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L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 18ti7 ILLUSTREE.
qu'une idée générale de l'exposition agricole;
nous comptons en donner un jour une des-
cription détaillée.- et une livraison spéciale
sera consacrée à l'examen des instruments et
des animaux qui auronl obtenu les princi-
pales récompenses.
A. L.
i
Le pont du quai d'Orsay.
I n vallonnement qui part de l'allée circu-
laire du phare, el va atteindre la berge de la
Seine, met en communication le Parc de
l'Exposition universelle avec les quais d'ar-
rivages des bateaux à vapeur.
Comme rien n'est inutile dons une Expo-
sition, on a eu soin de faire servir le pont
qui permetdene pas interrompre la circula-
tion sur le quai d'Orsay à l'exhibition spé-
ciale d'un Bystème nouveau.
Nous sommes bien loin aujourd'hui des
passerelles primitives faites d'un tronc d'arbre
jeté sur une rivière; et si la construction des
ponts a fait dans ce dernier temps, soit au
point de vue mécanique, soit au poinl de
vuede l'économie, d'immenses progrès,c'est
à la multiplication dévoies ferrées que nous
en devons la réalisation.
Les charges les plus lourdes, les arches
les plus hardies, les distances les plus
grandes, sont supportées, jetées, franchies,
avec une aisance qui étonne notre esprit pour
peu que l'observation et le calcul nous lassent
méditer un moment sur les difficultés à vain-
cre. Les enjambées gigantesques de ces arcs
métalliques jetés sur l'espace, avec une har-
diesse qui ne doit en rien exclure la solidité,
forment tout un poème scientifique dont la
solution appartient aux ingénieurs et aux
constructeurs.
On ne saurait se faire une idée des pré-
cautions et de la prudence qui président aux
expériences, auxquelles est soumis un pont
nouvellement construit.
Quand le pont du quai d'Orsay a été ter-
miné, les ingénieurs des ponts et chaussées,
MM. Buffet et Foulard avec le concours de
M. Cheysson, ont présidé eux-mêmes aux
expériences suivantes : Une première charge
de 500 kilogrammes par mètre carré du ta-
blier formant la surface du pont a été im-
posée; elle constituait un poids total de
200 000 kilogrammes.
Les calculs faisaient prévoir un fléchisse-
ment régulier et apprécié d'avance, l'expé-
rience a justifié les prévisions.
Après cette première épreuve, on a fait
passer sur le pont deux voitures à un seul
tssieu, portant une charge de 12 000 kilo-
grammes etattelees de cinq chevaux.
Aucune déformation ne s'est produite. Le
pont a été franchi de front, en sens contraire,
en travers et en ligne droite, par ce même
attelage, et les trente appareils placés pour
mesurer les abaissements el les relèvements
n'ont pas indiqué sur chacun des points
observés une variation supérieure à sept mil-
limètres.
Tout était favorable à la Bolidité, et des ce
moment le pont fut livré à l.i circulation des
voitures de toutes charges et de tout attelage.
Ces genres d'expériences ont quelque
chose de solennel, quand on pense que de
leurs déductions dépend la vie d'un certain
nombre d'hommes qui franchiront ce pas-
sage journellement encombré, et ou ne peul
s'empêcher d'admirer sans réserve, l'intelli-
gente sollicitude qui veille au nom de ta
science à la sécurité des voies publiques.
Ce n'est pas tout que de construire un
pont dans les conditions de permanence et
de solidité désirable; la multiplication de
voies de transport, et les dépenses énormes
dont elles chargent les budgets des compa-
gnie-, des villes, des États, réclamaient une
solution économique d'une importance in-
discutable.
Ici nous entrons dans le détail des mérites
spéciaux du pont exposé.
La fonte el le fer avaient été jusqu'à présent
employés presque seuls, soiten concours avec
la pierre, soit en concours avec le bois pour
construire les ponts destinés à différents
usages.
