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World Fair [Hrsg.]
Revue de l'Exposition Universelle de 1889 — 1.1889

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https://doi.org/10.11588/diglit.1374#0451
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422

LE CHEMIN DE FER DECAUVILLE

Et l'on roule, aussi doucement bercé que dans les meilleurs wagons du P.-L.-M. ou
de la Compagnie d'Orléans; le petit train court, ralentit aisément, s'arrête et repart, en
faisant sonner à l'avant sa cloche, qu'une administration prévoyante a imposée pour ne
pas effrayer les chevaux qui, tout le monde le sait, ont horreur du sifflet.

Les petites locomotives, toutes à quatre essieux et de quatre-vingts chevaux s'il
vous plaît, se prennent tout à fait au sérieux, et savent qu'elles ont charge d'âmes. Elles
sont curieuses avec leurs allures légères. Certes elles désirent imiter de tous points
leurs grandes sœurs des Compagnies, elles se donnent même un petit air rébarbatif avec
leur tuyau évasé en tromblon.

Halte-là! Tandis que, guidé par le jeune groom que le directeur du chemin de fer
avait mis très aimablement à ma disposition, j'arpentais pédestrement la ligne, pour me
rendre compte, de visu, des choses dont j'avais à parler, je les regardais passer ces
vaillantes petites locomotives, pareilles à des ponettes de bonne race, dociles au frein et
promptes à l'éperon, je les regardais et je lisais, sur leurs flancs de tôle, leurs noms
glorieux. Elles sont dix, et ces dix locomotives Decauville racontent l'historique tout
entier du travail de cette maison qui occupait cent ouvriers en 1878 et en emploie près
d'un millier aujourd'hui. Les voici : Turkestan, Kairouan, Afghanistan, Massouah, Aus-
tralie, Porto-Rico, Dumbarton, Madagascar, Hanoï, Ville-de-Laon.

lit, comme dans le couloir étroit, peuplé d'arbres, émaillé d'Attention! je me garais
sur leurs passages, je me transportais par la pensée sur toutes les grandes routes

du monde où ce petit chemin de fer a tracé des sillons. Je
voyais le général Annenkoff s'en servant pour établir son
chemin de fer transcaspien, j'apercevais les gens de Buenos-
Ayres ou de l'Ile Bourbon, les hommes des pampas comme
ceux des steppes bénéficiant de cette invention française, de
cette fabrication française. Je le voyais créant des routes im-
provisées sur le flanc des montagnes, le long des ravins, dans
les âpres défdés, comme dans les plantations immenses où
l'on coupe la canne à sucre. Ce petit chemin de fer bijou pre-
nait maintenant des proportions gigantesques. N'est-ce poinl
lui qui conduit les touristes jusqu'au pied des Pyramides, et
qui permet l'ascension facile des plus hautes montagnes?

C'est là précisément le côté merveilleux de cette entre-
prise : pouvoir faire porter par des bètes de somme : ânes,
chevaux, chameaux ou éléphants, l'attirail d'une ligne entière;
prendre quelques manœuvres qui posent à plat ces rails tout
montés, formant des espèces d'échelles, boulonner ces
échelles l'une à l'autre, et faire courir un train dessus, ou
encore ramasser derrière soi la route qu'on vient de parcou-
rir, et la placer en avant s'en servir pour aller plus loin.

Chacun des noms gravés sur le flanc de ces loco-
motives rappelle une des conquêtes de leurs voies d'acier
J' portatives.

Mais il est deux noms qu'elles devraient porter ces
vaillantes machines, les noms des deux usines qui les
construisent : Pelil-Bounj et Diano-Marina.
Un aiguilleur. Celte dernière, une petite sœur italienne de la grande
 
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