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L' Exposition de Paris (1900) (Band 2) — Paris, 1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.1829#0233
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204

ENCYCLOPEDIE DU SIECLE.

AU QUAI D'ORSAY

Le Pavillon de la Bosnie-Herzégovine

Entre le Pavillon de l'Autriche, si riche et si
élégant dans son modernisme et celui de la
Hongrie qui, par contre, est comme une antho-
logie des styles archéologiques du royaume
magyar, s'élève le Pavillon de la Bosnie-Herzé-
govine. Ces deux provinces sont, en vertu du
traité de Berlin, occupées par l'Autriche, qui,
dans ces pays ruinés par la déplorable adminis-
tration des Ottomans, a introduit l'ordre et la
paix, précurseurs d'une renaissance économique
et sociale dont les effets se font ressentir actuel-
lement. M. Benjamin de Kallay, Ministre des
finances de l'Empire austro-hongrois, auquel fut
confiée la régénération de ces provinces trou-
blées par des luttes continuelles et pillées par
une puissance oppressive, s'est d'abord entouré
d'un corps de fonctionnaires, choisis avec soin.
Son œuvre ne s'est pas bornée à la prospérité
financière; elle a surtout visé le relèvement intel-
lectuel et moral des populations confiées à sa
sollicitude. Tout d'abord, l'enseignement public,
à tous les degrés, a été organisé ; puis des écoles
spéciales ont été ouvertes dans les branches des
arts et métiers et des arts décoratifs, répondant

été établies avec les ressources financières de la
Bosnie-Herzégovine et le seul emprunt qui a été
effectué fut exclusivement destiné à l'ouverture
des nouvelles voies ferrées projetées. Telle est la
part prise par M. Benjamin de Kallay dans le
relèvement d'une contrée qui comptait jadis
parmi les plus misérables de l'Empire turc et
qui peut être citée comme modèle, aujourd'hui,
parmi les États des Balkans. L'exposition qui
s'ouvrira en 1900 montrera par des preuves
visibles et palpables la prospérité et la puissance
productrice de la Bosnie-Herzégovine, mais,
avant d'indiquer quels seront les produits soumis
à l'appréciation des visiteurs, il est nécessaire de
parler de la construction elle-même, si originale
et si pittoresque dans son aspect agreste.

Le commissaire général de la Bosnie-Herzégo-
vine, M. Henri Moser, chargé d'organiser cette
exposition, est familier de tâches semblables;
c'est lui qui, déjà, disposait la section bosniaque,
très remarquée, à l'Exposition de Bruxelles en
1897. M. Henri Moser s'est fait connaître par de
nombreuses explorations dans l'Asie centrale, où
il a étudié de près les arts décoratifs de l'Extrême-
Orient. Or, les traditions encore en vigueur en
Bosnie-Herzégovine se rattachent aux arts orien-
taux, et c'est dans cette direction que les écoles
d'art de la Bosnie, nouvellement ouvertes, ont
cherché leurs inspirations; c'est aux arts orien-
taux que le pavillon en construction sur le quai
d'Orsay emprunte ses éléments décoratifs.

On remarque, tout d'abord, une haute tour
massive, qui flanque la gauche du bâtiment;
c'est comme une sorte de donjon fortifié, car des
bretèches saillantes, accrochées sous le toit, défen-
dent le pied des murailles. Toutes les demeures
seigneuriales de la Bosnie comportaient jadis cette
sorte de fortification, dont les postes supérieurs
permettaient l'inspection des environs, et la
guette de l'ennemi, toujours imminent. Autour
du donjon, s'allongeaient les bâtiments d'habi-

Costume et typ-i bosniaques; objets d'exposition; panorama de Seraïewo.

