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Ducuing, François [Hrsg.]
L' Exposition Universelle de ... illustrée (Band 1) — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.2079#0111
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L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 ILLUSTRÉE.

111

la statue de Dante que coulée dans le bronze.
Il est de même impossible de se figurer la
statue de Virgile autrement que taillée d'un
ciseau habile et soigneux dans un bloc de ce
marbre du Pausilippe, qu'il a chantejadis, ou
tuut au moins dans un marbre qui lui res-
semble par la pureté sans tache et l'immuable

éclat.

Octave Lacroix.

VI

La Salle des conférences.

L'architecte qui a construit la Salle des
conférences a dû laisser dans sa conception
générale une large place à l'imprévu. — La
science en est à ce point arrivée de nos jours
qu'il faut de sa part s'attendre à tous les pro-
diges.

La disposition d'ensemble de l'édiûce est
comprise dans un style simple et sévère; le
grand axe qui domine toute porte par laquelle
doit avoir accès notre grande souveraine du
dix-neuvième siècle, la science, laisse com-
prendre que là est l'asile des grandes concep-
tions et des grands prodiges. Deux rotondes
lermées s'avancent sur la façade, semblables
à deux bras tendus vers le passant pour l'in-
vitera pénétrer dans le temple du génie hu-
main.

L'intérieur de la salle est orné avec goût,
et svmbolise les diverses gloires de la France.
Des gradins sont disposés en pente douce et
ménagée habilement de façon à ne gêner la
vue de personne.

L'acoustique est également étudiée avec
conscience.

L'éclairage qui empruntera, selon les
heures, aux vitraux leur couleur chatoyante
et leur effet si doux à l'œil, au gaz, au ma-
gnésium, à l'électricité, leurs engins et leurs
matières premières, complétera par ses nou-
veautés le caractère de ce monument, véri-
table et dernière expression du progrès de
notre époque.

La chaire du conférencier sera placée de
façon à pouvoir favoriser les démonstrations
laites sur l'image projetée, et dont la place
est toute prévue dans ce grand panneau qui
s'étale en face du public, et qui le sépare du
laboratoire destiné à préparer le mécanisme
des merveilles qu'on lui expliquera.

Des dégagements sont ménagés en nom-
bre suffisant, l'aération est très-bien com-
prise, et nous no pouvons même achever
celte description qu'en félicitant 1 architecte,
M. Yllard, du talent qu'il a déployé dans
celte construction, tant au point de vue ar-
chitectural qu'au point de vue scientifique.
Maintenant à l'œuvre, messieurs les con-
férenciers, un large programme vous est
tracé : le point de vue historique et le point
de vue technique vous ouvrent une carrière
bien belle à parcourir.

Savoir comment sont sorties du néant ces
inventions qui étonnent notre imagination,
connaître leurs auteurs, apprendre quels
obstacles étaient amoncelés, et comment la
persévérance aidée du génie a pu les renver-
ser; apprécier ensuite l'utilité de ces mêmes
découvertes et en voir jaillir sous les yeux
les étincelantes déductions; voilà la noble
lâche qui vous est confiée, et nous sommes
assuré d'avance que vous serez à la hauteur
de votre mission.

A. Chirac.

CHR0NIQU15.

Le Great-Eastem est, comme vous le savez,
le roi île l'Oeéan : il a accompli un prodige
bien autrement fabuleux que celui des Ar-
gonautes, allant à la conquête de la toison
d'or : il a fixé le câble transatlantique. Nep-
tune, dieu jaloux, ne peut pas pardonner
au rival qui le détrône. Le navire géant, sous
le poids de cette colère olympienne, semble
voué aux aventures sans terme. Il est même
exposé au roulis, comme un simple mortel,
ce qui ne l'a pas empêché d'arriver à son but,
et de débarquer en fin de compte quelques
milliers d'Américains sur nos côtes. Si les
débarqués nous tendent la main, nous la ser-
rerons avec cordialité.

Le Great-Eastem, qui n'est pas venu pour
se l'aire voir, va repartir pour aller prendre
de nouveaux passagers. Que le courroux de
Neptune lui soit léger, et que les flots domp-
tés nous le ramènent!

Je voudrais bien, comme on dit, travailler
en ce moment pour le roi de Prusse. Qu'il
vienne avec la paix et le soleil, ainsi qu'avec
son frère de Russie, comme on l'annonce. Il
sera aussi bien venu que te Great-Eastcrn, —
à son retour.