Un métal nouveau est ici appliqué pour la
première fois; c'est l'acier de liessmer.
L'emploi de ce métal présente un coeffi-
cient de sécurité plus élevé que celui du fer
et de la fonte. En effet, le rapport entre les
charges de rupture de ces deux métaux est
comme six est à dix ; les ouvrages à longue
portée deviennent dès lors possibles et la ré-
duction ou la suppression des points d'appui
au milieu des obstacles à franchir réalise déjà
une notable économie.
La portée du pont exposé est de 25 mètres
sur une largeur de 21 mètres entre garde-
corps.
Tous les arcs de ferme sont en métal de
Bessmer; le pont lui-même est composé dans
le type en arc avec des tympans en treillis,
dont les avantages sont considérables au poinl
de vue de la construction.
Ils fournissent la possibilité de répartir
avec une égalité proportionnelle et mathéma-
tique la charge due au tablier sur tous les
[joints des arcs de portée. Il n'est pas besoin
d'être ingénieur pour comprendre que le
poids d'une charge, concentré par un vice
de construction surnn point quelconque, pré-
sente un danger sérieux, tandis qu'une ré-
partition sur tous les points de soutènement
diminue d'autant le poids général et divise
les effets de fléchissement.
En mécanique comme en politique, la
devise adoptée par Catherine de Russie est
vraie : Divide ut impera : Divise si tu veux
vaincre.
Simplifier les éléments de construction, et
ramener les charges sur une portée d'une so-
lidité éprouvée et garantie par la nature du
métal lui-même, en outre, obtenir une écono-
mie notable dans l'exécution, tel est le mé-
rite intrinsèque du pont du quai d'Orsay.
La science d<ms les calculs positifs vise
toujours plus à l'utile qu'à l'agréable. Pou,,
nous, qui voudrions que l'art fût fraternelle-
ment et en toute circonstance aine à la
science, nous avons examiné au point de vue*
de la forme ce pont dont les qualilés mécani-
ques nous sont maintenant connues.
Nous aurions peut-être désiré que la mo-
notonie de la ligue droite qui compose exclu-
sivement le sommet des triangles à bases
curvilignes situés sur les façades verticales
de droite et de gauche du pont, lût un peu
rompue par quelques ornements, destinés à
rendre moins sévère et moins aigu à l'œil son
aspect général.
Cependant les tympans à treillis sont moins
rudes de dessin que certains modes d'ajus-
tage employés, par exemple les fers à T, et
finissent en somme par donner un caractère
presque original à toute la construction elle-
même. Iinfin, si le charme artistique n'est
pas le point dominant de ce pont remarquable,
nous nous hâtons d'ajouter que ses qualités
sérieuses et pratiques lui ont mérité toute
notre attention et que nous nous faisons un
devoir de les reconnaître en les signalant.
A. Chirac.
xi
Une écurie de chameaux.
Que nous veut celte écurie de chameaux'.'
Est-ce que les chameaux ont un abri? Ils
vivent en plein air, sous le soleil et sous les
étoiles, habitués à toutes les fatigues, por-
tant tous les fardeaux, faisant provision
d'eau dans leur goitre pour traverser les
grands déserts anhydres, broutant au pas-
sage quelques pousses coriaces de palmier
nain, ou quelques touffes A'atfa plus coriaces
encore.
Sobre et infatigable, le chameau fournil
sans défaillance les plus longues courses.
On l'a comparé a un navire sur une mer de
sable. Plus utile que le mulet, il en a lesqua-
lités et les défauts. Comme lui, dur à la
marche et aux fardeaux, il est contrariant
comme lui. Il a l'air de protester éternelle-
ment contre la domination de l'hi.......e.
obéit en résistant toujours. Est-il debout? il
grogne pour se coucher : il grogne quand un
le décharge, aussi bien que quand on le
charge, Quand il a protesté à sa manière, sa
's
::
a
il
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L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 18ti7 ILLUSTREE.
qu'une idée générale de l'exposition agricole;
nous comptons en donner un jour une des-
cription détaillée.- et une livraison spéciale
sera consacrée à l'examen des instruments et
des animaux qui auronl obtenu les princi-
pales récompenses.