aux instincts artistiques du peuple bosniaque.
Concurremment avec ces institutions, les voies
de communications qui faisaient complètement
défaut, lors de l'occupation, étaient créées;
4 000 kilomètres de routes carrossables, et
2 000 kilomètres de chemins de fer à voie
étroite sillonnèrent le pays. En même temps,
des fermes modèles étaient installées et des re-
producteurs des meilleures races d'animaux do-
mestiques mis à la disposition des agriculteurs;
des caisses hypothécaires agricoles apportaient
des ressources aux paysans, jusqu'alors rongés
par l'usure. Ces institutions <le tous genres ont

tation, aux jours rares et aux nombreuses meur-
trières. L'appartement des femmes, le haremlik,
s'éclairait au moyen de balcons à jour, que dé-
fendaient, contre les regards indiscrets, des cloi-
sonnements treillissés et repercés. Des galeries,
formant plates-formes, assuraient des communi-
cations faciles aux défenseurs. Tel était le vieux
manoir bosniaque, aux époques où l'on se battait
à tous les détours de route, contre le Turc et ses
soldats pillards. Mais, d'autres temps sont venus :
et la sécurité absolue est le corollaire du respect
de la loi unique. On étouffait dans ces manoirs
sans air et sans lumière ; aussi les murs massifs

sont-ils aujourd'hui percés de toutes parts, et
laissent entrer à flots les rayons du soleil. Ainsi
en advint-il chez nous, après les longs siècles du
moyen âge, lorsque le'pouvoir central fut assez
fort pour mettre fin aux guerres particulières;
les vieux châteaux féodaux furent éventrés du

M. Henri Moser
Commissaire général de la Bosnie-Herzégovine.

(Photographie Eug. Pirou, rue Royale.)

haut en bas, pour les larges baies, aux meneaux
en croix (les croisées) de la Renaissance.

Ainsi s'explique l'irrégularité des baies per-
cées sur les diverses façades du Pavillon de la
Bosnie : la porte d'entrée s'est également élargie ;
mais elle a conservé le moucharabie saillant,
permettant d'assommer à couvert les assaillants
qui tentaient d'enfoncer les battants. Des por-
tiques s'ouvrent sur les côtés, et reposent sur des
colonnes, dont les chapiteaux, dans leur simpli-
cité, ont une grâce sévère, notamment l'un
d'eux, décoré de grands chevrons, qui est d'une
originalité exquise. Tous les détails de sculpture
et de décoration sont d'inspiration orientale, sans
se rapporter d'une façon précise au style turc ou
au style arabe. L'influence locale a approprié
et notablement modifié ces éléments étrangers.
La caractéristique est une sobriété de lignes d'un
effet puissant. Les menuiseries, qui ont été exé-
cutées en Bosnie, procèdent du même principe :
à signaler des portes, dont les panneaux affectent
des combinaisons de lignes droites, à angle
droit ou alternant avec des lignes à 45°, qui sont
autrement intéressantes que nos immuables ca-
dres rectangulaires et qui sont, néanmoins, d'une
exécution aussi facile et aussi économique.

L'ensemble de la construction n'en demeure
pas moins d'un aspect agreste, comme nous le
disions, car il y a une prédominance considé-
rable des parties nues, sur les parties ornemen-
tées. Le crépi blanc des constructions s'avive au
contraste des bois, qui demeurent dans leur ton
naturel ; si quelques touches colorées doivent être
ajoutées, elles seront tenues dans une note dis-
crète. Le jeu des ressauts et des grandes ombres
reflétées serait déjà très suffisant pour écarter
toute impression de monotonie. Mais M. Henri
Moser médite une adjonction qui donnera le
dernier cachet à l'œuvre; il entend couvrir le
pavillon et la terrasse qui le précède de ramilles
grimpantes, vignes vierges et lierres, et il regrette
de ne pouvoir amener de Bosnie quelques-unes
de ces plantes qui, là-bas, poussant à loisir, de-
puis de longues années, dans une terre géné-
reuse, habillent d'un manteau de sinople cer-
taines constructions similaires. Ajoutons que,
sous le portique et sur d'autres emplacement»
des façades latérales, s'installeront des artisan!
 
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