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L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 ILLUSTRÉE.
mais n'explique pas que, par la richesse de
ses tons dorés et chauds, par la variété de sa
texture, il est aussi l'un des Rois des hois ca-
nadiens. La grosse bille de bois à écorce
noire — que l'on voit au premier plan de
notre gravure —est un morceau de noyer noir
qui a seulement 350 ans d'âge. Quel sol,
que celui qui peut fournir si rapidement des
croissances semblables en bois durs de pre-
mier ordre!
Traversons lagaleriedes machines étalions
fouiller un peu dans les produits du continent
austral et des îles énormes qui l'environnent.
Tout d'abord nous devons nous attendre à
trouver là du nouveau et de l'imprévu. Reste,
oublié sans doute, d'une époque disparue ou
essai prématuré d'une révolution à venir,
l'Australie est paradoxale par tous ses pro-
duits. Le pays qui porte des quadrupèdes à
becd'oisci'ux, des oiseaux à poils de quadru-
pèdes, qui remplace les oiseaux chanteurs
pardes perroquets, les rongeurs par des mar-
supiaux,— ce qui revient à dire les lièvres
par des Kangouroo, — un tel pays ne peut,
non plus, manquer de curieuses anomalies
parmiles arbres. C'est ce qui arrive. Nous
trouvons là des bois durs comme le 1er et
d'autres mous comme le saule, les uns pro-
duits par des arbres sans feuilles ou à peu
près, et ceux-ci poussés par des végétations
sans branches.
Nous sommes dans la patrie des gommiers .-
il y en a de toutes les couleurs. L'un des plus
beaux est le gommier marbré, dont le nom
scientifique est ['Eucalyptus maculatus, et qui
enchante l'œil par son bois rose nuage dune
façon spéciale. Le BranJtsia ou Honey-Suckle
est encore un bois d'avenir ; mais il faudrait
que nos créateurs voulussent bien s'occuper
de mettre en œuvre toutes ces richesses iné-
dites. Je sais bien qu'il est beaucoup plus
commode de marcher, — comme ils le font
en ce moment, — en pleine ébène, le bois le
plus triste qui se puisse voir, —un bois bon
à faire des cercueils et des dominos ! — que
de fouiller et de trouver du nouveau. Il serait
cependant plus noble de faire de l'ébéniste-
rie avec du vrai bois que de la faire avec
toute autre chose, ce que l'on arrivera à com-
pléter en suivant encore quelques années le
chemin où l'on est emboîté 1 Mais laissons
là les artistes actuels qui, presque tous, ont
l'ambition de jouer de la flûte avec un violon,
et revenons bien vite à la nature qui, elle,
ne fait rien de faux et de forcé.
Il nous est impossible de citer la millième
partie de ce que nous avons admiré. Le Ca-
suarina, couleur palissandre doré; le Cédrel
austral, un acajou rose; VHélicia aux veines
violettes ;... Que sais-je? Toutes les fantai-
sies de l'imagination résolues et représen-
tées.... Sans oublier le Burram murra, un
bois rose uni, mais moucheté de perles en
quinconce aussi exactement espacées que si
on les avait tracées au compas !
Et le Brésil,... et la Confédération Argen-
tine,... avec leurs forêts vierges et leurs es-
sences nouvelles, inconnues, quoique depuis
trois siècles on y puise à peu près tout ce que
nous employons pour nos meubles ?,.. Et les
Philippines, et les îles de la Sonde? Et...
mais je m'arrête — car c'est à s'y perdre —
pour revenir tout bonnement quelques in-
stants en Europe.
— Que faire en Europe ? Y chercher des
bois comparables aux splendeurs que nous
venons d'admirer?—Evidemment non: mais
y trouver un Canada inconnu ou peu connu,
placé presque à nos portes, et dont les pro-
duits, malgré cela, nous arrivent beaucoup
moins facilement que ceux du Canada véri-
table séparé de nous par toute la largeur de
l'Atlantique. Il y a longtemps qu'on l'a dit,
la mer est la grande route commune des na-
tions. Rien n'est plus vrai.