C'est singulier comme l'humeur change
avec la paix et le soleil ! Je ne suis plus altéré
de l'eau du Rhin, je vous le jure; et les Prus-
siens sont mes amis, à l'épreuve à tout ve-
nant, — sabre de bois !

La seule chose que je redoute désormais
pour le succès de l'Exposition, que chacun
consent à trouver merveilleuse, c'est la ques-
tion des transports.

On a déjà fait bien des choses que mes
humbles vœux avaient sollicitées. On a mis
des sir^es sur la plate-forme de la nef des
machines. Les omnibus ont consenti à passer
les ponts; les Mouches ont quintuplé leurser-
vice. Quant au chemin de fer, il est comme
saint Sylvestre, il arrive toujours le dernier.

Le chemin de fer, en partant deux fois par
heure du Champ de Mars, depuis six heures du
soir jusqu'à minuit, ne pourrait guère rame-
ner que dix nulle visiteurs. Les Mouches, en
partant dix fuis par heure, ,ie pourraient guère
écouler hors du Champ de Mars, à partir de
six. heures du soir, que sept mille visiteurs
jusqu'à minuit, à 130 personnes par départ.

Comment arriverons-nous à l'extradition
quotidienne de cinquante mille insurgés du
Champ de Mars? — Dimanche dernier, la po-
pulation envahissante a certainement dépassé
cent mille âmes, et la recette a atteint
64000 fr.

De voitures disponibles autour du Champ
de Mars, il n'en faut pas parler, malgré le
service télégraphique, parfaitement inutile,
qu'on a installé pour l'appel des voitures
avoisinantes.

Je suppose, à la quantité de provinciaux
qui envahissent Paris, — car il y a à Paris
plus de provinciaux que d'étrangers, — je
suppose, dis-je, que les Villes de département
n'ont plus besoin'de voitures. Je m'étais
laissé dire également que la Ville de Paris pou-
vait obliger la Compagnie des omnibus à
approvisionner la capitale du nombre de voi-
tures nécessaire à sa circulation. Ce cahier de
charges me semblerait sans doute fort rigou-
reux, si'l n'était invoqué que pour la cir-
constance. Aussi avais-je pensé que, si la
Compagnie des omnibus pouvait louer à cer-
taines villes de département la quantité de
voilures attelées, inutiles momentanément au
service desdites villes, ce serait peut-être là
un compromis qui sauverait bien des choses.

Ce n'est point par badinage que je hasarde
ce conseil.

Car, enfin, il serait bien temps de songer
à ces malheureux concessionnaires qui ne
peuvent rentrer dans leurs dépenses que par
les récréations du soir au Champ de Mars. Or,
les visiteurs, tant qu'ils ne seront pas sûrs de
pouvoir repartir à toute heure, ne consenti-
ront jamais à passer la soirée hors de Paris.
Ils aimeraient mieux ne pas aller au Champ
de Mars, s'ils n étaient pas sûrs d'en pouvoir
revenir.

Voilà pourtant où ils en sont encore au-
jourd hii i ; et c'est déjà un miracle de l'Expo-
sition qu'elle attire et retienne tant de monde,
avec cette incertitude du retour.

Que le Phare allume sa lanterne, que le
Parc illumine, que les appareils électriques
essayent leurs projections, aux accompagne-
ments joyeux du Pavillon des cloches, que
les artificiers même y ajoutent leurs irradia-
tions; — sous celte prodigalité de lumières,
je ne verrai que des âmes en peine cherchant
une issue, et ne la trouvant pas.

Passe encore pour le Théâtre international.
Ce théâtre n'a que 1200 places; mais la scène
est plus vaste que la salle, ce qui me donne-
rait à penser qu'on y prépare de grandes ma-
chineries, et des pièces aristophanesques qui
demandent presque autant de mise en scène
que des opéras et des féeries.

Le ihéâlre du Champ de Mars, qui va ou-
vrir ses portes au public, a déjà son réper-
toire tout prêt, et tous ses artistes engagés.
Parmi les pièces dont les répétitions sont
achevées, on cite deux opéras-comiques, le
Garde-Chasse et la \oce bretonne. Les ar-
tistes les plus renommés d'Europe passeront
 
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