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Ducuing, François [Hrsg.]
L' Exposition Universelle de ... illustrée (Band 2) — Paris, 1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.1336#0242
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242

L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 ILLUSTRÉE.»

I
te Portugal à l'Exposition.

L'Exposition, à quelque point de vue qu'on
l'étudié, offre toujours des enseignements fé-
conds et des aspects intéressants. Si elle nous
montre à quel haut degré de prospérité maté-
rielle sont arrivés des peuples nés d'hier, elle
nous rappelle en même temps des époques
exceptionnelles dans l'histoire de certains
peuples qui ne sont entrés que depuis peu de
temps dans la voie du progrès. Quelques pays
apportent à l'Exposition le spectacle d'un
présent merveilleux; d'autres y arrivent avec
les promesses de l'avenir garanties par les
souvenirs d'un passé glorieux.

La commission Portugaise, inspirée par
l'initiative de son président, M. le comte
d'Avila, a fait acte de goût en évoquant de
pareils souvenirs, et en puisant les éléments
de la décoration dans les monuments impé-
rissables qui couvrent le Portugal et qui
datent presque tous de la même époque. Dans
la galerie du travail, au milieu de toutes
ces machines admirables, mais sans poésie,
de ces colosses de fer ■et d'acier qui mugissent
et qui crient, mais >qui ne disent rien à l'âme,
s'élève un élégant édifice qui rappelle l'archi-
tecture du monastère deBelem, bâtipourper-
pétuer le souvenir de l'expédition de Gama
comme, plus tard, l'Eseurial pour accomplir
un vœu fait à la bataille de Saint-Laurent,
Ses dentelures élégantes, ses festons d'une
délicatesse exquise, tous ces enchantements
de la pierre fouillée et percée à jour, produi-
sent un effet inattendu et charmant. La façade
' de la section portugaise offre une reproduc-
tion delà même architecture. C'est une bonne
fortune pour l'élite du monde civilisé réunie
à Paris que de pouvoir étudier d'après ses
types les plus purs cette architecture singu-
lière, assemblrgode styles divers, fusion de
plusieurs écoles différentes. Le gothique
flamboyant s'y marie à l'art delà Renaissance,
et l'influence du style mauresque y est égale-
ment reconnaissable. L'ogive gothique et le
plein cintre romain, les trèfles à jour et les
broderies d'arabesques, les niches de saints
à demi surmontées de pinacles, les roses
découpées à jour, on retrouve tout dans ces
monuments dont l'ensemble manque peut-
être un peu d'harmonie et d'unité, mais dont
les détails brillent par tant de finesse et de
grâce. C'est une débauche de pierre, un feu
d'artifice architectural. L'œil est ébloui et
l'on ne veut point se rendre compte de ses
impressions, de peur de gâter son admiration
en les analysant.

C'est une heureuse idée qui a présidé à la
conception de la galerie de l'histoire du tra-
vail ; et si les organisateurs de cette exposi-
tion dans la section française sont parvenus
à y réunir des richesses inestimables, il faut
reconnaître que les nations -étrangères ont

envoyé de leur côté des objets d'un bien grand
intérêt; mais aucune d'elles ne possède une
collection de merveilles archéologiques sem-
blable à celle du Portugal. Au milieu de la
salle s'élève la vitrine où sont renfermés les
objets envoyés par le roi. C'est là qu'on ad-
mire le célèbre ostensoir fondu, dit-on, avec
le premier lingot d'or que Vasco de Gama
rapporta de son expédition. M. Octave Lacroix
en a parlé ici même.

La même vitrine renferme un fruitier en
argent doré représentant le triomphe d'A-
lexandre, une croix en or datant de 1206, un
calice du seizième siècle. Tons ces objets sont
ornés de sculptures en relief d'un travail ex-
quis et, chose remarquable, ils semblent sortir
des mains de l'orfèvre, si grande était la pu-
reté du métal employé.

Deux vitrines latérales ont reçu les objets
du culte conservés dans les trésors des prin-
cipales cathédrales du royaume, particulière-
ment de celles de Lisbonne et d'Evora. On y
remarque un drap en velours brodé qui, se-
lon la tradition, appartint à l'ordre d'Aviz,
des chasubles ornées de broderies d'une ri-
chesse et d'une perfection de travail inouïes,
deux beaux plateaux en argent doré rehaus-
sés de figurines exquises, au roi, une autre
paire de plateaux en argent repoussé, au ba-
ron de Pombeiro.

