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L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE (867 ILLUSTRÉE.
tive de l'aflluencc, nous dirons que les droits
d'entrée aux courses ontdépassé 280 000 fr.,
non compris les abonnements et les entrées
officielles.
Parlerai-je des splendeurs féeriques du bal
de l'Hôtel de ville, qui a clos cette semaine
d émotions. Il n'est pas de palais au monde
qui soit mieux fuit que l'Hôtel de ville pour
les réceptions magnifiques. Ses belles pro-
portions architecturales, ses dispositions in-
térieures qui sont des merveilles d'art et de
EOÛt, ses galeries somptueuses dont les enta-
blements attendent les corbeilles de fleurs,ses
salons ornés de tapisseries et de tableaux (le
prix, où l'on circule entre deux galeries pa-
rallèles, ce fameux escalier d'honneur dans
la cour intérieure, où des amours en marin
blanc semblent nager sur les (aux d'un bas-
sin où les lumières et les Heurs se mêlent;
tout dans ce palais municipal est digne du
peuple qui reçoit et des souverains qui vieil
tient l'honorer dans sa demeure.
Le czar, qui avait déjà éié assiégé la veille
par les innombrables félicitations qui se-
Utienl abattues sur l'Elysée après l'attentat,
et qui avait vu nos boulevards et nos rues
illuminés en signe de réjouissance, le czar,
en grand costume de lancier avec le dolman
brodé sur l'épaule, s'avançait ayant à son
bras l'Impératrice Eugénie; sa grande taille
et son air majestueux le signalaient à la
foule des invités qui se pressaient autour du
cortège impérial.
Ce qui semblait frapper le czar, ce n'était
pas la somptuosité des salons, où les Oeurt
et les bougies étaient prodiguées : il a des
salons plus grands et tout aussi somptueux
dans son palais d'hiver à Saint-Pétersbourg.
Mais celle foule ravie et expansive, cet em-
pressement qui garde l'ordre dans l'encom-
brement, celte familiarité de rapports qui ne
dépasse jamais les limites delà convenant;)
et qui rend le moindre d'entre nous digne di
toucher la main d'un empereur, — voilà ce
que le czar n'avait jamais vu et dont peut-
être il n'avait pas l'idée.
Dp même que pour l'Exposition, qui est
l'occasion de toutes ces fêles, on peut dire
que la réception de l'Hôtel de ville a élé bien
réussie, et le czar rapportera de celte Eele une
idée exacte de noire caractère et de nos senti-
ments.
Les émotions de la semaine ont nui ou
profité — je ne sais plus lequel — au
roi de Prusse. Entre les deux empereurs,
il a passé comme inaperçu à l'Hôtel de
ville.
Je dois, pour mon compte, faire amende
honorable au roi Guillaume : je ne l'avais vu
jusque-là qu'à travers son casque, tel que
LE JOUEUR DK MANDOLINE, slatue de M. D..bois
iiousl'avaitreprésentésonsculpteur, M. Drake.
Eli bien ! je dois avouer que la figure du roi
de Prusse me plaît infiniment, dès q-ie le cas-
que ne la contracte plus. Elle annonce un
caraclère heureux et bienveillant : la bonho-
mie et la iinesse s'y combinent dans une par
l'aile proportion. J'ai salué dans le roi de
Prusse un brave homme, dans la plus haute
acception du mot: pour un peu, je l'aurais
presque acclamé.
Revenons à l'Exposition dont ces fêtes, qui
s'y rapportent, nous ont éloigné. On aurait
pu prendre l'autre jour la Seine pour le Xil
et même avec un peu d'imagination crudité
pour le Nil de Cléopatre. Douze Nubiens ba-
sanés conduisaient une barque pavoisée sur
les eaux de la Seine. Cette barque allait re-
joindre une flottille remplie de princes et de
princesses, voguant vers Saint-Cloud. Espé-
rons, pour le salut de Billancourt, que cette
navigation de plaisance deviendra à la mode
pendant ces belles soirées d'été. L'heureux
amiral de cette charmanteArmada, M. Benoîl-
Cbampy, ne s'y épargnera pas, on peut m'en
croire.