Notre Canada européen s'appelle l'Autri-
che, et son exposition, en plein air dans le
Parc, est fort intéressante. Ici se présente un
fait curieux, que les deux nations que nous
venons de mettre en parallèle, l'Autriche et le
Canada, se trouvent précisément en présence
et en concurrence pour nous fournir, à nous
autres Français, le bois qui nous manque.Et,
malgré tout, je penche, comme prix, en fa-
veurdes Canadiens. Comme beauté des échan-
tillons amenés, les uns ne le cèient pas aux
autres. Mais, malgré que nos aïeux — trop
peu économes, hélas ! — aient saccagé nos
forêts patrimoniales, la France lutterait faci-
lement avec les échantillons apportés ici par
l'Autriche, notre exposition de l'École fores-
tière en fait foi. Ceci écrit, pour rassurer
notre amour-propre, constatons qu'il y a là,
sous pavillon noir et jaune, un certain frêne
de 40 mètres de long — 120 pieds ! — sans
branches, et presque 2 mètres de diamètre
aux racines— C'est joli ! Aussi, trouve-t-il
acquéreur à 1500 fr., mais le propriétaire
ne lâche pasi...
Tout à côté, nous voyons, couché sur le
flanc, un modeste chêne pédoncule qui pré-
sente l^SO de diamètre moyen sur 20 mè-
tres passés de longueur. Cet arbre cube 16
mètres cubes. Dans la forêt de la Frontière
militaire où il a crû, en Croatie, il vaut, sur
pied, 64 fr !... Pour le faire amener ici, par
terre, i| en a coûté environ 320 fr. de trans-
port ; il vient d'être vendu 2400 fr.
J'aimerais assez un parc qui m'en offrirait
seulement une centaine de semblables, à cou-
per tous les ans !
H. de La Blanchèhe.
VU
LES GRANDES RÉCOMPENSES.
Au prochain numéro qui paraîtra di-
manche prochain, 7 juillet, les détails sur la
grande le te des récompenses, et le dessin
qui en représentera fidèlement l'aspect gêné
rai et l'effet d'ensemble. Les nécessités de
notre tirage sont telles que nous avons dû
réserver une place en blanc pour donner la
liste des grands prix qui ont été proclamés.
Nous donnerons, avec notre grand dessin la
liste des médailles d'or à notre prochaine li.
\ raison.
JL'RY SPÉCIAL.
NOUVEL ORDRE DES INCOMPENSES.
Etablissi mails et localités où régnent à un degré
éminent l'harmonie spéciale et le bien-être des vo~
pulations.
Le baron Diergardt. — "Wîerzen (Prusse). —.
Fabrique de soie et de velours.
Staub. — Kucken (Wurtemberg). — Filature et
tissage de coton.
Jean Liébig. — Reichenberg (Bohême). — Fila-
ture de laine.
Vieille-Montagne {Belgique).
deries.
Mines et fon-
Colonie agricole de Blumenfau. — Province
Sainte-Catherine (Brésil).
Chapin. — Massachusets (litats-Unis). — Filature
et fabrique de tissus.
Schneider et Cie. — Creuzot. — Hors concours.
M. de Dietrich. — Forges de Niederbronn (Bas-
Rhin).
Goldenbercg. — Forges de Zornhoff (Bas-Rhin),
Le Groupe industriel de Guebwiller (Haut-
Rhin).
Alfred Mame. — Imprimerie et reliure. — Tours.
Comte de Larderel. — Acide borique. — Tos-
cane.
Société de Hoganas (Scanie). —Mines et usines
(Suède).
GRANDS PRIX.
GROUPE il.
Alfred Mame et fils. — Tours. — Classe 6.
Imprimerie
Garnier. — Paris.
liographique.
A. J. Sax. — Paris. — Classe 10. — Instruments
de cuivre.
J. S. Mathieu. — Paris. — Classe 11. — Chi-
rurgie, orthopédie.
Le P. Secchi. — Rome. — Classe 12
Méteorographe.
Brunetti. — Italie. — Pièces anatomiq'ues.
Fourdinois. — Paris. — Classes 15 et 16- —
Meubles et tapisserie.
Baccarat (Cie). — Classe 16. — Cristaux.
Le Japon. — Classe 16. — Papiers, laques et
sériciculture.
..
- Classe 9. — Gravure hé-
Collaborateurs :
Eichens. — Instruments d'optique.
Jacobi. — Galvanoplastie.
GROUPE III.
Klagman. — Dessins.
GROUPE IV.
La ville de Lyon. — Classe 31.— Institutions
créées en faveur de l'industrie de la soie.
