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Ducuing, François [Hrsg.]
L' Exposition Universelle de ... illustrée (Band 1) — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.2079#0070
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L'EXPOSITION UNIVERSELLE

le long d'une allée, on les réunisse en groupe;
qu'au lieu de les tailler jusqu'au vif, on leur
permette de croître à l'aise. Quel admirable
bosquet d"aurait-on pas? Aux premiers Froids,
les mêmes ouvriers qui voiturent les caisses
vers l'orangerie, apporteraient l'orangerie en
détail et la construiraient autour des ai luis.
Quand la toiture deviendrait irop liasse, on
['élèverait par un système analogue à la
hausse îles nielles. .Mais c'est assez parler de
ce qui manque; je reviens à ce qui est.

La serre de M. Dormots est un véritable
monument de 1er et de verre; un palaisaérien
d'une audace inouïe jusqu'à ce jour. On y
transplanterait tous Ips palmiers d'une oasis,
(fu'ils y végéteraient à l'aise Pour le mo-
ment il n'y pousse guère que des maçons,

des vitriers, et autres productions de la civi-
li.-aiîon parisienne; mais tout vient à point ;ï
qui sait attendre. J'ai déjà aperçu, à travers
les vitrages, un dattier et un palmier nain ;
palieDcel Nous en verrons bien d'autres. Une
faut qu'un peu d'imagination [tour se repré-
senter les merveilles qui vont foisonner sous
dôme. Élevez au superlatif la grande
serre, si bien décorée, du jardin d'acclimata-
tion.

M. Dormois a construit ce noble et bril-
lant édifice : M. Célart l'a vitre; MM. Cerhe-
latid et Gervais se font fort de le chauffer.
Dans la saison qui vient, leur besogne sera
facile: mais si nous étions eu décembre, il
faudrait voir. Qui s;iit si L'expérience ne se
fera pas l'hiver prochain? Car il est difficile et
douloureux de supposer qu'on ait construit
tant de belles choses pour les je'er lias dans
six mois.

En avant de la serre monumentale, M. Ho-
cbereau a construit un vestibule immense
qu'on appelle salon d honneur. La grande
série et le salon géant qui la précède servi-
ront à l'exposition successive des collec-
tions qui viendront disputer les prix.

Ce delilé de plantes en pots ou en caisses
a commencé il y a quinze jours; il durera
toute la tai=on. Les récompenses à donner
sont innombrables: ou a pris soin d'échelon-
ner les concours. Déjà le Moniteur a public
une longue liste de médailles, nous avons
déjà vu on concours de légumes- et de fruits
conservés, un concours de primeurs où les
raisins, les cerises et les fraises de 1867
vous mettaient l'eau a la bouche. Les prime-
vères de Chine, les cyclamens, les azalées,
les cinéraires, les ericas, les rosiers forcés,
les camellias, les broméliacées, leaagavés, les
orchidées et vingt autres familles éblouis-
saules ou curieuses sont logées pour t'instanl
dans les diverses serres du jardin. Avantbuil
jours, vous verrez fleurir une collection d'aza-
lées anglaise-, ailmiralileineniconduiles, tail-
lées eu cône, et qui, de la hase au sommet,
seront lout lleur. J'aime à croire qu'il n'y en
aura pas de doubles. C'est un faux goût qui a
conduit certains jardiniers à doubler la Heur
■ le- az ilee-, cunmir rell.. des pélunias et des

volubilis, dont, le principal mérite est dans
une délicatesse transparente et frêle.

La serre hollandaise de M. Thirv, le long
de l'avenue de l'École militaire, renferme en
cemomeni une bien belle collection de cactus
,1c la recommande à vos étudt-s. Les cactus
ne soni pas élégants comme les lataniers ou

les dracœnas: on dirait des bobos de la na-
ture Mais celte variété dans l'horrible a son

charme, el d ailleurs les cactus les plus laids
donnenl souvent des fleurs exquises. L'hor-
ticulture a fait un tour de force invraisem-
blable en greffant les uns sur les aulres ces
tronçons de chair vcrdâlre. Sur le cierge,
qui est. rustique entre tous, on l'ail croître les
variétés les plus rares ci les plus délicates.

Le cierge (cereus remplit ici le mêi.....ôleque

le camellia simple dans la fabrication des ca-
mellias précieux. Les boutures se l'ont avec
le camellia simple, qui reprend bien, et l'on
y greffe un œil pris sur un sujet rare.

