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L' Exposition de Paris (1900) (Band 2) — Paris, 1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.1829#0228
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L'EXPOSITION DE PARIS.

199

LES TRAVAILLEURS DE L'EXPOSITION

Les corporations et associations ouvrières

Tandis que l'œuvre magnifique de l'Exposi-
tion universelle apparaît de mieux en mieux à
ceux qui en suivent passionnément le dévelop-
pement, aujourd'hui rapide, il y a un réel plai-
sir à jeter un coup d'œil en arrière, en remontant
à une année tout au plus.

Vous rappelez-vous la fin del'année 1898? La
grève des terrassiers venait d'éclater, entraî-
nant après elle la majeure partie des corporations
de l'industrie du bâtiment. C'est à peine alors,
sauf pour les deux Palais des Champs Élysées, si
les chantiers de l'Exposition étaient enclos, no
montrant encore que de vastes solitudes coupées
de distance en distance par les tranchées des
fondations des murs de soutènement. Cependant
le décor s'équipait dans la coulisse; les plus
grandes usines de France forgeaient les pièces
métalliques, les colonnes, les fermes devant for-
mer la carcasse des Palais du Champ de Mars
et des Invalides, comme aussi la contexture deî
grands halls des Palais de l'avenue Nicolas II
On attendait l'entrée en scène des machinistes
de la féerie et les bruits les plus pessimistes cou-
raient à ce sujet.

Par machinistes, j'entends ici les charpentiers,
dont l'œuvre allait être de première importance.
Il fallait dresser des échafaudages pour monter
et assembler les parties métalliques ; puis, comme
il avait été convenu de faire monumental et de
ne rappeler en rienl'Exposition de 1889, toute de fer
et de polychromie, on devait recouvrir cette ossa-
ture métallique de façades charpentées permet-
tant la pose des molifs de moulages simulant la
pierre ou le marbre. Il y avait encore ces multi-
ples pavillons disséminés au quai d'Orsay, au
Trocadéro, quai de Billy, dont les sapines de
bois allaient faire tous les frais.

Or, à peine les terrassiers avaient-ils repris

remise, assurèrent les fauteurs de troubles; l'hiver
est dur à passer, c'est au printemps seulement
que la grève éclatera, et cette fois les peintres-,
dont on commencera à avoir besoin pour passer

changement d'altitude? C'est ce que je crois inté
ressaut de démêler de la façon lapins impartiale,
en faisant tout d'abord l'observation que la
récente grève du Creusot, qui a suspendu pen-

Au quai d'Orsay. — Les charpentiers du Palais des Années de terre et de mer.

au minium les pièces métalliques et pour badi-
geonner les premières couches, rentreront enjeu,
eux aussi. Alors on verra!... Mais au fait que
devait-on voir? On négligeait de nous le dire, et
pour cause assurément, car il ne pouvait être
question des salaires, les corporations en cause
étant privilégiées au point de vue des prix de
série de la Ville de Paris.

Le printemps vint et tout resta dans le calme
le plus parfait. De grève, il n'a pas été et il ne
sera pas question. Architectes, ingénieurs, com-

Au quai d'Orsay. — Le Pavillon des Armées

pelle et la pioche, en même temps que les
maçons la truelle, qu'on annonçait presque offi-
ciellement «l'ouverture » pour le 1er décembre, de
la grève des charpentiers. Les circulaires avaient
été expédiées, des comités s'assemblaient, le
désordre semblait devoir être sur le point d'écla-
ter. Rien ne se produisit cependant. Partib

missaires et entrepreneurs, dont les inquiétudes
avaient été si vives, ont aujourd'hui la plus belle
assurance dans l'achèvement paisible de l'Expo-
sition. Si vous parlez à un ouvrier des chantiers
d'une grève en perspective, vous lui faites haus-
ser les épaules, ou bien vous essuyez un coup
d'œil de méfiance. D'où vient donc un pareil

dantun laps de temps assez long la vie de l'im-
mense usine, si difficile à remettre eu marche,
dès qu'il y a le moindre arrêt dans la perpétuité
du travail, n'a éclaté elle-même qu'après l'achè-
vement du tablier du pont Alexandre et à un
moment où rien ne pouvait plus venir compro-
mettre l'œuvre de l'Exposition. On sait qu'en
dehors du Creusot plusieurs établissements de
forges : Fives-Lille, Châtillon-Commentry, Saint-
Ghamond, Firminy, Saint-Etienne, ont coopéré
à la partie métallique du pont Alexandre, mais
que ce sont les ouvriers du Creusot qui ont
été chargés d'assurer le montage des différen-
tes pièces du pont.

Je reporterai l'honneur de cette sagesse et
de cette tranquillité des ouvriers de l'Exposi-
tion à la prudence, à la sagacité, au tact, à
la clairvoyance de M. Alfred Picard et de ses
coadjuteurs, M. Chardon et M. Bouvard. La
plus grande habileté est toujours l'honnêteté
scrupuleuse dans les rapports sociaux, qu'il
s'agisse des individus ou des collectivités.
M. Picard s'est dit qu'il avait charge d'âme
ave cette grande famille travailleuse que
l'Exposition groupait autour de lui. Il savait
aussi dès longtemps que les soins matériels
influent vivement sur la production du travail,
en qualité et en quantité: or, il y aurait assu-
rément des coups de collier énergiques à
donner. Il se préoccupa dès lors de cette
partie matérielle : la création du restaurant
coopératif, les services d'assistance institués
établirent un lien entre la direction de l'Ex-
position et la population ouvrière employée.
Celle-ci sut reconnaître quel souci de leurs
interêtslcs intelligents administrateurs avaient
eu en veillant ainsi sur leur sécurité. La re-
tenue de 1 pour 100, sur tous les travaux
de l'Exposition, pour alimenter le service
médical, permit de centraliser des ressour-
ces dont l'emploi judicieux fit une vive
impression sur les ouvriers. *

La loi récente sur les accidents du travail
met aujourd'hui tout infirme temporaire, tout
mutilé, tout invalide de l'industrie ou de la
construction à l'abri de la misère. Les assu-
rances allouent notamment au blessé temporaire
la moitié de son salaire normal. A l'Exposition
on a fait mieux, on a complété ce salaire pour
tous les blessés en leur assurant l'autre moitié du
 
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