L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 ILLUSTRÉE.
mais n'explique pas que, par la richesse de
ses tons dorés et chauds, par la variété de sa
texture, il est aussi l'un des Rois des hois ca-
nadiens. La grosse bille de bois à écorce
noire — que l'on voit au premier plan de
notre gravure —est un morceau de noyer noir
qui a seulement 350 ans d'âge. Quel sol,
que celui qui peut fournir si rapidement des
croissances semblables en bois durs de pre-
mier ordre!
Traversons lagaleriedes machines étalions
fouiller un peu dans les produits du continent
austral et des îles énormes qui l'environnent.
Tout d'abord nous devons nous attendre à
trouver là du nouveau et de l'imprévu. Reste,
oublié sans doute, d'une époque disparue ou
essai prématuré d'une révolution à venir,
l'Australie est paradoxale par tous ses pro-
duits. Le pays qui porte des quadrupèdes à
becd'oisci'ux, des oiseaux à poils de quadru-
pèdes, qui remplace les oiseaux chanteurs
pardes perroquets, les rongeurs par des mar-
supiaux,— ce qui revient à dire les lièvres
par des Kangouroo, — un tel pays ne peut,
non plus, manquer de curieuses anomalies
parmiles arbres. C'est ce qui arrive. Nous
trouvons là des bois durs comme le 1er et
d'autres mous comme le saule, les uns pro-
duits par des arbres sans feuilles ou à peu
près, et ceux-ci poussés par des végétations
sans branches.
Nous sommes dans la patrie des gommiers .-
il y en a de toutes les couleurs. L'un des plus
beaux est le gommier marbré, dont le nom
scientifique est ['Eucalyptus maculatus, et qui
enchante l'œil par son bois rose nuage dune
façon spéciale. Le BranJtsia ou Honey-Suckle
est encore un bois d'avenir ; mais il faudrait
que nos créateurs voulussent bien s'occuper
de mettre en œuvre toutes ces richesses iné-
dites. Je sais bien qu'il est beaucoup plus
commode de marcher, — comme ils le font
en ce moment, — en pleine ébène, le bois le
plus triste qui se puisse voir, —un bois bon
à faire des cercueils et des dominos ! — que
de fouiller et de trouver du nouveau. Il serait
cependant plus noble de faire de l'ébéniste-
rie avec du vrai bois que de la faire avec
toute autre chose, ce que l'on arrivera à com-
pléter en suivant encore quelques années le
chemin où l'on est emboîté 1 Mais laissons
là les artistes actuels qui, presque tous, ont
l'ambition de jouer de la flûte avec un violon,
et revenons bien vite à la nature qui, elle,
ne fait rien de faux et de forcé.
Il nous est impossible de citer la millième
partie de ce que nous avons admiré. Le Ca-
suarina, couleur palissandre doré; le Cédrel
austral, un acajou rose; VHélicia aux veines
violettes ;... Que sais-je? Toutes les fantai-
sies de l'imagination résolues et représen-
tées.... Sans oublier le Burram murra, un
bois rose uni, mais moucheté de perles en
quinconce aussi exactement espacées que si
on les avait tracées au compas !
Et le Brésil,... et la Confédération Argen-
tine,... avec leurs forêts vierges et leurs es-
sences nouvelles, inconnues, quoique depuis
trois siècles on y puise à peu près tout ce que
nous employons pour nos meubles ?,.. Et les
Philippines, et les îles de la Sonde? Et...
mais je m'arrête — car c'est à s'y perdre —
pour revenir tout bonnement quelques in-
stants en Europe.
— Que faire en Europe ? Y chercher des
bois comparables aux splendeurs que nous
venons d'admirer?—Evidemment non: mais
y trouver un Canada inconnu ou peu connu,
placé presque à nos portes, et dont les pro-
duits, malgré cela, nous arrivent beaucoup
moins facilement que ceux du Canada véri-
table séparé de nous par toute la largeur de
l'Atlantique. Il y a longtemps qu'on l'a dit,
la mer est la grande route commune des na-
tions. Rien n'est plus vrai.