A. L.
i
Le pont du quai d'Orsay.
I n vallonnement qui part de l'allée circu-
laire du phare, el va atteindre la berge de la
Seine, met en communication le Parc de
l'Exposition universelle avec les quais d'ar-
rivages des bateaux à vapeur.
Comme rien n'est inutile dons une Expo-
sition, on a eu soin de faire servir le pont
qui permetdene pas interrompre la circula-
tion sur le quai d'Orsay à l'exhibition spé-
ciale d'un Bystème nouveau.
Nous sommes bien loin aujourd'hui des
passerelles primitives faites d'un tronc d'arbre
jeté sur une rivière; et si la construction des
ponts a fait dans ce dernier temps, soit au
point de vue mécanique, soit au poinl de
vuede l'économie, d'immenses progrès,c'est
à la multiplication dévoies ferrées que nous
en devons la réalisation.
Les charges les plus lourdes, les arches
les plus hardies, les distances les plus
grandes, sont supportées, jetées, franchies,
avec une aisance qui étonne notre esprit pour
peu que l'observation et le calcul nous lassent
méditer un moment sur les difficultés à vain-
cre. Les enjambées gigantesques de ces arcs
métalliques jetés sur l'espace, avec une har-
diesse qui ne doit en rien exclure la solidité,
forment tout un poème scientifique dont la
solution appartient aux ingénieurs et aux
constructeurs.
On ne saurait se faire une idée des pré-
cautions et de la prudence qui président aux
expériences, auxquelles est soumis un pont
nouvellement construit.
Quand le pont du quai d'Orsay a été ter-
miné, les ingénieurs des ponts et chaussées,
MM. Buffet et Foulard avec le concours de
M. Cheysson, ont présidé eux-mêmes aux
expériences suivantes : Une première charge
de 500 kilogrammes par mètre carré du ta-
blier formant la surface du pont a été im-
posée; elle constituait un poids total de
200 000 kilogrammes.
Les calculs faisaient prévoir un fléchisse-
ment régulier et apprécié d'avance, l'expé-
rience a justifié les prévisions.
Après cette première épreuve, on a fait
passer sur le pont deux voitures à un seul
tssieu, portant une charge de 12 000 kilo-
grammes etattelees de cinq chevaux.
Aucune déformation ne s'est produite. Le
pont a été franchi de front, en sens contraire,
en travers et en ligne droite, par ce même
attelage, et les trente appareils placés pour
mesurer les abaissements el les relèvements
n'ont pas indiqué sur chacun des points
observés une variation supérieure à sept mil-
limètres.
Tout était favorable à la Bolidité, et des ce
moment le pont fut livré à l.i circulation des
voitures de toutes charges et de tout attelage.
Ces genres d'expériences ont quelque
chose de solennel, quand on pense que de
leurs déductions dépend la vie d'un certain
nombre d'hommes qui franchiront ce pas-
sage journellement encombré, et ou ne peul
s'empêcher d'admirer sans réserve, l'intelli-
gente sollicitude qui veille au nom de ta
science à la sécurité des voies publiques.
Ce n'est pas tout que de construire un
pont dans les conditions de permanence et
de solidité désirable; la multiplication de
voies de transport, et les dépenses énormes
dont elles chargent les budgets des compa-
gnie-, des villes, des États, réclamaient une
solution économique d'une importance in-
discutable.
Ici nous entrons dans le détail des mérites
spéciaux du pont exposé.
La fonte el le fer avaient été jusqu'à présent
employés presque seuls, soiten concours avec
la pierre, soit en concours avec le bois pour
construire les ponts destinés à différents
usages.
