PLANCHE 271.
BISCUIT COLOKE,
PAR M. GILLE JEUNE, PARIS.
PARMI les objets de la collection charmante et vari6e de M. Gille que nous avons choisis
pour notre illustration, nous mentionnerons avec des eloges particuliers le groupe intitule
" Le doux Rove," representant une fille endormie, pendant que Cupidon plane au-dessus d'elle; et
la figure d'une jeune fille avec une colombe, dont la chair, a, peine voilee par la robe de mousse-
line mince, etait admirablement rendue. Les autres pieces se distinguaient egalement par le bon
gout et par l'originalite du dessin. M. Gille jeune a obtenu, a l'Exposition de 1851, une medaille
pour une variete d'objets en porcelaine, tels que statuettes, oiseaux, etc., qui trahissaient un
traitement a la fois delicat et hardi, un maniement excellent et un go(it admirable. A Paris, le
meme exposant a recu, en 1855, une medaille de premiere classe pour ses porcelaines de biscuit;
et M. Arnoux, dans son rapport sur les produits ceramiques de cette Exposition, remarque que,
" par suite de l'initiative prise par M. Gille, fabricant de Paris, la France a expose une grande
quantite de biscuit blanc et colore. Ce manufacturier a produit des oeuvres cle grandes dimen-
sions ; entr'autres, un cerf et une figure couchee, qui possedaient un merite incontestable au point
de vue de la fabrication, et qui avaient 6te moules sur de bons modeles." M. Arnoux parle
aussi, comme d'un beau specimen en biscuit, d'un grand buste de l'empereur, par M. Gille, qui,
en dehors des autres recompenses, a recu la croix de la Legion d'Honneur, juste hommage
rendu a son grand merite comme fabricant. M. Gille a obtenu la medaille aussi a l'Exposition
de 1862, ou il avait plusieurs figures en biscuit d'une grandeur et d'une excellence peu ordinaires;
telles que — la "Bacchante," de M. Charles Baury; des figures de cariatides, et un chien de
Terre-neuve, grandeur naturelle; toutes ces figures etaient en biscuit non-colore. Parmi ses statues
colorees se distinguait, pour le modelage et l'execution, une figure mi-nue, appelee " La Surprise,"
tres-superieure comme fabrication, mais d'un gout fort douteux.
Pour ceux de nos lecteurs qui ne comprennent peut-etre pas parfaitement le terme de
"biscuit " applique a la porcelaine, nous donnerons l'extrait suivant de 1' " English Cyclopaedia" : —
" Biscuit est un terme que les potiers emploient en parlant de porcelaine ou de faience arrivee
a un certain degre du procede de la fabrication. On sait que les objets d'argile, pour pouvoir
servir a 1'usage auquel ils sont destines, doivent etre enduits d'une couche de vernis vitreux, ce
qui fait qu'ils out a subir deux fois Taction du feu dans un fourneau. La premiere cuisson est
necessaire afin de conserver la forme et la contexture des pieces, qui seraient necessairement
modifiees par l'absorption de l'eau contenue dans l'email liquide, et qui, pour la meme raison,
ne pourraient recevoir, avant d'etre cuites, les peintures et dessins qui doivent en decorer la
surface. En sortant du premier feu et avant de recevoir l'email ou les ornements, la porcelaine
recoit le nom de biscuit: on a donne a la porcelaine cette denomination a cause de la ressem-
blance quelle a dans cet etat avec le biscuit ou pain dont on fait provision en mer. La seconde
cuisson est necessaire pour vitrifier l'email et pour faire ressortir les couleurs metalliques qui
servent a decorer la faience."
Les figures de biscuit se font generalement dans des moules. Pour les grandes pieces on
a des moules separes, ou se font les differentes parties, qu'on joint ensuite, en faisant disparaitre
soigneusement les coutures causees par la division; puis on repasse toute la piece, a, laquelle on
donne tout le fini qu'on peut, afin de la rendre aussi semblable que possible au modele original.
Les statues en porcelaine ou parien qu'on fait en Angleterre sont une modification du biscuit.
Les fabricants anglais s'en tiennent principalement aux objets de parien, mis en vogue il y a
quelques annees par les maisons de Messieurs Minton et de Messieurs Copeland, qui reclament
1'une et l'autre le merite de l'invention. Dans les autres pays de l'Europe on fait encore les
statuettes, etc., en biscuit, qu'on reconnait facilement a, sa contexture et a. sa blancheur d'un ton
froid et bleuatre. M. Gille a applique les couleurs au biscuit avec beaucoup de succes; et ses
nuances de chair surtout, au lieu d'etre appliquees grossierement en une seule nuance, comme on
les voit dans la majolique, se distinguent par une grande delicatesse et une grande variete de ton.
Ses oeuvres possedent, d'ailleurs, un tres-haut merite au point de vue de l'art; mais nous trouvons
a redire, dans l'interet de l'art et du bon gout, contre le cachet lascif et peu modeste qui
caracterise ses figures de femmes.
