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L' Exposition de Paris (1900) (Band 2) — Paris, 1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.1829#0232
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L'EXPOSITION DE PARIS.

203

Dans le vestibule du logis, le carlon original
de la Joconde de Léonard de Vinci, qui garde
son sourire énigmatique, puis dans les deux ga-
leries suivantes des dessins, des vases, la toilette
de Marie-Thérèse et 24 vues de Chantilly des
plus curieuses.

La galerie de Psyché présente d'un côté la suite
des vitraux du châ-
teau d'Écouen figu-
rant les Amours de
Cupidon et de Psy-
ché, une des trois
effigies en cire de
Henri IV exécutées
après sa mort, une
série des plus intéres-
santes de portraits au
crayon par François
Glouet, et, perles ines-
timables, un Combat
d'enfants, dessin de
Raphaël et le Juge-
ment dernier, dessin
de Michel-Ange.

Une porte donne
accès dans la petite
salle appelée Santua-
rio. C'est véritable-
ment un sanctuaire
de l'art, où resplen-
dissent deux toiles du
divin Raphaël, petites
par leurs dimensions
mais que grandit la
beauté : La Vierge
de la maison d'Or-
léans, les Trois Grâ-
ces. Le premier de
ces deux chefs-d'œu-
vre, peint vers 1506,
fut payé 625 000 francs
à la vente Thibaudeau.
C'est un adorable
groupe de la Vierge
regardant avec amour
l'Enfant Jésus qui
cherche à dégrafer sa
robe. L'expression des
figures est admirable,
le dessin d'une pureté
absolue, et la couleur
d'une suavité que le
temps n'a pas altérée.
Le petit panneau des
Trois Grâces d'une
composition et d'une
exécution merveilleu-
ses, d'une tonalité
presque vénitienne, est
digne aussi du peintre
d'Urbino.

Esther et Assuérus
par Filippino Lippi
est un panneau de
coffre de mariage qui
appartint à la famille
Torrigiani et fut acheté
à la vente Léclanché.
Superbement composé
et d'une couleur har-
monieuse, c'est un des vestiges les plus précieux
de la peinture du xve siècle.

Que dire des Heures, ces 40 miniatures exécu-
tées vers 1445 par Jehan Fouquet? Toutas les
formules de l'éloge furent épuisées à leur égard
et l'on n'a rien dit de trop. Le duc d'Aumale
attachait tant de prix à cette acquisition de si
rares chefs-d'œuvre, qu'il fit exprès le voyage de
Francfort. Pour bien faire, il faudrait visiter le
Santuario en dernier, comme le bouquet des
collections de Chantilly.

On passerait une journée à étudier dans le
cabinet des gemmes outre les joyaux où l'art sur-

passe la matière, et certains sont du plus grand
prix, plus de 200 miniatures dont la perfection le
dispute à l'intérêt historique et les émaux, dont'
15 de Petitot, la'plupart portraits do souverains,
de princes et princesses ou de grands person-
nages.

La Tribune, vaste salle octogone, nous offre

Le Château de Chantilly. — La partie de cartes, panneau de la ■«.' Grande Singerie

aussi son contingent de'chefs-d'œuvre. Outre les
panneaux rappelant au prince les demeures
qu'il a occupées, depuis le collège Henri IV
où il fit ses études jusqu'à la résidence de
Twickenham, nous relèverons, entre les toiles les
plus intéressantes, un beau portrait de Tal-
loyrand par Ary Schcffer, la Mort du duc de
Guise, tableau célèbre, dont le stylo maigre est
racheté par une habileté suprême, la Beauté,
délicieuse esquisse de Prud'hon, le cardinal
Mazarin, un portrait qui peut lutter avec celui
de Ph. de Champaigne, la Vierge glorieuse du
Pérugin, inestimable morceau de ce primitif,

encore de Mignard, le vivant-portrait de Mo-
lière, celui de Ingres par lui-même et du même
maître deux tableaux fameux : la Stratonice,
commandée au peintre par le feu duc d'Or-
léans, d'un dessin si pur, d'une si habile com-
position, et la Vénus Ahadyomène où, par une
heureuse fortune, s'est montré coloriste celui

qui s'était attribué
l'axiome de Poussin :
« la peinture c'est le
dessin ». Le portrait
de Bonaparte rap-
pellerait imparfaite-
ment le Premier Con-
sul, si les yeux n'é-
taient éclairés de la
flamme du génie. Ci-
tons : Le Sommeil de
Psyché, par Prud'hon,
dont le pendant se;
trouve dans la collec-
tion Dubois; puis une
belle esquisse, l'En-
trée des Croisés à
Constantinople, par
E.'Delacroix. Une jo-
lie Vue de Saint-
Cloud, de Eonning-
ton, ce précurseur de
Daubigny qui procède
de Constable, un di-
ptyque de Memling,le
Saint MathieuàeFia.
Angelico, le Sauveur
du Monde, de Luini,
l'Automne, de Rotti-
celli ; j'en passe et des
meilleurs, il faudrait
tout citer.

Encore ai-je omis
dans les autres salles
nombre d'œuvres in-
téressantes telles que
le portrait de la Prin-
cesse Palatine par
Largillière d'une vé-
rité frappante ; celui
d'Henriette d'Angle-
terre par Mignard, un
morceau superbe, le
Louis XIVàe H. Ri-
gaud traité avec no-
blesse, dont les chairs
sont vivantes et le
modèle excellent ; puis •
deux beaux portraits
de Mme et de Mlle de
Longueville par Beau-
brun, qui nous repor-
tent au temps de la
Fronde et aux amours
de ce cardinal de Retz,
dont le masque à la
fois brutal et rusé
nous est apparu, Ma-
demoiselle de Nantes,
une œuvre charmante
de Nattier et tant d'au-
tres que nous aurions
à mentionner, si nous
dressions un catalogue. Nous citerons du moins,
avant de terminer celte revue, les dessins de
Prud'hon, ceux de Raffet et la jolie collection
des portraits au crayon de Carmontelle, l'auteur
des Proverbes.

Il fiudrait un chapitre spécial pour les
estampes, dont la collection précieuse comprend
des Albert Durer, des Rembrandt, des Marc
Antoine, pour les autographes si rares des xve
et xvie siècles, pour les monnaies anciennes et
les antiquités de choix, entre lesquelles brille au
premier rang le merveilleux petit bronze grec
représentant la déesse Minerve. (A suivre.)
 
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