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L' Exposition de Paris (1900) (Band 1) — Paris, 1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.1358#0052
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N° 6.

L'EXPOSITION DE PARIS

U

LES FÊTES DE L'EXPOSITION

LE BAL DES COMITÉS D'ADMISSION

Noire vieux siècle a si souvent montré ses défauts
qu'il est au moins juste de reconnaître ses
qualités. C'est autant un sceptique qu'un
bienfaisant;... et s'il a détruit beaucoup
d'idoles c'était sans doute pour rendre
hommage à de plus consolantes divinités :
jamais, en aucun temps, la Charité n'a
été plus humainement chrétienne; jamais
les heureux de ce monde ne se sont,
plus qu'aujourd'hui, inspirés du « parce
pauperi ». Maintenant, au milieu du
tourbillon surchauffé dans lequel la vie
à la vapeur nous entraîne, une seule idée
nous arrête et nous repose : celle de la
secrète et intime solidarité qui nous lie
(ous ici-bas, celle de soulager les misères
quelles qu'elles soient, d'où qu'elles vien-
nent, celle de faire le bien... sans dis-
tinctions, sans castes, sans réserves...
pour ainsi dire au pied levé, carie temps
presse'

pensées intimes que nous énoncions quelques li-
gnes plus haut : Los riches et puissants organisa-
tours n'ont pas voulu, comme cela se pratiquait
fort couramment autrefois, s'amuser tout seuls !
Félicitons-les encore île leur généreuse et intelli-
gente mutualité.

Ainsi a eu lieu la première fête de
l'Exposition de 1900 : Les ingénieurs ont
un instant quitté leurs compas, les com-
missaires ont laissé leurs plumes et,
entre deux de ces laborieux concerts que
donnent chaque jour les marteaux et les
pioches du Champ-de-Mars, la féerie ver-
tigineuse s'est produite à l'Opéra.

L'idée est venue des comités d'admis-
sion. Tout de suite adoptée par M. Picard,
commissaire général, elle a immédiate-
ment été mise à l'étude; et voici la déci-
sion qui fut prise, huit jours après sa
première émission, par le comité spécial
composé, sous la présidence de M. Picard

bien entendu, de MM. Ancelot, Berger, Les fêtes de l'Exposition. —■ Illustration d'un programme

Bertrand, Dupont, Expert-Besançon, ^ concert donné le 6 mai i8g6 par la réunion des jurys et comités
Hartmann, Lasnier, Marguery, Muzet et

Pinard, présidents des divers syndicats, qu'assis- Les choses étant ainsi fixées, M.Bouvard, archi-

laicnt encore les directeurs des différents services tecte de l'Exposition, a été chargé d'élaborer le
de l'Exposition :

« La l'été aura lieu
le 18 décembre à l'O-
péra sous la prési-
dence d'honneur de
M. Henri Boucher,
minisire du com-
merce ; elle consis-
tera en un bal ma-
gnifique, coupé
d'intermèdes et d'at-
tractions.

« L'entrée sera de
20 francs pour les
hommes,de 10 francs
pour les dames. Les
premières loges se
paieront 200 francs,

les deuxièmes
100 francs, les trois-
ièmes 50 francs, prix
d'entrée en sus.

« Aucun billet
ne sera mis en ven-
te. La distribution
en sera faite par
les membres des
comités d'admis-
sion.

« La moitié des
produits de la recette
sera affectée à des
œuvres de bienfai-
sance, l'autre moitié
sera réservée pour

gurantde mille éclairs, encadré de fontaines lumi-
neuses d'un effet absolument nouveau. Mais,
puisque lumière à outrance il y a, on a ingénieu-
sement imaginé d'en animer la disposition ; les
électriciens aidés des musiciens ont composé une
étonnante valse danslaquellelesdanscusesducorps
(Ir ballet,, au nombre de cent cinquante
au moins, vont, viennent, sautent, tour-
nent, pirouettent et bondissent en chan-
geant d'éclairage et de coloration à
volonté ! L'invention, due à MM. Beau
et Bertrand-Taillet, est basée sur la con-
cordance symétrique que présentent les
sept notes majeures de la gamme et les
sept couleurs primitives fondamentales.
Vingt mille lampes à incandescence
commandées sur un clavier ad hoc, par
un électricien-pianiste placé à l'orchestre,
achèvent d'enchanter et d'éblouir le
spectateur.

Dans la salle, l'excellent orchestre
Louis Canne ; dans le grand foyer, celui
de M. Desgranges, distillant sa plus fine
musique pour faire danser MMmes San-
drini, Torri, Robin, de Mérode et vingt
autresai'tistes plus gracieuses, plus jolies
les unes que les autres, reconstituant les
danses anciennes; dans l'avant-foyer du
premier étage, la garde républicaine prête
à attaquer la Marseillaise quand on an-
noncera le chef de l'État. Partout un
ruissellement de feux et de fleurs... et
cela groupé dans un sentiment artistique
délicat, tout particulier, qui s'étend
même jusques aux plus minces détails,...
jusqu'au programme qu'on distribue et
sur lequel se voient, tels qu'ils seront
clans deux ans, les abords du pont
Alexandre III et les palais des Champs-
Elysées.

Voilà quelles étaient les attractions
promises.

La réalisation de tout ce beau projet a
dépassé les espérances de ceux qui l'a-
vaient conçu. On ne trouvait plus un billet « à
donner » huit jours après la distribution faite aux

comités directeurs;..

Les fêtes de l'Exposition. — Décor de la salle de VOpéra lors du bal
donné par les comités d'admission le 18 décembre 1897, d'après la maquette de M. Jambon.

la fêle a été splen-
dide, les malheu-
reux ont touchébeau-
coup d'argent!

Onze heures son-
naient lorsque M.
Crozier, s'avançant
vers la rotonde avec
MM. Cochery, mi-
nistre, Picard, com-
missaire général,
Henry Chardon, se-
crétaire général, et
tout le haut person-
nel de l'Exposition,
est allé recevoir
M. Félix Faure que
suivait le ministre
du commerce ayant
Mlle Lucie Faure au
bras. Le président de
la République, solen-
nellement conduit à
sa loge, a d'abord
applaudiune « danse
lumineuse », puis il
a fait le tour tradi-
tionnel des couloirs,
celui qu'on appelait
jadis le « tour du
Roi ». Il s'est retiré à
minuit au milieu
d'une ace-lamalion
qui, nous aimons à

donner une fête aux ouvriers du Champ-de-Mars. »
Remarquons en passant que cette dernière dis-
position du programme est bien conforme aux
Exp. 1.

programme. Aussitôt M. Jambon s'est mis à bros-
ser, avec sa maîtrise habituelle, une superbe toile
de fond représentant le Palais de l'Électricité tul-

le supposer dans un tel milieu, n'avait rien de
préparé. La joie, sous l'irradiation de cette féerie
bienfaisante, était sincère. C. Contesse.

G
 
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