Autre affaire : le procès des chaises est
jugé. Connaissez-vous le procès des chaises?
C'est pour l'Exposition une petite question
du Luxembourg. Il y a un concessionnaire
des chaises au Champ de Mars : il n'est pas
Prussien. Ce concessionnaire, qui n'a pas le
droit d'occuper le promenoir extérieur, veut
pourtant interdire aux restaurateurs, d'autres
concessionnaires, le droit de l'occuper eux-
mêmes, en un mot le droit de servir des con-
sommateurs, assis en dehors de l'enceinte
des restaurants. Les tribunaux ont donné
raison au concessionnaire de chaises : mais
lui ont-ils donné le droit d'attribuer aux res-
taurateurs, devenus ses tributaires, la faculté
qu'il n'a pas lui-même et que la Commission
impériale se réserve?
De quelque façon que ce procès finisse,
vous verrez que c'est le consommateur qui
en payera les frais.
D'où il suit que la Commission impériale
ï donné trop de concessions, et surtout qu'elle
en a accordé quelques-unes qu'elle aurait dû
retenir.
Le public se plaint, non pas seulement
l'avoir à payer pour s'asseuir au Champ de
.Mars, mais surtout de ne pas trouver de siè-
ges. C'est toujours l'éternelle scène de Figaro :
« Comment, monsieur, dit le publie au
concessionnaire, c'est de vous que je dépens?
— Mais il me semble que j'ai acheté ma
concession pour cela.
— Ah ! monsieur, c'est un grand abus de
les vendre.
— Oui, on aurait mieux l'ait de les donner
pour lien. »
l*Y. Ducuinc.
BUREAUX D'ABONNEMENTS
ADMINISTRATION, HU1 i R,[OAL£RlE SC PALA1S-Ï
-AU CllAMJ- I>l- WAÏO. HlHWi' Ul.b CATALOGUES.
Imprimerie générale de Ch. Lahure, rue de r'ieurus, 9, à Pans.
L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE (867 ILLUSTRÉE.
tive de l'aflluencc, nous dirons que les droits
d'entrée aux courses ontdépassé 280 000 fr.,
non compris les abonnements et les entrées
officielles.
Parlerai-je des splendeurs féeriques du bal
de l'Hôtel de ville, qui a clos cette semaine
d émotions. Il n'est pas de palais au monde
qui soit mieux fuit que l'Hôtel de ville pour
les réceptions magnifiques. Ses belles pro-
portions architecturales, ses dispositions in-
térieures qui sont des merveilles d'art et de
EOÛt, ses galeries somptueuses dont les enta-
blements attendent les corbeilles de fleurs,ses
salons ornés de tapisseries et de tableaux (le
prix, où l'on circule entre deux galeries pa-
rallèles, ce fameux escalier d'honneur dans
la cour intérieure, où des amours en marin
blanc semblent nager sur les (aux d'un bas-
sin où les lumières et les Heurs se mêlent;
tout dans ce palais municipal est digne du
peuple qui reçoit et des souverains qui vieil
tient l'honorer dans sa demeure.
Le czar, qui avait déjà éié assiégé la veille
par les innombrables félicitations qui se-
Utienl abattues sur l'Elysée après l'attentat,
et qui avait vu nos boulevards et nos rues
illuminés en signe de réjouissance, le czar,
en grand costume de lancier avec le dolman
brodé sur l'épaule, s'avançait ayant à son
bras l'Impératrice Eugénie; sa grande taille
et son air majestueux le signalaient à la
foule des invités qui se pressaient autour du
cortège impérial.
Ce qui semblait frapper le czar, ce n'était
pas la somptuosité des salons, où les Oeurt
et les bougies étaient prodiguées : il a des
salons plus grands et tout aussi somptueux
dans son palais d'hiver à Saint-Pétersbourg.
