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Ducuing, François [Hrsg.]
L' Exposition Universelle de ... illustrée (Band 1) — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.2079#0479
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L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 ILLUSTREE.

ce but, elle deviendrait bientôt le trait d'u-
nion entre l'Orient et l'Occident, au lieu de
les séparer comme un obstacle infranchis-
sable.

Pu l Bellet.

Les amours des Anges.

GROUPE EN MARBRE DE M. BERGOKZOL1.

Voua avez lu l'Ecriture, n'est-ce pas? Elle
abonde en révélations poétiques sur nos ori-
gines et sur l'enfance de cette création dont
nous taisons partie.

Maintenant la création est vieille et, comme
les portes banales qui ont longtemps tourné
sur leurs gonds, notre terre, en allant et ve-
nant sur ses pivots de toute espèce, ne jette
plus qu'une clameur monotone et uni-
forme; mais elle fut jeune autrefois, et verte
et blonde, parée de rameaux vigoureux, de
fleurs et de rayons. Une population, qui res-
semblait, par la force et la beauté, à ces
fleurs, à ces rayons, à ces rameaux, était
répandue partout, sur les montagnes et dans
les vallons; et à la terre, en ces époques
heureuses, vivait les yeux fixés vers le ciel,
le ciel ne laissait point de regarder beaucoup
vers la terre.

Or, suivant la Genèse, il advint que les fils
du ciel, c'est-à-dire les anges, ayant vu les
filles des hommes, jugèrent qu'elle!

dignes d être aimées, il rire protégées
peut-être, et dès lors il y eut, entre le monde
d'en haut et le monde d'en lias, de pudiques
entretiens et de mystiques alliances.

C'est de là, je me plais à le croire, que
date la pieuse et jolie tradition des Anges
gardiens, ces amis et ces compagnons insé-
ature humaine. Placés
d'abord auprès des berceaux, on dirait qu'ils
sont enfants eux-mêmes et qu'ils prennent
l'aspect de doux petits frères. Puis ils semblent
aussi se lir, 11 suivre pas

à pas, vigilants, attentifs et tendres, les divers
muée.
. s anges, ce sont les délicates
protections du ciel. I.es anges ont le soin de
toutes les innocences; et, a mesure que telle
jeune fille, qui est confiée à l'un d'eux, Ariel
ou Abbadiel, entre de plus eu plus dans la
vie, il se préoccupe et B'alarme. Que
dront, dans leur grâce et leur él<\.
Heurs de jeunesse, de beauté et de santé?
L'auge gardien est jaloux de les préserver et de
air loin de toute voie douteuse où s'é-
çnorants, et c'est comme
sous une céleste cuirasse de pudeur rougis-
Bante, qu il abrite la beauté de sa y \
mortelle. La pudeur est de la beautt

Ce passage si remarquable de !a Genèse
h a cesBé d'inspirer les poètes. Milton l'a in-

terprété à sa manière, en vers majestueux et
calmes, qui coulent comme ces fleuves cé-
lestes dont les eaux reluisent aux yeux, lucid
streytns. C'est là qu'Alfred de Vigny a trouvé
plus tard le sujet de son mystique poëme
d'Eloa, et que M. de Lamartine a pris son
épopée surnaturelle de la Chuted'un Ange,

Là où vont les poètes se pressent aussi les
artistes, peintres, ou sculpteurs, ou musi-
ciens, car toutes les Muses se donnent la
main, et la poésie, diverse dans ses effusions,
est toujours une à sa source. Ce n'est qu'au
bas des vallées sinueuses que le courant se
partage et se divise.

Et Voilà pourquoi un statuaire italien d'un
talent rare et d'une pensée délicate, M. Ber-
^unzoli, a rajeuni et renouvelé en marbre
cette vieille histoire de la Bible, déjà variée
dans ses motifs les plus touchants par les
poètes chrétiens de l'Angleterre et de la
France. L'œuvre est digne de notre attention
la plus sympathique.

Sous le ciseau lie M. Bergonzoli, un ange
al une jeune fille ont jail i du bloc inanimé
tout à l'heure, et ils s'en élèvent avec un
harmonieux ensemble au-dessus d'un beau
buisson de roses mêlées à-d'autres fleurs des
champs et des jardins.

