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Ducuing, François [Hrsg.]
L' Exposition Universelle de ... illustrée (Band 1) — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.2079#0159
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L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1807 ILLUSTREE.

au milieu des charmantes baigneuses de l'air

dont on acclamerait ou saluerait des sœurs.

Girardon, vous le savez, appartient tout
entier au dix-septième siècle, à la date du
goût sévère encore et des beautés décentes.
II a hérité des meilleures traditions de la Re-
naissance, et bien que déjà l'amour des sen-
sualités commence à se lever pour la peinture
et la sculpture, lui, il se tient, sans broncher,
sur la limite, mais en deçà et du côté de
l'art sérieux.

Ses naïades et ses nymphes ont une purefé
de formes et une sveltesse, une délicieuse
simplicité d'attitude et d'expression qu'on ne
retrouvera plus après lui, sous les influences
de S. A. R. Monseigneur le récent. A ce mo-
ment, ce qu'on prise avant tout et ce qu'on
recherche, c'est la beauté charnue , un peu
lourde, maniérée et provoquante dans sa
pose, et ne laissant pas de tenter etd'affrian-
der le regard par je ne sais quoi d'effronté
jusque dans le regard et dans le sourire. De
là les peintures de Boucher et les sculptures
de Coustou. L'un et l'autre nous ont laissé de
parfaites images, d'authentiques témoins des
idées et des tendances d'un siècle où, sur un
fonds de matérialisme déterminé et raisonné,
on raffinait et on quintessenciait à perte
de vue.

Mais comparez les produits du dix-hui-
tième siècle avec les Bains de Diane et les
autres œuvres de Girardon ou de ses contem-
porains, et votre choix, quelles que soient
d'ailleurs vos pentes personnelles et vos in-
dulgences, n'hésitera point, je t'espère. *

Octave Lacroix.

CHRONIQUE.

« Décidément, l'Exposition de 1867 est
une chose très-réussie.»— Telle est la phrase
qui passe par toutes les bouches; et ceux qui
la prononcent le plus haut sont les con-
tempteurs de la veille. Ahl c'est une ter-
rible chose que d'assister aux préparatifs
d'un spectacle! Cela flétrit en herbe tous les
plaisirs de la fête. Eh bienl l'Exposition a
triomphé de cette épreuve. Ceux qui n'avaient
vu dans le Palais inachevé et démeublé du
Champ de Mars qu'un gazomètre, un gâteau
de Savoie — c'étaient les termes consacrés
et clichés — ce sont ceux-là qui s'exaltent
le plus aujourd'hui aux merveilles qu'il
étale.

Loin de moi l'intention de diminuer en
rien le mérite des amendes honorables. Ce
nest point sans sujet que l'Evangile réserve
le salaire de l'ouvrier de la onzième heure.
Je pourrais ici, si j'avais le temps, exposer la
doctrine de l'ouvrier de la onzième heure : il
représente la conversion et la résipiscence.

C'est saint Paul sur la route de Hamas : c'est
la justice un peu lente mais arrivant à temps,
et d'autant mieux accueillie. C'est le concours
à une œuvre d'autant plus actif qu'il doit
compenser le retard : c'est, en un mot, le coup
de main de la fin.

On peut dire que le Champ de Mars, Parc
et Palais, a été aménagé et illustré par les
ouvriers de la onzième heure qui ont exigé
le salaire de l'Évangile. Mais aussi voyez
comme toutresplendit! Si seulement les An-
glais voulaient appliquer la doctrine dont je
viens de parler à leur phare interminable !

Il importe peu que je constate une fois de
plus le succès croissant de l'Exposition, moi
qui l'ai prévu et annoncé depuis si longtemps.
Mais que les hommes qui l'ont jusqu'ici cri-
tiquée et honnie, comme s'ils avaient voulu
en dégoûter l'Europe, en arriventaujourd'hui
à se démentir avec éclat et à reconnaître
loyalement qu'ils s'étaient trompés, — ce
sont là les témoignages de la onzième heure,
plus décisifs pour le triomphe que les dévo-
tions des vieux fidèles.

C'est comme une traînée de poudre dïen-
thousiasme et d'admiration qui éclate à la Ibis
dans toute l'Europe. Les convois de chemins
de fer se succèdent d'heure en heure, versant
sur Paris des flots de population.

Qu'importe que le ciel soit gris, que la
pluie tombe, que le vent du nord souffle,
comme si une banquise de glace s'était déta-
chée dupôle! L'Europe arrive, elleestarrivée,
et Paris est envahi, comme l'avait prédit un
peu ironiquement un grand ministre anglais.