Les murs sont couverts d'excellentes
épreuves photographiques représentant les
principaux édifices du royaume. Voilà Gui-
maraens, première capitale de la monarchie
portugaise, où Alfonso Henriquez se fit cou-
ronner après la victoire qu'il remporta à
Ourique sur cinq rois maures en 1009;
Coïmbre, la vieille cité universitaire, lareine
du Mondego, entourée de vignes et d'oliviers,
et dominant les plaines fertiles à travers les-
quelles le fleuve emporte rapidement vers
l'Océan les ondes limpides de la fontaine des
Amours, si doucement chantées par le Ca-
moens et dont la pureté n'a jamais été trou-
blée qu'un jour par le sang de la malheureuse
Inès de Castro ; voilà Thomar, l'antique ré-
sidence des templiers; le couvent de Bata-
illa, célèbre par ses magnifiques vitraux du
quinzième siècle, et enfin la tour de Belem
qui s'élève sur la rive gauche duTage.

Non moins remarquables sont les repro-
ductions photographiques des carrosses ap-
partenant à la maison royale ; ces carrosses,
qui datent des seizième, dix-septième et dix-
huitième siècles, ne sont employés que dans
des circonstances tout à fait exceptionnelles;
ils sont couverts de sculptures en bois dorés
et de peintures exécutées par les premiers
artistes portugais.

Si l'on n'écoutait que son admiration, on
se laisserait entraîner bien au delà des limites
que comporte l'étude consciencieuse mais ra-
pide de cette section. Quittons donc résolu-
ment la galerie des œuvres d'art et pénétrons
dans les salles réservées aux produits de l'in-
dustrie.

L'industrie portugaise n'a véritablement
pris un essor sérieux que sous le règne de
don Pedro II, troisième souverain de la dy-
nastie de Bragance. Grâce à la protection
éclairée du ministre Ericeira, des ouvriers
furent appelés d'Angleterre pour mettre en
œuvre les'matières premières que fournissait
le royaume; c'est ainsi que furent fondées les
manufactures de drap du Covilhâo et de Por-
talègre, qui prospérèrent rapidement et se
trouvaient déjà en mesure de suffire à la con-
sommation de la métropole et des colonies,
lorsque fut signé le fatal traité de Methwen
qui, permettant l'importation des draps an-
glais, porta un coup mortel à l'industrie nais-
sante et fit du Portugal une ferme de l'An-
gleterre. En vain le marquis de Pombal
essaya-t-il de ranimer l'industrie nationale en
lui assurant le monopole des colonies, l'inva-
sion française rétablit plus solidement que
jamais l'influence de l'Angleterre.

Depuis une trentaine d'années seulement,
le Portugal, pénétré de la nécessité de rétablir
l'industrie manufacturière et de donner au
royaume les moyens de suffire à sa propre
consommation, a fait dans ce sens des efforts
sérieux qui ont produit des résultats incon-
testables. Des expositions industrielles furent
organisées : la première eut lieu à Lisbonne
en 1849, une seconde à Porto en 1857; en
même temps, le Portugal participait aux ex-
positions universelles de Londres et de Paris
et organisait en 1865 celle de Porto, qui fut
très-brillante et où tous les pays se firent re-
présenter. Cette année, le Portugal a envoyé
chez nous un grand nombre d'exposants ré-
pandus dans presque toutes les classes. Le
nombre des récompenses qu'ils ont obtenues
est de 262.

Il y a peu de chose à dire sur les grou-
pes II et III; dans le matériel des arts libé-
raux, on remarque particulièrement les épreu-
ves typographiques, ainsi que les spécimens
d'ornementation en stuc et en bois exposés
par l'association commerciale de Porto.

Les meubles de luxe sont rassemblés dans
une salle qui sert de lieu de réunion aux
membres de la Commission portugaise. Les
armoires, les tables qu'on y voit sont d'ex-
cellents travaux d'ébénisterie, et peuvent
soutenir la comparaison avec les produits si-
milaires des autres pays. La verrerie est soi-
gnée et les cristaux affectent en général des
formes élégantes. Quant aux faïences et aux
poteries de Coïmbre, elles ont conservé le ca-
chet d'originalité auquel elles doivent leur
antique réputation.

Plus intéressante pour l'homme spécial
est l'étude des produits de l'industrie manu-
facturière, Quand on pénètre dans la galerie
du vêlement,, les regards se portent tout
d'abord s» les vitrines qui renferment les
beaux échantillons de soie exposés par â'Or-
phelinat -d« baron de Nova-Cintra et par
MM. Silva et Alvès de Porto, et par le comte
iàe-S&moraans.iOji .ao-mpeeadraaisément, d'à-
 
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