," dit " qu'un Francais, nomme
Carovage ou Carovagius, qui vivait en 1480, passe pour etre l'inventeur des horloges portatives
garnies de sonnerie et de reveille-matin. Cette invention francaise reveilla 1'emulation des horlogers
allemands et italiens, qui rivalisaient les uns avec les autres a qui produirait les horloges les plus
extraordinaires. II existe encore bon nombre de ces horloges faites dans la premiere moitie du
166me siecle, de vrais prodiges de mecanisme." M. Pierre Dubois soutient la meme assertion dans
son ouvrage " Moyen-Age et Eenaissance." Mais nous ne pouvons nous empecher de trouver que
" Carovage" sonne un peu trop comme Oaravaggio, ville de Lombardie, laquelle a donne" son nom
a plusieurs hommes distingues, comme cela se pratiquait en Italie.
En France ces horloges passaient sous le nom d' " orloges portatives qui monstrent les
heures;" d'oii vient le mot " montre." Le premier exemple que le comte de Laborde puisse en
trouver en Franco remonte a l'an 1529, epoque ou Jullien Couldroy (Jullien de Fontenay Ooldore ?),
" orlogeur" du roi, recoit le payement de deux " monstres d'horloges sans contrepoise." La
premiere qu'on connaisse en Angleterre est celle que Henri VIII donna a Anne Boleyn (vers 1535),
et qui est maintenant la propriete de sa Majeste la Reine; mais celle-ci a des contre-poids. Dans
les Voutes Vertes de Dresde il y a deux horloges portatives par J. Schlottheim et Werner, deux
horlogers d'Augsbourg, dont le dernier mourut en 154L II y a/du reste, en Europe une grande
quantite de ces horloges, remarquables pour le dessin et le mecanisme. Pendant cette epoque,
l'Allemagne occupait la premiere place dans ce genre de fabrication, qu'elle a conservee pendant
longtemps; elle fournissait les horloges a l'Angleterre; et Shakspeare, dans sa comedie "Love's
Labour 's lost" (ecrite en 1592), dit: "Une femme est comme une horloge allemande qu'on a
toujours a reparer." Des horloges portatives aux montres il n'y avait qu'un pas, les unes et les
autres ayant des ressorts pour force motrice; et la manufacture des montres a cu pendant
longtemps son principal siege a Augsbourg et a Nuremberg.