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Winckelmann, Johann Joachim
Histoire de l'art chez les anciens: avec des notes historiques et critiques de différens auteurs (Band 3) — Paris, 1803

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https://doi.org/10.11588/diglit.11577#0069
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chez les anciens. -6*£

II est incontestable que, dans l'enfance de tous les arts, le style
qui devoit alors consister en un assemblage de grand nombre de
parties rapportées, étoit mesquin, sans proportions, sans symétrie,
et chargé de tout ce qu'on l'egardoit comme beau à cette époque,
dépourvu de principes et d'expérience. Plus on tendoit à parvenir
à la perfection, plus on prodiguoit les ornemens pour donner à
l'ensemble un air de grandeur, et pour exciter l'admiration par la
difficulté vaincue. Ce style mesquin, nous le trouvons dans les
premiers et les plus anciens travaux de l'art, aussi bien chez les
Egyptiens que chez les Indiens ; et ce même style surchargé est
une preuve de leur haute antiquité. Simplicité liée avec une
grandeur digne d'admiration , comme s'exprime Caylus , cons-
tituent le plus haut degré de l'art, et ne peuvent être le fruit que
d'un goût épuré et d'une étude réfléchie ; qualités qu'on ne
peut certainement pas trop attribuer aux ouvrages de l'art de
l'ancienne Egypte.

Pour se convaincre parfaitement de ce qu'on vient d'avancer,
on n'a qu'à lire la description fort détaillée , que Pococke nous a
donnée des portes et du grand temple de Carnack, qui est l'ancienne
Diospolis ou Thèbes. Les portes de ce temple ressemblent parfai-
tement aux portes des Indiens par leur forme pyramidale ( qui
est l'emblème du Phtas, ou du feu le plus pur ), et sont de
même chargées de figures et d'hiéroglyphes , dont les premières,
entr'aufres, de grandeur gigantesque, sont exécutées dans le goût
outré des Egyptiens ( i ). 11 est vrai que Pococke parle d'une porte
de ce temp'e qui est sans figures et sans ornemens , et ce voyageur
tombe dans la même erreur que Caylus, en prenant cette simplicité
pour une preuve de s n antiquité, quoique les réflexions qu'il fait
ensuite, contredisent cette assertion ; car il observe que cette porte
est magnifique, construite d'après les règles de l'art, et dans le goût
de l'ordre rustique. Mais cela n'est-il pas une preuve ou qu'elle

( i ) Pococke, Description du Midi} tom. i5o et i5i,
 
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