\ 867 versera plus" d'argent à Paris que 1816,
sans compter que les nouveaux alliés escomp-
tent notre gloire, et non plus notre défaite.
Voyez la Banque de France, ce réservoir de
nos ressources. Nous y avons déjà entassé
près de 820 millions de numéraire. C'est
prodigieux et presque menaçant. Cet argent
inutile, mais présent, contribue plus qu'on
ne pense à la hausse toujours ascendante des
denrées.

Il deviendrabientùt impossible de traverser
le boulevard, tant les voitures chargées l'en-
combrent. Et pourtant, Paris n'a pas en ce
moment assez de voitures, on peut s'en con-
vaincre à toutes les heures du jour.

A ce propos, on a cherché à prouver par
des chiffres que les moyens de transport qui
convergent vers le Champ de Mars pouvaient
transporter jusqu'à 87 000 visiteurs par
jour, dans un des deux sens, soit aller, soit
retour. Je me défie un peu des statistiques,
et voici sur quoi se fondent mes défiances :
il est très-vrai que les voitures, les omnibus,
le chemin de fer et les bateaux à vapeur affec-
tés au service du Champ de Mars pourraient
charger 170 000 voyageurs dans les deux
sens, s'ils marchaient toujours à charge
pleine. Mais la voiture qui charge le matin
pour le Champ de Mars doit en revenir à
vide; car personne, a ces heures matinales,
ne retourne de l'Exposition, et tout le monde

y arrive. Jusqu'à quatre heures du soir, <m
trouve toujours trop de moyens de transport
autour du Champ de Mars; mais on n'en
trouve jamais assez à partir de six heures,
sans compter que les bateaux à vapeur ne
circulent plus à partir de sept heures, et que
1 omnibus de la Madeleine, supprimé à partir
de 8 heures du soir, cesse son service juste
au moment où il devrait commencer.

Voilà comment il se fait qu'avec une fa-
culté de transport de \ 70 000 voyageurs dans
les deux sens, les possibilités réelles ne sont
pas de la moitié.

Mais comme, au demeurant, tous les
moyens de transport sont encombrés aux
heures utiles, et qu'il y a au moins un tiers
de piétons, on peut calculer approximative-
ment que le C'hamp de Mars reçoit 115 000
visiteurs par jour. Nous comptons sur cet
ensemble 55 000 entrées de service, expo-
sants ou concessionnaires. La recette de di-
manche, 26 mai, a atteint 78000 fr., ce qui
suppose 125000 visiteurs au moins, abonnés
compris.

Nous donnons tous ces détails, moins pour
ceux de nos lecteurs qui ont visité l'Exposi-
tion, et joui du spectacle si animé et si varié
qu'elle présente, que pour ceux qui s'y inté-
ressent avant de l'avoir vue. Le succès crois-
sant de notre publication est une preuve que
personne, absents ou présents, n'est indiffé-
rent à ce qui se passe au Champ de Mars, ce
résumé du monde entier.

Les Francs tireurs des Vosges, au nombre
de 340, ont été logés par la Commission
d'encouragement pour les études des ou-
vriers, dans les bâtiments qu'elle a fait con-
struire à l'avenue Rapp. Ils sont venus à Paris
pour offrir une carabine d'honneur au Prince
impérial. Nous voudrions que les cent étu-
diants de Berlin, qui révent de la Lorraine et
de l'Alsace, pussent voir ces échantillons de
la population qu'ils veulent conquérir.

Ces braves chasseurs de montagne, avec
leur costume gris de lin, serré au flanc par
une ceinture de cuir qui porte leur cartou-
chière, et leur feutre allongé que décore la
plume de faisan fixée par la cocarde tricolore,
ont un air déterminé et martial qui fait hon-
neur au département des Vosges. Nous lui
faisons nos sincères compliments des échan-
tillons qu'il nous«nvoie. Le Prince Impérial
a passé, au Trocadérop la revue des Francs
tireurs des Vosges, et a paru y prendre plai-
sir. On dit que leur tir est aussi infaillible
que celui des Tyroliens, et ils ont des armes
meilleures. Le courage, l'adresse et la force,
telles sont les trois qualités qui semblent dis-
tinguer les Francs tireurs des Vosges. Ah! je
préviens les cent étudiants de Berlin qu'ils
auront fort à faire avec de pareils répliqueurs !

Aux Francs tireurs des Vosges succéde-
ront les Orphéonistes : mais ceux-ci sont
douze mille, et ils ont aussi une sorte d'or-
ganisation régimentaire. On n'a convoqué
que le premier ban, en tout six mille. On
 
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