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Ducuing, François [Hrsg.]
L' Exposition Universelle de ... illustrée (Band 1) — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.2079#0082
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83

L'EXPOSITION UMVKRSELLE DE 1867 ILLUSTRÉE.

!

BOMMAIRE DE U 8' LIVRAISON,

1 U Service da Eaax au Champ de Van, parM.Fr. Du-
cuing. II. Les Installations russes, par M. le comte de
Castplhne. —IH- /-" Maison Norvégienne, par M. Léon
Riche. — IV. La Maison des Mineurs de HUm-'h P"
M. Fr. Ducuing, — V. La Porte d'Anvers, par M. A Poi-
tevin. — VI. Une Maison tmericaine, pur M Mali -
pine.—vil. Le Pavillon des < loches, parM.Fr. Ducuing.
— VIII. Le Restaurant des Ouvriers, par M. Fr. Du-
e.uing. — IX. Billancourt, par M. À.. L. — X. I » Pont
•tu quai d'Orsay, par M. Chirac. — XI. L'Êcuriede
Chamea ix, par M. Fr. Ducuing. — XII. Chronique,
par M. Fr. Ducuing.

Le service des Eaux au Champ de Mars.

Savez-vous ce que représente ce dessin que
artiste a mélancoliquement intitulé : Les
aines, où l'on voit une tour croulante assise
des rochers couverts de ronces et de cy-
thises, et d'où s'épanchent des cascades atti-
rées par un lac qui recuit leur tribut?

L'ingénieur se cache là derrière le peintre.
Cela vous représente le Chàteau-d'eau du
Champ de Mars. C'est de cette tour en ruines
que partent les conduites d'eau qui alimen-
tent et la cascade et les générateurs altérés, qui
Forment sentinelles autour du Palais.

Regardez à 1 intérieur de. la tour, vous y
verrez un réservoir en tûle de quatre mètres
de diamètre sur cinq mètres de hauteur. Ce
réservoir est alimenté lui-même par des pom-
pes puissantes situées dans deux hangars de
chaque côté du passage pratiqué sous le quai
il Orsay. Ces pompes sont au nombre de cinq,
deux dans le hangar en amont, trois dans le
hcingaren aval. Chacune d'elles mériterait un
examen spécial; car chacune est régie par un
système différent. Mais cela nous éloignerait
du but que nous voulons atteindre, et qui est
d'expliquer dans son ensemble le service très-
compliqué de la distribution des eaux dans
le Champ de Mars.

Au moyen de conduites diverses, ces pompes
aspirent l'eau de la Seine, pour l'envoyer,
l'une dans le lac placé 60us le phare, les au-
tres dans le réservoir du Château-d'eau dont
nous avons parlé. Elles sont secondées dans
cel office par les puissantes machines duFried-
land, construis dans les chantiers d'Indret
et exposées sous le hangar des machines de
la marine française. Les machines du Fried-
land donnent un secours gratuit, pendant cer-
laines heures du jour, aux pompes aspirantes
qui, elles, se font payer un centime par mètre
cube d'eau élevé.

De crainte que le service ainsi organisé ne
suffise pas, et pour parer aux accidents, on a
fait deux appels de prise d'eau dans les con-
duites de la ville, l'un sur l'avenue de La
lîourdonoaye, l'autre sur l'avenue de Lamotte-
Piquet.

Vous croyez que c'est là tout ce que l'on a
eu'rn té pour le service des eaux dans le Champ
de Mars ? Détrompez-vous. Nous n'avons en-
core parlé que de ce qu'on nomme le service
bas. Les conduites commandées pour le Chà-
teau-d'eau ne sont soumises qu'à la faible
pression de 8m00, c'est-à-dire de moins
d'une atmosphère, et ne peuvent desservir que
les parties peu élevées du Palais et du Parc.

Parlons donc du service haut, auquel la
conduite principaledu service bas se relie dans
la direction du Palais dont elle fait le tour
par la galerie circulaire d'aérage, pour l'ali-
mentation de tous les moteurs et de tous les
besoins du Palais.

Ce qu'on nomme le service haut comprend
l'ensemble des canalisations alimentées par
un réservoir spécial, construit sur le sommet
du Trocadéro, à trente-cinq mètresau-dcssus
du niveau du sol du Champ de Mars. Cette
hauteur correspond à une pression de plus de
trois atmosphères. Le réservoir du Trocadéro,
situé tout proche du nouveau boulevard Ma-
Idkoff, a une capacité de h 000 mètres cubes.
Il est lui même alimenté par des machines
élévatoires de la puissance de vingt-cinq che-
vaux, installées sur la berge de la rive gauche
de la Seine, en aval immédiat du pont d'Iéna.
Mais, par précaution contre les accidents qui
pourraient arrêter le fonctionnement des ma-
chines élévatoires, l'on a eu soin de se mé-
nager une prise d'eau directement sur les
conduites de la ville, comme on l'a fait aussi
pour le service bas.

