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L' Exposition de Paris (1900) (Band 1) — Paris, 1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.1358#0205
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176

ENCYCLOPÉDIE DU SIÈCLE

AU CHAMP-DE-MARS

Notre planche hors texte représente l'aspect du
Champ-de-Mars, dans les derniers jours de décembre
1898 ; la vue est prise d'une des fenêtres de la ga-
lerie haute du Palais
des Machines. On se
demande, à l'aspect
de ce terrain dénudé
et morne, si, réelle-
ment la durée deseize
mois suffira pour y
édifier les palais pro-
mis et les remplir des
merveilles des arts et
del'industrie. Cepen-
dant, en considérant
les choses de près, on
conçoit la possibilité
d'un semblable tour
de force. D'abord,
ce sol tourmenté
et raviné par les
lourds charrois a déj à
reçu les fondations
maçonnées des six
palais, qui bordent le
parc central. Les ad-
judications pour les
charpentes de fer ont
été soumissionnées
depuis longtemps, et
les fers arrivent à
pied d'oeuvre. On
aperçoit, à gauche de
la gravure, les pre-
mières fermes du pa-
lais du Génie Civil,
qui sont au montage,
avec l'aide d'en orm es

échafauds roulants que nos dessins ont déjà repro-
duits. ■

Adroite, vers la tour Eiffel, ces lignes imprécises,
c'est la forêt métal-
lique qui constitue
l'ossature du palais
des Mines et de la
Métallurgie. Les ma-
nœuvres s'opèrent au
moyen de hautes
grues à bras mobiles.
C'est la caractéris-
tique de la construc-
tion en fer ; du jour
au lendemain, les
matériaux arrivent ;
des équipes d'ou-
vriers exercés s'em-
parent des fers, dont
chaque pièce est nu-
mérotée et repérée.
Le montage s'opère
rapide et métho-
dique; on boulonne
par ci, on rive par là,
etleslonguesfaçades
s'alignent ; les so-
lives des planchers
prennent place sur
les poutrelles, et dans
le squelette qui se
dresse en quelques
jours, on retrouve la
masse de l'édifice dé-
finitif.

Sur le premier
plan de notre dessin,
on voit la travée de
30 mètres que l'ouragan a bien voulu respecter ;
elle a pris sa place, et solidement soutenue par des
béquilles, étrésillonnée par des câbles d'acier, elle
attend qu'on la relie aux constructions nouvelles ;
cal diU te informe de ferrailles, qu'ont laissé sur le

sol les deux travées écroulées, on ne tirera rien
d'utile.

Au-devant de la travée debout, on distingue toute
une installation de bétonnière et de malaxeuse que
les croquis ci-joints reproduisent avec plus de
détail. C'est là qu'on fabrique le béton destiné aux

Au Champ-de-Mars. — Élévateur pour wagonnets chargés de mortier.

puits de fondation du palais de l'Électricité. Ces
puits, creusés dans des terres rapportées, descendent
parfois jusqu'à 12 mètres avant de rencontrer le sol

Au Ciiaut-de-Mars. — Chute du béton dans les wagonnets.

incompressible. A côté de lama.axeuse, le mélange
de sable et de béton est préparé à sec ; on le charge
à la pelle dans l'appareil, où coule un filet d'eau
amené par une conduite. La tige à ailettes de la
malaxeuse est mise en mouvement par une loco-

mobile voisine, abritée sous une bâche. Le mortier
fabriqué coule sur une aire, où il est repris à la
pelle et chargé dans un wagonnet. Le wagonnet
plein de mortier va se ranger sur le plateau d'un
élévateur; en même temps, on pousse à côté du
premier un second wagonnet plein de cailloux. Le

déclic déplacé,
l'arbre se met en
mouvement et les
wagonnets montent
surla plate-forme,où
ils sont reçus par
deux hommes, qui
déversent l'un et
l'autre dans une tré-
mie se prolongeant
en un cylindre de
tôle, de 0,60 en-
viron de diamètre.
Ce cylindre est tra-
versé,perpendiculai-
rement aux généra-
trices, de tiges en fer
rond, disposées en
chicane. L'obstacle
apporté par ces tiges,
et les différences de
densité des matières
suffisent pour opérer
le mélange, qui de-
vient complet par sa
chute dans un wa-
gonnet amené sous
l'ouverture du cy-
lindre. Celui-ci
s'ouvre par un clapet
inférieur,etsacharge
se loge dans le wa-
gonnet, qui peut dé-
verser son contenu
dans le pui ts désigné.
Les cylindres sont doubles, ce qui permet d'activer
le travail, et quand l'atelier est en marche, les
wagonnets se suivent presque sans interruption.

Ces puits sont
nombreux et pro-
fonds, et les conte-
tenus des wagon-
nets de béton sem-
ble nt disparaître
dans un abime. Ce-
pendant, peu à peu,
le puits s'emplit. On
prend soin de noyer
dans le béton et
dans le bloc ma-
çonné qui le sur-
monte, une forte
barre de fer, sur
quoi viendra se fixer,
en se reliant ainsi
au sol, l'armature
métallique, qu'on
établira postérieure-
ment.

Depuis que .iotre
dessin a été exécuté,
l'aspect du Champ-
de-Mars s'est com-
plètement modifié.
La constitution des
voies ferrées de ma-
nœuvre s'est com-
plétée et a facilité
l'apport des maté-
riaux. La double ran-
gée de palais est en-
tamée, et, sur toute
la longueur du vaste
espace, se dressent tes immenses montants qui
doivent, à 20 mètres du sol, supporter les toi-
tures des palais, et que commencent à relier les
ferrures des combles et les solivages des planchers.

Paul Jorde.
 
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