PLANCHE 270.
DESSUS DE TABLE EN MARBRE ENTAILLE,
PAR LE MAKQUIS S. PAPAZZURRI MUTI, ROME.
NOUS avons vainement parcouru le rapport officiel de la classe 30, pensant y trouver quelques
remarques au sujet des tables du marquis Muti; mais on n'y en fait aucune mention. II
est vrai que le marquis a recu une medaille, mais elle lui a ete decernee pour " l'excellente
fabrication de son acide et de ses cliandelles steariques," qui, selon nous, auraient du suffisam-
ment eclairer la voie devant le Jury, pour qu'il fut amene a remarquer le charmant procede
employe par le marquis, dans l'ornementation du marbre et de la pierre. La table que nous
avons choisie pour notre illustration, est ornee de decorations representant des scenes du poeme
immortel de Dante, d'apres les esquisses de Flaxman: ces decorations sont produites a. l'aide
d'un procede invente par le marquis, auquel il a donne le nom de " litheglefia." Les ornements,
quoique d'un style original, presentaient un aspect tant soit peu angulaire. Ce dessus de table
avait 3 pieds 4 pouces, et il etait evalue a £100. Le marquis a aussi expose une autre table
dans le meme style, mais plus petite, dont le dessus etait forme d'une dalle de lave ornee de
dessins representant les " Costumes des fitats Romains" par Pinelli.
Nous remarquerons que, quoiqu'il puisse y avoir quelque-chose de special et de nouveau dans
le procede employe par le marquis, qui Justine sa pretention a considerer ce genre d'ornementation
comme original, neanmoins le principe sur lequel il est base est de l'antiquite la plus reculee;
car l'usage de former des devises, a l'aide d'entailles, sur les metaux, le marbre, ou la pierre,
qu'on remplissait ensuite d'une composition qui se durcissait a l'air, etait des plus communs
pendant tout le moyen-age; et c'est le procede, suivant Vasari, qu'employa Duccio da Buonin-
segna, au commencement du 144me siecle, pour le pave de la cathedrale de Sienne, orne de sujets
a figures.
Les tablettes commemoratives etaient tres-communes en Italie au 15toe siecle, surtout en
Toscane, et il en existe encore un grand nombre de specimens tres-interessants, sur lesquels
on voit l'emgie du mort, entouree d'ornements en marbre et en mastic colores. Rumohr,
dans son " Italianische Forschungen," tome II, p. 381, reproduit un contrat trouve dans les
archives de la cathedrale de Sienne, pour une tablette commemorative de ce genre, que nous
trouvons assez interessant pour le transcrire, en grande partie :—" Memoire des depenses pour
enterrer le reverend pere ' Misser Karlo d'Agniolino,' d'heureuse memoire, ancien eveque de
Sienne, qui quitta cette vie le 11 septembre, 1444; quant a ce qui regarde les depenses j>our les
dalles de marbre et la frise qui les entoure, placees au-dessus de son tombeau dans la cathedrale,
devant l'autel de la chapelle de St. Crescentius." Mention est alors faite de payements separes.
" A Maestro Giuliano da Como, pour quarante-cinq jours de travail employes a, preparer la grande
dalle et a creuser le tabernacle et la figure; a Maestro Antonio di Federigho, pour vingt-cinq jours
employes au meme travail; a. Lorenzo d'Andrea, pour treize jours de travail employes a creuser
les feuillages de la frise; a Francescho di Stefano, pour treize jours de travail a. la frise et
employes a, remplir les entailles de stuc noir; a Maestro Giovanni Sabategli, pour neuf jours de
travail a, la frise; a Maestro Castorio di Nanni, pour sept jours de travail a la frise; a. Pietro
da Como, pour trois jours de travail employes a remplir les entailles de la frise et a les polir; a
Maestro Pietro del Minella, contre-maitre des travaux, pour surcroit de temps employe a dessiner,
a arranger et a surveiller l'execution du susdit sepulcre." On y donne, de plus, la composition
du mastic:—soixante livres de poix, vingt-quatre livres de cire, et dix livres de "bolo"(?).
Nous voyons, d'apres ce qui precede, que m6me cet art, si simple en apparence, necessitait
une grande division de travail; car nous trouvons que pas moins de sept artisans etaient employes
sous les ordres du capo maestro. L'application de ce procede, modifie comme il l'a ete par le
marquis Muti, est une id^e qui est susceptible d'un certain developpement, et le resultat obtenu
par le marquis est des plus heureux. M. Nesfield, M. Street, et Messieurs Poole ont expose^
classe 10c, des objets dans le style moyen-age, du meme genre que la table de notre illustration,
qui, sous tous les rapports, etaient d'un effet des plus satisfaisants et des plus artistiques.