Un métal nouveau est ici appliqué pour la
première fois; c'est l'acier de liessmer.
L'emploi de ce métal présente un coeffi-
cient de sécurité plus élevé que celui du fer
et de la fonte. En effet, le rapport entre les
charges de rupture de ces deux métaux est
comme six est à dix ; les ouvrages à longue
portée deviennent dès lors possibles et la ré-
duction ou la suppression des points d'appui
au milieu des obstacles à franchir réalise déjà
une notable économie.
La portée du pont exposé est de 25 mètres
sur une largeur de 21 mètres entre garde-
corps.
Tous les arcs de ferme sont en métal de
Bessmer; le pont lui-même est composé dans
le type en arc avec des tympans en treillis,
dont les avantages sont considérables au poinl
de vue de la construction.
Ils fournissent la possibilité de répartir
avec une égalité proportionnelle et mathéma-
tique la charge due au tablier sur tous les
[joints des arcs de portée. Il n'est pas besoin
d'être ingénieur pour comprendre que le
poids d'une charge, concentré par un vice
de construction surnn point quelconque, pré-
sente un danger sérieux, tandis qu'une ré-
partition sur tous les points de soutènement
diminue d'autant le poids général et divise
les effets de fléchissement.
En mécanique comme en politique, la
devise adoptée par Catherine de Russie est
vraie : Divide ut impera : Divise si tu veux
vaincre.
Simplifier les éléments de construction, et
ramener les charges sur une portée d'une so-
lidité éprouvée et garantie par la nature du
métal lui-même, en outre, obtenir une écono-
mie notable dans l'exécution, tel est le mé-
rite intrinsèque du pont du quai d'Orsay.
La science d<ms les calculs positifs vise
toujours plus à l'utile qu'à l'agréable. Pou,,
nous, qui voudrions que l'art fût fraternelle-
ment et en toute circonstance aine à la
science, nous avons examiné au point de vue*
de la forme ce pont dont les qualilés mécani-
ques nous sont maintenant connues.
Nous aurions peut-être désiré que la mo-
notonie de la ligue droite qui compose exclu-
sivement le sommet des triangles à bases
curvilignes situés sur les façades verticales
de droite et de gauche du pont, lût un peu
rompue par quelques ornements, destinés à
rendre moins sévère et moins aigu à l'œil son
aspect général.
Cependant les tympans à treillis sont moins
rudes de dessin que certains modes d'ajus-
tage employés, par exemple les fers à T, et
finissent en somme par donner un caractère
presque original à toute la construction elle-
même. Iinfin, si le charme artistique n'est
pas le point dominant de ce pont remarquable,
nous nous hâtons d'ajouter que ses qualités
sérieuses et pratiques lui ont mérité toute
notre attention et que nous nous faisons un
devoir de les reconnaître en les signalant.
A. Chirac.
xi
Une écurie de chameaux.
Que nous veut celte écurie de chameaux'.'
Est-ce que les chameaux ont un abri? Ils
vivent en plein air, sous le soleil et sous les
étoiles, habitués à toutes les fatigues, por-
tant tous les fardeaux, faisant provision
d'eau dans leur goitre pour traverser les
grands déserts anhydres, broutant au pas-
sage quelques pousses coriaces de palmier
nain, ou quelques touffes A'atfa plus coriaces
encore.
Sobre et infatigable, le chameau fournil
sans défaillance les plus longues courses.
On l'a comparé a un navire sur une mer de
sable. Plus utile que le mulet, il en a lesqua-
lités et les défauts. Comme lui, dur à la
marche et aux fardeaux, il est contrariant
comme lui. Il a l'air de protester éternelle-
ment contre la domination de l'hi.......e.
obéit en résistant toujours. Est-il debout? il
grogne pour se coucher : il grogne quand un
le décharge, aussi bien que quand on le
charge, Quand il a protesté à sa manière, sa
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