Mais celle foule ravie et expansive, cet em-
pressement qui garde l'ordre dans l'encom-
brement, celte familiarité de rapports qui ne
dépasse jamais les limites delà convenant;)
et qui rend le moindre d'entre nous digne di
toucher la main d'un empereur, — voilà ce
que le czar n'avait jamais vu et dont peut-
être il n'avait pas l'idée.
Dp même que pour l'Exposition, qui est
l'occasion de toutes ces fêles, on peut dire
que la réception de l'Hôtel de ville a élé bien
réussie, et le czar rapportera de celte Eele une
idée exacte de noire caractère et de nos senti-
ments.
Les émotions de la semaine ont nui ou
profité — je ne sais plus lequel — au
roi de Prusse. Entre les deux empereurs,
il a passé comme inaperçu à l'Hôtel de
ville.
Je dois, pour mon compte, faire amende
honorable au roi Guillaume : je ne l'avais vu
jusque-là qu'à travers son casque, tel que
LE JOUEUR DK MANDOLINE, slatue de M. D..bois
iiousl'avaitreprésentésonsculpteur, M. Drake.
Eli bien ! je dois avouer que la figure du roi
de Prusse me plaît infiniment, dès q-ie le cas-
que ne la contracte plus. Elle annonce un
caraclère heureux et bienveillant : la bonho-
mie et la iinesse s'y combinent dans une par
l'aile proportion. J'ai salué dans le roi de
Prusse un brave homme, dans la plus haute
acception du mot: pour un peu, je l'aurais
presque acclamé.
Revenons à l'Exposition dont ces fêtes, qui
s'y rapportent, nous ont éloigné. On aurait
pu prendre l'autre jour la Seine pour le Xil
et même avec un peu d'imagination crudité
pour le Nil de Cléopatre. Douze Nubiens ba-
sanés conduisaient une barque pavoisée sur
les eaux de la Seine. Cette barque allait re-
joindre une flottille remplie de princes et de
princesses, voguant vers Saint-Cloud. Espé-
rons, pour le salut de Billancourt, que cette
navigation de plaisance deviendra à la mode
pendant ces belles soirées d'été. L'heureux
amiral de cette charmanteArmada, M. Benoîl-
Cbampy, ne s'y épargnera pas, on peut m'en
croire.
Autre affaire : le procès des chaises est
jugé. Connaissez-vous le procès des chaises?
C'est pour l'Exposition une petite question
du Luxembourg. Il y a un concessionnaire
des chaises au Champ de Mars : il n'est pas
Prussien. Ce concessionnaire, qui n'a pas le
droit d'occuper le promenoir extérieur, veut
pourtant interdire aux restaurateurs, d'autres
concessionnaires, le droit de l'occuper eux-
mêmes, en un mot le droit de servir des con-
sommateurs, assis en dehors de l'enceinte
des restaurants. Les tribunaux ont donné
raison au concessionnaire de chaises : mais
lui ont-ils donné le droit d'attribuer aux res-
taurateurs, devenus ses tributaires, la faculté
qu'il n'a pas lui-même et que la Commission
impériale se réserve?
De quelque façon que ce procès finisse,
vous verrez que c'est le consommateur qui
en payera les frais.
D'où il suit que la Commission impériale
ï donné trop de concessions, et surtout qu'elle
en a accordé quelques-unes qu'elle aurait dû
retenir.
Le public se plaint, non pas seulement
l'avoir à payer pour s'asseuir au Champ de
.Mars, mais surtout de ne pas trouver de siè-
ges. C'est toujours l'éternelle scène de Figaro :
« Comment, monsieur, dit le publie au
concessionnaire, c'est de vous que je dépens?
— Mais il me semble que j'ai acheté ma
concession pour cela.
— Ah ! monsieur, c'est un grand abus de
les vendre.
— Oui, on aurait mieux l'ait de les donner
pour lien. »
l*Y. Ducuinc.
BUREAUX D'ABONNEMENTS
ADMINISTRATION, HU1 i R,[OAL£RlE SC PALA1S-Ï
-AU CllAMJ- I>l- WAÏO. HlHWi' Ul.b CATALOGUES.
Imprimerie générale de Ch. Lahure, rue de r'ieurus, 9, à Pans.