DESSUS DE TABLE EN MARBRE ENTAILLE,
PAR LE MAKQUIS S. PAPAZZURRI MUTI, ROME.
NOUS avons vainement parcouru le rapport officiel de la classe 30, pensant y trouver quelques
remarques au sujet des tables du marquis Muti; mais on n'y en fait aucune mention. II
est vrai que le marquis a recu une medaille, mais elle lui a ete decernee pour " l'excellente
fabrication de son acide et de ses cliandelles steariques," qui, selon nous, auraient du suffisam-
ment eclairer la voie devant le Jury, pour qu'il fut amene a remarquer le charmant procede
employe par le marquis, dans l'ornementation du marbre et de la pierre. La table que nous
avons choisie pour notre illustration, est ornee de decorations representant des scenes du poeme
immortel de Dante, d'apres les esquisses de Flaxman: ces decorations sont produites a. l'aide
d'un procede invente par le marquis, auquel il a donne le nom de " litheglefia." Les ornements,
quoique d'un style original, presentaient un aspect tant soit peu angulaire. Ce dessus de table
avait 3 pieds 4 pouces, et il etait evalue a £100. Le marquis a aussi expose une autre table
dans le meme style, mais plus petite, dont le dessus etait forme d'une dalle de lave ornee de
dessins representant les " Costumes des fitats Romains" par Pinelli.
Nous remarquerons que, quoiqu'il puisse y avoir quelque-chose de special et de nouveau dans
le procede employe par le marquis, qui Justine sa pretention a considerer ce genre d'ornementation
comme original, neanmoins le principe sur lequel il est base est de l'antiquite la plus reculee;
car l'usage de former des devises, a l'aide d'entailles, sur les metaux, le marbre, ou la pierre,
qu'on remplissait ensuite d'une composition qui se durcissait a l'air, etait des plus communs
pendant tout le moyen-age; et c'est le procede, suivant Vasari, qu'employa Duccio da Buonin-
segna, au commencement du 144me siecle, pour le pave de la cathedrale de Sienne, orne de sujets
a figures.
Les tablettes commemoratives etaient tres-communes en Italie au 15toe siecle, surtout en
Toscane, et il en existe encore un grand nombre de specimens tres-interessants, sur lesquels
on voit l'emgie du mort, entouree d'ornements en marbre et en mastic colores. Rumohr,
dans son " Italianische Forschungen," tome II, p. 381, reproduit un contrat trouve dans les
archives de la cathedrale de Sienne, pour une tablette commemorative de ce genre, que nous
trouvons assez interessant pour le transcrire, en grande partie :—" Memoire des depenses pour
enterrer le reverend pere ' Misser Karlo d'Agniolino,' d'heureuse memoire, ancien eveque de
Sienne, qui quitta cette vie le 11 septembre, 1444; quant a ce qui regarde les depenses j>our les
dalles de marbre et la frise qui les entoure, placees au-dessus de son tombeau dans la cathedrale,
devant l'autel de la chapelle de St. Crescentius." Mention est alors faite de payements separes.
" A Maestro Giuliano da Como, pour quarante-cinq jours de travail employes a, preparer la grande
dalle et a creuser le tabernacle et la figure; a Maestro Antonio di Federigho, pour vingt-cinq jours
employes au meme travail; a. Lorenzo d'Andrea, pour treize jours de travail employes a creuser
les feuillages de la frise; a Francescho di Stefano, pour treize jours de travail a. la frise et
employes a, remplir les entailles de stuc noir; a Maestro Giovanni Sabategli, pour neuf jours de
travail a, la frise; a Maestro Castorio di Nanni, pour sept jours de travail a la frise; a. Pietro
da Como, pour trois jours de travail employes a remplir les entailles de la frise et a les polir; a
Maestro Pietro del Minella, contre-maitre des travaux, pour surcroit de temps employe a dessiner,
a arranger et a surveiller l'execution du susdit sepulcre." On y donne, de plus, la composition
du mastic:—soixante livres de poix, vingt-quatre livres de cire, et dix livres de "bolo"(?).
Nous voyons, d'apres ce qui precede, que m6me cet art, si simple en apparence, necessitait
une grande division de travail; car nous trouvons que pas moins de sept artisans etaient employes
sous les ordres du capo maestro. L'application de ce procede, modifie comme il l'a ete par le
marquis Muti, est une id^e qui est susceptible d'un certain developpement, et le resultat obtenu
par le marquis est des plus heureux. M. Nesfield, M. Street, et Messieurs Poole ont expose^
classe 10c, des objets dans le style moyen-age, du meme genre que la table de notre illustration,
qui, sous tous les rapports, etaient d'un effet des plus satisfaisants et des plus artistiques.