Une conduite d'eau forcée part de l'usine,
suit un canal pratiqué dans l'entablement
même du pont d'Iéna, monte au réservoir du
Trocadéro, d'où l'eau emmagasinée redescend
vers le Champ de Mars par une autre con-
duite ménagée sous le trottoir du pont.

C'est par celte canalisation qu'on alimente
les jets d'eau du Palais et du Parc, et les bou-
ches d'incendie et d'arrosage. Descendant
vers le Champ de Mars par le pont d'Iéna,
elle traverse le Palais dans toute sa longueur
avec un diamètre de O™, 35. A son point de
rencontre avec le grand boulevard circulaire
du Parc, elle s'embranche dans une conduite
de 0m 25, qui suit tout le pourtour de l'allée.

A son passage dans le jardin central du
Palais, elle se subdivise encore en conduites
de 0œ,100 de diamètre, qui rayonnent dans
tous les sens pour alimenter les jets d'eau et
les nombreuses bouches d'incendie ménagées
dans l'intérieur des galeries, puis les bou-
ches d'arrosage distribuées dans le Parc.

Les bouches d'arrosage, c'est le superflu ;
mais le nécessaire, c'étaient les bouches d'in-
cendie pour préserver les immenses richesses
contenues dans ce palais des merveilles. On
en a mis à la rencontre de toutes les allées
circulaires avec les coupes rayonnantes; on
en a placé aussi extérieurement sous le pro-
menoir couvert et même dans les prolonge-
ments des rues rayonnantes vers le Parc, alin
de faciliter le jeu des pompes en cas d'accident.

Est-ce que jamais nu avait pris de telles
précautions et emmagasiné de telles ressour-
ces dans aucune exposition précédente? Cas-
cades, lacs, jets d'eau, bouches d'arrosage et
d'incendie, alimentai ion de plus de deux cents
constructions dans le Parc; jamais rien de
semblable n'avait été ni prévu, ni même
imaginé. Soulevez les trappes du plancher
de la galerie des machines, vous trouvez
dessous une véritable nappe d'eau. C'eRt
merveilleux! N'y aurait-il que cela, la créa-
tion du Champ de Mars dépasserait tout ce
qu'on a vu.

Comme pour la canalisation de la ville de
Paris, toutes les conduites d'eau au Champ de
Mars sont en fonte et posées sur des joints
dits à bagne, scellés au plomb, ce qui offre
l'immense avantage de pouvoir remplacer les
tuyaux détériorés, sans être obligé aux lon-
gues solutions de continuité, comme cela ar-
rive avec les tuyaux à emboîtement.

La pose de ces innombrables conduites a
présenté des difficultés que le public ne soup-
çonne guère. Longuement étudié et métho-
diquement préparé par M. l'ingénieur Four-
nie, le travail a dû être entrepris dans une
saison très-mauvaise et pluvieuse. Il a fallu
beaucoup d'habileté et d'expérience aux en-
trepreneurs pour exécuter les travaux au mi-
lieu des embarras des constructions du Palais
cl du Parc, dans des terres fraîchement rap-
portées et incessamment détrempées par la
pluie.

C'est M. Mounot, chef de section, qui a
dirigé les travaux au compte de la Commis-
sion impériale : la dépense n'a pas dépassé
200000 francs. C'est pourquoi l'eau a pu
être livrée aux particuliers au prix de dix
centimes le mètre cube; c'est-à-dire meilleur
marché qu'à la ville, et sans minimum de
consommation imposé.

La diflicullé la plus réelle a été le refouille-
ment sous le trottoir du pont d'Iéna pour le
double passage de la conduite de 0m, 35 qui
monte au Trocadéro et en redescend. M. Vau-
dray, ingénieur en chef de la navigation d
la Seine, a prêté son actif et intelligent con-
cours à ce travail.

Nous parlerons une autre fois du service
d'eau filtrée. Le filtrage se fait instantanément
dans une conduite de 0'",I00 qui suffit à tous
les besoins d'eau potable du Palais et du Parc,
et à l'alimentation des aquariums.

La même exploration que nous avons en
treprise pour le service des eaux, nous di
vrions la recommencer pour le service du gaz.
Chaque chose viendra à son heure; la route
est longue devant nous.

Il est bon d'édifier le public sur tout ce
qu'on l'ait au Champ de Mars pour son agré-
ment ou sa satisfaction. Cette divulgation
Bervira de paratonnerre à son ingratitude,
aussi bien en dedans qu'au delà de nos fron-
tières. La justice a la marche lente et le pied
boiteux; mais elle arrive pourtant.

Fr. Di;cuiNG.

e

it
us

i

z.
 
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