BISCUIT COLOKE,
PAR M. GILLE JEUNE, PARIS.
PARMI les objets de la collection charmante et vari6e de M. Gille que nous avons choisis
pour notre illustration, nous mentionnerons avec des eloges particuliers le groupe intitule
" Le doux Rove," representant une fille endormie, pendant que Cupidon plane au-dessus d'elle; et
la figure d'une jeune fille avec une colombe, dont la chair, a, peine voilee par la robe de mousse-
line mince, etait admirablement rendue. Les autres pieces se distinguaient egalement par le bon
gout et par l'originalite du dessin. M. Gille jeune a obtenu, a l'Exposition de 1851, une medaille
pour une variete d'objets en porcelaine, tels que statuettes, oiseaux, etc., qui trahissaient un
traitement a la fois delicat et hardi, un maniement excellent et un go(it admirable. A Paris, le
meme exposant a recu, en 1855, une medaille de premiere classe pour ses porcelaines de biscuit;
et M. Arnoux, dans son rapport sur les produits ceramiques de cette Exposition, remarque que,
" par suite de l'initiative prise par M. Gille, fabricant de Paris, la France a expose une grande
quantite de biscuit blanc et colore. Ce manufacturier a produit des oeuvres cle grandes dimen-
sions ; entr'autres, un cerf et une figure couchee, qui possedaient un merite incontestable au point
de vue de la fabrication, et qui avaient 6te moules sur de bons modeles." M. Arnoux parle
aussi, comme d'un beau specimen en biscuit, d'un grand buste de l'empereur, par M. Gille, qui,
en dehors des autres recompenses, a recu la croix de la Legion d'Honneur, juste hommage
rendu a son grand merite comme fabricant. M. Gille a obtenu la medaille aussi a l'Exposition
de 1862, ou il avait plusieurs figures en biscuit d'une grandeur et d'une excellence peu ordinaires;
telles que — la "Bacchante," de M. Charles Baury; des figures de cariatides, et un chien de
Terre-neuve, grandeur naturelle; toutes ces figures etaient en biscuit non-colore. Parmi ses statues
colorees se distinguait, pour le modelage et l'execution, une figure mi-nue, appelee " La Surprise,"
tres-superieure comme fabrication, mais d'un gout fort douteux.
Pour ceux de nos lecteurs qui ne comprennent peut-etre pas parfaitement le terme de
"biscuit " applique a la porcelaine, nous donnerons l'extrait suivant de 1' " English Cyclopaedia" : —
" Biscuit est un terme que les potiers emploient en parlant de porcelaine ou de faience arrivee
a un certain degre du procede de la fabrication. On sait que les objets d'argile, pour pouvoir
servir a 1'usage auquel ils sont destines, doivent etre enduits d'une couche de vernis vitreux, ce
qui fait qu'ils out a subir deux fois Taction du feu dans un fourneau. La premiere cuisson est
necessaire afin de conserver la forme et la contexture des pieces, qui seraient necessairement
modifiees par l'absorption de l'eau contenue dans l'email liquide, et qui, pour la meme raison,
ne pourraient recevoir, avant d'etre cuites, les peintures et dessins qui doivent en decorer la
surface. En sortant du premier feu et avant de recevoir l'email ou les ornements, la porcelaine
recoit le nom de biscuit: on a donne a la porcelaine cette denomination a cause de la ressem-
blance quelle a dans cet etat avec le biscuit ou pain dont on fait provision en mer. La seconde
cuisson est necessaire pour vitrifier l'email et pour faire ressortir les couleurs metalliques qui
servent a decorer la faience."
Les figures de biscuit se font generalement dans des moules. Pour les grandes pieces on
a des moules separes, ou se font les differentes parties, qu'on joint ensuite, en faisant disparaitre
soigneusement les coutures causees par la division; puis on repasse toute la piece, a, laquelle on
donne tout le fini qu'on peut, afin de la rendre aussi semblable que possible au modele original.
Les statues en porcelaine ou parien qu'on fait en Angleterre sont une modification du biscuit.
Les fabricants anglais s'en tiennent principalement aux objets de parien, mis en vogue il y a
quelques annees par les maisons de Messieurs Minton et de Messieurs Copeland, qui reclament
1'une et l'autre le merite de l'invention. Dans les autres pays de l'Europe on fait encore les
statuettes, etc., en biscuit, qu'on reconnait facilement a, sa contexture et a. sa blancheur d'un ton
froid et bleuatre. M. Gille a applique les couleurs au biscuit avec beaucoup de succes; et ses
nuances de chair surtout, au lieu d'etre appliquees grossierement en une seule nuance, comme on
les voit dans la majolique, se distinguent par une grande delicatesse et une grande variete de ton.
Ses oeuvres possedent, d'ailleurs, un tres-haut merite au point de vue de l'art; mais nous trouvons
a redire, dans l'interet de l'art et du bon gout, contre le cachet lascif et peu modeste qui
caracterise ses figures de femmes.