Notre Canada européen s'appelle l'Autri-
che, et son exposition, en plein air dans le
Parc, est fort intéressante. Ici se présente un
fait curieux, que les deux nations que nous
venons de mettre en parallèle, l'Autriche et le
Canada, se trouvent précisément en présence
et en concurrence pour nous fournir, à nous
autres Français, le bois qui nous manque.Et,
malgré tout, je penche, comme prix, en fa-
veurdes Canadiens. Comme beauté des échan-
tillons amenés, les uns ne le cèient pas aux
autres. Mais, malgré que nos aïeux — trop
peu économes, hélas ! — aient saccagé nos
forêts patrimoniales, la France lutterait faci-
lement avec les échantillons apportés ici par
l'Autriche, notre exposition de l'École fores-
tière en fait foi. Ceci écrit, pour rassurer
notre amour-propre, constatons qu'il y a là,
sous pavillon noir et jaune, un certain frêne
de 40 mètres de long — 120 pieds ! — sans
branches, et presque 2 mètres de diamètre
aux racines— C'est joli ! Aussi, trouve-t-il
acquéreur à 1500 fr., mais le propriétaire
ne lâche pasi...
Tout à côté, nous voyons, couché sur le
flanc, un modeste chêne pédoncule qui pré-
sente l^SO de diamètre moyen sur 20 mè-
tres passés de longueur. Cet arbre cube 16
mètres cubes. Dans la forêt de la Frontière
militaire où il a crû, en Croatie, il vaut, sur
pied, 64 fr !... Pour le faire amener ici, par
terre, i| en a coûté environ 320 fr. de trans-
port ; il vient d'être vendu 2400 fr.
J'aimerais assez un parc qui m'en offrirait
seulement une centaine de semblables, à cou-
per tous les ans !
H. de La Blanchèhe.
VU
LES GRANDES RÉCOMPENSES.
Au prochain numéro qui paraîtra di-
manche prochain, 7 juillet, les détails sur la
grande le te des récompenses, et le dessin
qui en représentera fidèlement l'aspect gêné
rai et l'effet d'ensemble. Les nécessités de
notre tirage sont telles que nous avons dû
réserver une place en blanc pour donner la
liste des grands prix qui ont été proclamés.
Nous donnerons, avec notre grand dessin la
liste des médailles d'or à notre prochaine li.
\ raison.
JL'RY SPÉCIAL.
NOUVEL ORDRE DES INCOMPENSES.
Etablissi mails et localités où régnent à un degré
éminent l'harmonie spéciale et le bien-être des vo~
pulations.
Le baron Diergardt. — "Wîerzen (Prusse). —.
Fabrique de soie et de velours.
Staub. — Kucken (Wurtemberg). — Filature et
tissage de coton.
Jean Liébig. — Reichenberg (Bohême). — Fila-
ture de laine.
Vieille-Montagne {Belgique).
deries.
Mines et fon-
Colonie agricole de Blumenfau. — Province
Sainte-Catherine (Brésil).
Chapin. — Massachusets (litats-Unis). — Filature
et fabrique de tissus.
Schneider et Cie. — Creuzot. — Hors concours.
M. de Dietrich. — Forges de Niederbronn (Bas-
Rhin).
Goldenbercg. — Forges de Zornhoff (Bas-Rhin),
Le Groupe industriel de Guebwiller (Haut-
Rhin).
Alfred Mame. — Imprimerie et reliure. — Tours.
Comte de Larderel. — Acide borique. — Tos-
cane.
Société de Hoganas (Scanie). —Mines et usines
(Suède).
GRANDS PRIX.
GROUPE il.
Alfred Mame et fils. — Tours. — Classe 6.
Imprimerie
Garnier. — Paris.
liographique.
A. J. Sax. — Paris. — Classe 10. — Instruments
de cuivre.
J. S. Mathieu. — Paris. — Classe 11. — Chi-
rurgie, orthopédie.
Le P. Secchi. — Rome. — Classe 12
Méteorographe.
Brunetti. — Italie. — Pièces anatomiq'ues.
Fourdinois. — Paris. — Classes 15 et 16- —
Meubles et tapisserie.
Baccarat (Cie). — Classe 16. — Cristaux.
Le Japon. — Classe 16. — Papiers, laques et
sériciculture.
..
- Classe 9. — Gravure hé-
Collaborateurs :
Eichens. — Instruments d'optique.
Jacobi. — Galvanoplastie.
GROUPE III.
Klagman. — Dessins.
GROUPE IV.
La ville de Lyon. — Classe 31.— Institutions
créées en faveur de l'industrie de la soie.