Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Exposition de Paris (1900) (Band 2) — Paris, 1900

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.1829#0229
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
200

ENCYCLOPÉDIE DU SIECLE.

salaire journalier pendant la durée du chômage.
Ainsi, par cette double action combinée de l'assu-
rance et de la caisse médicale de l'Exposition,
tout blessé qui chôme touche donc son salaire
intégralement, sans parler des soins qui lui sont
prodigués gratuitement à l'hôpital ou à domicile,
suivant la gravité du cas. Les ouvriers n'ont pas
saisi du premier coup toute l'importance des
créations réalisées en leur faveur; mais quand ils
ont eu des exemples sous les yeux, quand des
cas se sont présentés de voir fonctionner d'une
façou pratique les rouages de cette solidarité
avisée, alors ils ont compris que dans la lutte
économique qu'est l'existence moderne, tout ne
se résumait pas en une question de salaires et de
durée de travail, qu'il y avait d'autres questions
que le marchandage du prix de l'heure, et qu'il
fallait savoir le plus grand gré à ceux qui pre-

et en nous en tenant à ceux que nous avons déjà
cités, nous dirons particulièrement que si les
travaux du pont Alexandre ont été montés presque
travée par travée entre de grands établissements
dont un seul était capable de les mener à bien,
ce n'était pas seulement dans la coquetterie de
réunir une sorte de gerbe industrielle, mais aussi
dans le but de se prémunir contre tout arrêt du
travail venant à se produire dans tel ou tel éta-
blissement.

S'il eût existé une forge ouvrière de quelque
importance dans un coin de la France, nul doute
qu'elle aussi eût été appelée à coopérer à cette
œuvre qu'on peut traiter sans exagération de'
nationale. Ce que M. Picard n'a pas pu faire
pour la métallurgie, il l'a fait tout au moins
pour les autres corporations qui se sont syndi-'
quées en Associations ouvrières et travaillent à

consécration en quelque sorte officielle, que la
Ville de Paris ne leur marchandait d'ailleurs
point pour sa part depuis longtemps.

Et comment, dès lors, intéressés à la réussite
de l'œuvre commune, tous ces corps d'état songe-
raient-ils à se mettre en grève? Chacun semble
mettre son point d'honneur à ce que tout soi
prêt au jour dit et à mériter ainsi pour sa par
la médaille commémorative de l'Exposition qui
rappellera à tous ceux, petits ou grands, qui ont
contribué à l'édiiice, la part qu'ils ont prise à
ce grand œuvre venant couronner ' - siècle.
La politique seule, cette vilaine chose, eût pu
réduire à néant de si louables efforts, mais celte
éventualité même n'est plus à redouter. Les syn-
dicats ouvriers semblent comprendre aujourd'hui
que l'agitation économique et l'arrêt général des
affaires ne sont pas toujours de bons moyens

Au Champ de Mars. Travaux de réparation de la Tour Eiffel.

naient ainsi souci de leur sécurité et de leur
sauvegarde matérielle.

Qu'on ne croie point que ce soit là unique-
ment des réflexions que je fais. Je les ai recueil-
lies pour la plupart un jour où, le verre en main,
les maçons fêtaient la Saint-Louis au restaurant
coopératif du Cours-la-Reine. Des bouquets or-
naient les tables, encollerettés de papier blanc et
enrubannés; à tour de rôle, un ténor ou un ba-
ryton se levait dans l'assistance et entonnait
quelque romance langoureuse ou quelque chant
patriotique repris en chœur au refrain par les
auditeurs charmés. J'avais été frappé de la tenue
parfaite, de l'air joyeux, sans contrainte, sans
souci presque, qui semblaient caractériser celte
assistance; tout en elle dénotait un état moral
qu'on ne trouve certes pas toujours dans les
agglomérations ouvrières des grands chantiers.
Je fraternisai avec les compagnons au coin d'une
table, j'interrogeai et j'appris.

En dehors de ce côté philanthropique, il con-
vient de noter que M. Alfred Picard a su déployer
une très réelle habileté dans la réparlition des
travaux. Sans multiplier les exemples à l'infini,

leur compte. Des avantages spéciaux leur ont été
assurés aux adjudications et même certaines ca-
tégories de travaux leur ont été réservées.

Est-ce qu'il ne sera pas d'un bel exemple ce
Palais des Congrès, où vont s'agiter tant de ques-
tions intéressant la collectivité et l'humanité et
qui aura été bâti et décoré tout entier par des
Associations ouvrières, après que les Charpen-
tiers de Paris en eurent édifié la carcasse, comme
les Charpentiers de la Seine travaillaient aux
Pavillons du quai d'Orsay et les Charpentiers
de la Villette au Palais des Mines, au Pavillon
des Douanes et à celui de la Presse? L'Association
des peintres de la Seine s'est assurée de lots de
travaux au Grand Palais et au Champ de Mars,
où elle a amené les roulottes qui lui servent
d'ateliers portatifs pour la remise du matériel, la
préparation des couleurs, pour le vestiaire, etc.
Vitriers, serruriers, parqueleurs, tapissiers ont
eu ou auront leur tour. Quelques associations se
sont ainsi créées tout exprès; d'autres, qui végé-
taient, ont pris un essor tout nouveau et, enfin,
les grandes associations déjà connues dans l'in-
dustrie du bâtiment ont reçu ainsi de l'Etat une

pour assurer Je triomphe d'une cause, si juste
soit-elle. Ils ont eu la sagesse de rester sourds à
toutes les incitations; l'Exposition leur a assuré
une large part de travaux, une somme énorme
de salaires; ils savent, en outre, comme nous
l'avons déjà exposé, que ces grands travaux ne
seront pas sans lendemain, que tout un plan de
campagne s'ouvrira pour donner à Paris les faci-
lites de communication et les moyens d'exten-
sion qui lui manquent; les ouvriers ont confiance
en ceux qui les dirigent à la tête des grands ser-
vices de l'Exposition, et c'est là assurément de la
bonne politique.

Et, si les syndicats ouvriers reçoivent pro-
chainement du Parlement la capacilé civile
et commerciale demandée pour eux par le Gou-
vernement; s'ils peuvent agir, posséder, soumis-
sionner à toute entreprise, obtenir toute conces-
sion de l'Etat ou des particuliers, il sera bien
inexact de prétendre que c'est là le résultat a une
grève de trois semaines au Creusot. La vente est
que cette sorte de transformation éeonomiq'|e
sera la résultante des travaux de l'Exposition de
1900. A. Coffignon.
 
Annotationen