Le groupe est plein de grâce attendrie, de
charme aérien et de sveltesse. C'est de la
poésie pure, et par conséquent Icb âmes qui
ne sont pas fermées à tout sentiment d'idéal
gréable et
la plus douce impression.

Le chérubin, — toujours Ariel ou Abbadiel,
— enlève la jeune Bile; mais il n'y a là au-
cune violence ni même aucun semblant de
violence. C'est l'amour des chérubins, des
cœurs candides et doux, qui ravit une âme et
l'emporte au ciel. La jeune enfant ne résiste
pas; elle se détache de la terre et des fleurs
qui s'élancent après elle comme pour la rete-
nir. Ces roses et ces camélias s'entrouvrent
avidement. Il semble qu'ils disent :

Reste avec nous! sois notre reine!

Ils rappellent aussi ces Heurs du mont Ida
qui, s'il faut s'en fier aux vers de Pétrone,
s'épanouissent glorieusement et a l'envi aux
heures où les dieux et les déesses se rencon-
trent aux rendez-vous. Les roses, les vio-
lettes, les œillets et les boutons d'or riva-
lisent alors d'éclat.

Eraicuere rosse, vioLcipie et molle cyperon :
Albaque de viridi riserunt lilia pralo.

Quoi qu'il en soit, Ariel aies ailes ouvertes
et déployées en signe de joie victorieuse, et
mais heureuse, trahit,
dans son attitude et dans sa pose, les seci êtes
de son esprit, les vœux intimes de
son cœur. Rien n'es* plus chaste ni plus en-
fantin.

C'est une enfant d'ailleurs, et aes C
qui roulent eu boucles blondes sur ses épaules
I ut sur son front, ses bras, ses mains, ses pieds

mignons aux découpures frêles et charman-
tes, toute sa personne offre ces lignes et ces
contours frais et délicats, à peine éclos pour
ainsi dire, qui sont la marque si vite effacée
de l'adolescence et de la première jeunesse.
D'une main, elle s'appuie au cou de l'ange;
l'autre main est tournée vers le ciel, là où ils
vont s'en aller tous les deux.

■ est jeune lui-même, irrésistible et
charmant. Ses cheveux, à lui aussi, retom-
bent en boucles épaisses et, dans son allé-
gresse contenue, il se montre bien l'habitant
des sphères supérieures. On devine le demi-
it, un dirait qu'il répand au-
tour de lui et qu'il enveloppe tout le groupe
de blancheurs lumineuses et transparentes,,
du reflet de son auréole.

Cette scène, qui se passe entre ciel et terre,
qui se tient entre les étoiles et les fleurs,
comme on nous peint l'extase, est pourtant
chrétienne au premier chef, et rien, dans ce
groupe tout éthéré, jeune, gracieux et pu-
dique, ne ramène notre esprit aux amours
païennes, à celle par exemple d'Eros et de
Psyché. La forme en est irréprochable, et les
Grecs ne l'eussent point désavouée; l'inspi-
ration en est pure et correcte, comme il
appartient à un Italien catholique de la
trouver dans son esprit et dans son cœur.
C'est sur de telles données, selon moi, que
devrait, pour nous qui sommes du même
coup des païens raffinés et des chrétiens con-
vaincus, je l'espère, — se modeler l'art du
peintre et du sculpteur. Victor de Laprade
l'a exprimé ingénieusement dans un vers qui
durera. Il faut, pense-t-il, que le style et la
pensée soient comme

ise athénien plein des fleura du Calvaire.

Les fleurs du Calvaire, les poésies de la
Bible et de l'Évangile, quelles que soient les
mille ressources de l'art antique, ne laissent
pas d'avoir de quoi défrayer longtemps nos
aptitudes et nos besoins.

Octave Lai roix.

HErr.VlTJTLATION'.

Voilà remplie la moitié de notre tâche.
Avons-nous fidèlement tenu ce que nous
avions promis? Le succès croissant de notre
publication prouve que le public a bien com-
pris nuire œuvre.

Jusqu'ici, les livres consacrés aux exposi-
tions n'ont été que dc^ catalogues illustrés,
où des gravures sans dessin représentant les
objets exposés, étaient, pour ainsi dire, pla-
quées sur le papier, accompagnées d'une no-
 
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