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Waring, John Burley; Tymms, William Robert [Ill.]
Masterpieces of industrial art & sculpture at the international exhibition, 1862: in three volumes (Band 3) — London, 1863

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https://doi.org/10.11588/diglit.1399#0177
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PLANCHE 258.

BUFFET EN OHENE SCULPTE,

PAR M. W. CALDECOTT, LONDRES.

IL y a quelques annees, un ouvrage du merite de celui que nous avons reproduit sur la planche
ci-contre aurait suffi a, placer le fabrioant au-dessus de tous ses rivaux; et dans toute la col-
lection des meubles de luxe envoyes a l'Exposition internationale de 1862, il y en avait peu qui le
surpassassent sous le rapport du dessin et de 1'execution; aussi le Jury en a-t-il reconnu le merite,
en accordant a M. Caldecott une mention honorable pour "bon dessin et travail excellent." Ce
beau meuble avait environ onze pieds de longueur, et il etait fabrique entierement en chene
anglais. Le dessin en etait de M. Henry Clutton, architecte; le modelage et les sculptures, de
M. Phyffers, qui est deja favorablement connu par de nombreux ouvrages, tous admirablement
executes. Quoique digne des plus grands eloges, sous tous les rapports, ce meuble avait a, lutter
contre un desavantage bien grand,— celui de n'etre pas entierement fini. L'intention premiere du
fabricant etait de remplir les trois panneaux du dossier de sculptures servant a illustrer les
" Idylles du Roi " de Tennyson : " Gerant recu par Yniol," " Lancelot au Pavilion du Roi Arthur,"
et " Lancelot et Elaine."

Les anciens se servaient de buffets pour y etaler leur argenterie, etc.; Pusage en avait et6
introduit a. Rome des colonies grecques en Asie. Ciceron, Juvenal et d'autres auteurs romains en
parlent sous le nom d' " abacus." Pendant le moyen-age on donnait a ce meuble le nom de
dressoir, et il etait generalement place contre le mur: c'est de ce mot qu'est venu le mot anglais
" dresser," nom donne a une espece de buffet de cuisine, qui, comme le dressoir du moyen-age,
est garni d'etageres pour les plats et les assiettes. En France on donnait le nom de buffet a
un meuble du m6me genre, nom qui, dans l'origine, designait la chambre dans laquelle on gardait
l'argenterie, et qui, dans la suite, finit par indiquer un meuble sur lequel on etalait l'argenterie.
Dans les grandes occasions, lorsque l'argenterie et la vaissellerie etaient placees sur le buffet,
non-seulement comme etalage, mais pour qu'on s'en servit, les ecuyers et les domestiques venaient
les prendre sur le buffet, et pour cette raison on leur donnait le nom de buffetiers, — en Angle-
terre " beefeaters." Le buffet dans ces grandes fetes etait recouvert de riches tapis, et etait
tout resplendissant des tresors du proprietaire. On peut juger du coup d'oeil qu'il presentait
alors a, la vue des convives, d'apres la description suivante du buffet dans la salle des festins, lors
du couronnement du roi de Naples en 1495, que nous avons prise du Glossaire de De Laborde: —
Au centre de la salle se trouvait un buffet, presente au roi, dont toutes les marches etaient recou-
vertes d'une nappe des plus fines, et sur lesquelles etaient ranges les objets precieux en or et
en argent appartenant au roi: aiguieres, bassins en or, escuelles, plats, pintes, pots, flacons,
grands navires, coupes en or, enrichis de pierres precieuses, grilles, broches, landiers, brule-parfums,
soufnets, lanternes, tranchoirs, salieres, couteaux, chaudrons, chandeliers, et tenailles—de tout en or
et en argent. O'etait un buffet de parade; mais dans les occasions ordinaires on mettait sur le
buffet, l'argenterie pour le service, les vins, et quelques plats contenant les epices et les confitures.
II parait meme qu'on y mettait quelquefois les viandes. Dans "les Memoires d'Olivier de la
Marche," A.D. 1474, a l'occasion du mariage de Charles, due de Bourgogne, avec Marguerite d'York,
nous lisons dans le " Dictionnaire " de Viollet-le-Duc, qu'au regard du service, madame la nouvelle
duchesse fut servie par un echanson, un ecuyer tranchant et un panetier,— tous Anglais, tous
chevaliers et gens de grande maison; l'huissier de la salle cria a haute voix " Chevaliers, a. la
viande," et ceux-ci se rendirent au buffet querir la viande; et tous les parents de Monsieur, et
tous les chevaliers, tant de l'ordre* que de grande maison, marcherent autour du buffet, deux a
deux, devant la viande, et precedes des trompettes. A une fete donnee par Philippe-le-Bon, en
1454 (" Les Dues de Bourgogne," par Barente), le buffet etait tout resplendissant de vases d'or,
d'argent et de cristal. II etait surmonte de deux colonnes, sur l'une desquelles il y avait une
figure de femme, a, moitie enveloppee d'une draperie, des seins de laquelle jaillissait Phypocras;
a l'autre on voyait attach^, par une forte chaine, un lion vivant, et les mots, " Ne touchez point a
Madame," etaient inscrits sur la colonne. Lorsque Henri YII donnait des receptions royales au
palais de Richmond, on placait dans une crois^e en saillie, un dressoir a. neuf ou dix etageres,
garnies de vaisselle en or, en argent et dor6e. Le modeste Erasmus lui-meme avait un dressoir,
sur lequel il etalait les pieces d'argenterie qui lui avaient 6t6 donnees par les plus grands
hommes de l'epoque.

* L'ordre de la Toison-d'or, fonde par Philippe-le-Bon, due de Bourgogne, A.D. 1429.
 
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