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L' Exposition de Paris (1900) (Band 3) — Paris, 1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.1810#0171
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IV 21

L'EXPOSITION DE PA1US

161

LES SPECTACLES EXOTIQUES

Le Théâtre du Pavillon Ottoman

Le Pavillon Ottoman a grande allure, avec
son dôme au profil sinueux, son large porche et
ses terrasses. Su masse imposante n'est pas
écrasée par le voisinage île l'immense Palais
Italien, la plus importante construction, en
superficie, de la rue des Nations; il a nui même
quelque peu à l'effet symétrique du Pavillon des
Etats-Unis, son autre voisin, dont l'archi-

d'Allemagne, et qui est une merveille d'exécution
et de couleur. Cette exposition est organisée par
une maison française; les tapis nous sont pcé-
sentés honnêtement, comme étant de fabrication
moderne.

En même temps qtie le visiteur admire ces
tissus, il a la joie d'entendre une musique extra-
ordinaire exécutée dans une pièce voisine, el si
la curiosité le pousse :i soulever la portière qui
le sépare des musiciens, il est. admis, moyen-
nant un léger droit d'entrée, dans une salle
de spectacle où, sur une estrade, s'évertue un
orchestre composé de flûtes, de guitares et de

Les dan-ruse; se succèdent et n'opèrent
jamais simultanément ; l'étoile de la troupe
semble être une personne assez dodue, qui exé-
cute la danse du ventre. Cette forie personne est
une artiste consommée dans l'ait de jouer des
muscles lombaires; je n'ai jamais vu, pom-
ma part, exéiuter îles déplacements aussi consi-
dérables; elle accompagne cet exercice d'un
remuement rythmique de la tète, tandis que les
épaules demeurenl immobiles et le visage par-
faitement impassible : l'effet est assez étrange.
Parlerai-je du combat au sabre auquel se livrent
des gaillards qui vont bon jeu, bon argent; el

tecture classique semble bien sèche et bien
froide à côté de l'exubérance orientale. A l'in-
térieur, la décoration du Pavillon Ottoman est
beaucoup plus sommaire: mais les murailles ont
été habillées de tapis étendus, qui fournissent une
note chaude et pittoresrue. L'édifice est consa-
cré à diverses exhibitions d'ordre privé; le rez-
de-chaussée est transformé en une sorte de
bazar, où l'on vend toute la bimbeloterie orien-
tale. Nombre de ces objets, affirment des gens
informés, sont fabriqués en nos faubourgs, de
même que la plupart des soieries offertes aux
convoitises des visiteurs ont été tissées sur des
métiers occidentaux. Qu'y a-t-il de vrai dans
cette assertion? Je ne me charge pas de le
démêler, d'autant que, par expérience person-
nelle, j'ai pu juger que l'Orient adopte, au besoin,
nos expéditifs procédés industriels, et produit
delà camelote de mauvais goût, en aussi grande
quantité qu'on le peut faire dans nos ateliers.
Les Orientaux, entre autre talents, son! passés
maîtres dans l'art de truquer et d'imiter les
objets d'art antiques. Avis aux amateurs!

Le premier étage du Pavillon Ottoman est con-
sacré en partie à une exposition de tapis en
soie, qui ont été copiés sur des modèles anciens,
et qui sont de toute beauté : on y voit un tapis
de grande dimension, dont le semblable, pa-
raît-il, a été donné par le sultan à l'empereur

tambours, ou du
moins d'instru-
ments similai-
res à ceux que
nous désignons
ainsi, carlcsfor-
meset le timbre
difièrent singu-
lièrement. Là
soufflent, grat-
tent, tapent,
avec une inlas-
sable convic-
tion, des gaillards vêtus de costumes pittores-
ques, pendant que devant eux se trémousse
une danseuse, qui se livre à une gymnastique
plutôt fatigante, en ces jours de canicule. Les
danses intéressent peu les jambes, car les pieds
quittent à peine le sol; le torse et les bras sont
en évolution par contre. La musique sauvage de
l'orchestre est accompagnée par le cliquetis de cas-
tagnettes métalliques, que les danseuses agitent,
sortes de minuscules cymbales, dont l'origine
remonte bien haut; ce sont les crotales antiques.
Le martellement continuel de cette note métal-
lique, âpre et stridente, qui se mêle à l'éternel
motif répété à satiété par l'orchestre, finit par
déterminer une sorte d'hypnose, auquel s'ajoute
le tournoiement de la danseuse.

qui semblent prêts à se pourfendre. Ils ont la
mine et le costume de parfaits brigands; au
demeurant ce sont les plus honnêtes gens du
monde. Cette troupe vient de Damas; elle est
composée de Syriens, tous chrétiens comme ils
se hâtent de le proclamer. Ils auraient bien
voulu jouer et chanter des pièces, car ils ont un
répertoire d'opérettes, mais le public ne com-
prend pas leur langue, et ils se contentent de
donner un aperçu de leur talent par une courte
saynette, que les spectateurs accueillent généra-
lement avec fraîcheur. Ces braves gens sont venus
chercher la fortune à Paris: que celle capricieuse
déesse leur soit favorable ! mais, j'en doute.

Paul Jokde.

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