Dans le jardin d'hiver construit par
M. Herbaumont, on n'a pas fini d'admirer
une collection de camellias très-remarquables.
J'y ai deviné, sons une épaisse enveloppe de
iode, un pandanus, le plus beau peut-être
qui existe en France.

Chique jour renouvellera le mobilier de
ces maisons de verre, et la curiosité des ama-
teurs sera tenue en haleine jusqu'à la lin de
la saison.

IV

La Cascade.

Nul n'est tenu d'aimer les cascades; et les
rochers artificiels ne plaisent pas à lout. le
monde.

Os réserves dûment établies, j'ose avouer
mou faible pour l'eau qui tombe au milieu
des rochers vrais ou faux. Ce mouvement
continu et pourtant varie anime les jardins
et leur donne un air de vie; la vapeur d'un
ruisseau qui se pulvérise en tombant répand
dans l'air une fraîcheur visible et tangible, lit
puis, connaissez-vous rien de plus doux, de
plus discret et de plus harmonieux que cette
chanson des petites cascades? Les chansons
ilu théâtre moderne et ses cascades de goût
douteux me. charment beaucoup moins,
quant à moi.

Les rochers ont été confectionnés (c'est le
mot) par M. Combaz. Ils ont des formes va-
riées, agréables et assez rustiques. On les a
savamment émaillés d'arbustes verts. L'eau
tombe dans un petit lac où les carpes de
Fontainebleau doivent emménager la semaine
prochaine. Ces bonnes vieilles s'y griseront
le premier jour; elles boiront une eau fouet-
tée par le mouvement et si richement oxy-
génée que des truites de torrent s'en accom-
moderaient.

J'ai vu des charpentiers construire un petit
radeau que les Chinois déguiseront en île

flottante. Si l'expérience réussit, tous les
propriétaires d'étangs se donneront le luxe

d'une île llottanle avant six mois, et le moiri-
die bourgeois de Hueil lancera sur sa mare

■ Itelo

< he.

La profondeur du lac (puisqu'on l'appelle
ainsi n'est pris partout la même. Vous re-
marquerez vers le milieu un long banc de
bitume, qui s'étend tous l'eau de bout en
bout. Cet écueil sous-marin (pendant que
nous \ sommes! est. dans l'axe de l'École mi-
lilaire. Il vous représente un egout qu'il était
impossible de détruire, mais (pic M. Barillet
a rabaissé par un tour de force très-méri-
toire, dont personne ne lui saura gre, car le
public n'en, devinera rien

Les Aquariums.

Restons dans l'eau, si vous le voulez bien.
Il y a deux aquariums dans le jardin reserve.

Pourquoi dans le jardin plutôt que dans
le Parc '( Je crois que l'organisateur de ces
belles choses n'a pas dressé sou plan sans un
brin de philosophie, et que son idée est
celle-ci :

Il est boa, il est beau de cultiver la terre,
mais le jourarrive à grands pas où cela ne suf-
fira plus. Toute culture est un emprunt fait au
sol; or il e:-l impossible à l'emprunteur le
plus consciencieux de lui tendre l'équivalent
de ee qu'il eu a reçu. L homme ne crée ni ne
détruit rien, mais il transforme en mouve-
ment, en chaleur, en électricité, en pensée, le
pain, la viande et le vin que la terre lui a prê-
tés, et rien de tout cela ne retourneà la terre.
Nous lui rendons au jour le jour un sou d'en-
grais liquides et solides, nous eût-elle prèle
vingt francs. Cet engrais même est perdu
neuf fois sur dix : au lieu de remployer à
féconder les champs, nous en infectons len
rivières, par l'entremise des égouts. Les
cours d'eau naturels et artificiels charriée
incessamment à la mer les molécules les plu.
substantielles de la terre. Chaque goutte qu
s'écoule vers le grand réservoir de l'Oce;
nous appauvrit de quelque chose. La mer
nous donne peu, nous lui rendons beaucoup
Elle ne nous envoie sur l'aile des nuage;
que de l'eau distillée; nous lui renvoyons
de l'eau grasse, engraissée aux Irais de la
terre.

La mer, qui est deux fois plus étendue
que la terre ferme, est devenue avec le temps
un immense réservoir d'engrais. Elle est
riche de tout ce que nous perdons : le temps
approche où nous sentirons la nécessite de
compter avec elle. On connaît sua inépui
sable fécondité; on entrevoit à travers si
profondeurs les [dus sombres le fourmille-
ment infini des organismes qui pullulent en
elle; on sait qu'elle a de quoi restituer au

:
 
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