MATIÈRES PREMIÈRES ET STADES PRÉLIMINAIRES
33
C’est dans le même sens que va l’interprétation proposeé dans Liddell-
-Scott: «wool worker, working on wool». Préciser davantage le type
de son travail, comme S. Calderini60 essaie de le faire, c’est une entre-
prise impossible.
Contrairement à la situation que nous avons observée dans le do-
maine du travail du lin, il serait difficile, à ce qu’il me semble, de prouver
l’existence d’un artisan qui lavait la laine. Preisigke, qui a noté dans
son Wörterbuch l’existence de cet artisan présumé, s’est appuyé sur BGU
118 (II), où l’on trouve dans une κατ' οικίαν άπογραφή la mention:
ό προγεγ[ραμμένος ]|πλυτης. Le texte pourrait être restitué par έριο]-
πλύτης, mais tout aussi bien par ίματιο]πλύτης, comme le propose Wil-
cken61. L’absence de renseignements au sujet de ces spécialistes ne me
semble pas un effet du hasard. Blanchir le lin, ou xilutôt le faire bouillir,
c’était un processus plus compliqué. Quant au lessivage de la laine, ces
opérations relativement simples étaient exécutées dans une grande mesure
par les bergers.
On trouve mentionnés dans quelques papyrus des artisans έριοραβ-
δισταί62. 'Ραβδιστής (celui qui bat, qui frappe avec un bâton) est un
mot qui désigne d’habitude un batteur de blé63. A en juger d’après
la composition du terme, 1’έριοραβδιστής était un artisan qui battait
la laine lavée pour la débarrasser des impuretés et pour séparer l’un de
l’autre les poils embrouillés. Les textes qui mentionnent ces artisans
n’ajoutent lias beaucoup à notre interprétation fondée sur la significa-
tion du terme. Khvostov a cru voir des analogies entre leur travail et
celui des foulons; il a proposé de considérer les έριοραβδισταί comme
des spécialistes à l’intérieur de la branche du finissage des tissus64. Je
60 S. Calderini, p. 45 s.
61 D’autant plus que l’étendue de la lacune ne peut servir d’argument, puisque
le mot προγεγραμμένος a pu être abrégé.
62 Nous rencontrons aussi une forme partiellement différente: γερδιοραβδιστής,
dans P. Tebt. 305 (II). Preisigke (Wörterbuch, s. v.) traduit ce mot comme «Auf-
seher der Weberzunft». Cette interprétation ne trouve aucun appui dans les sour-
ces. Pour l’identité de έριο- et γερδιοραβδιστής, cf. Otto, II, p. 331, qui rejette
l’interprétation de γερδιοραβδιστής donnée par les éditeurs: «employed in one
of the stages of cloth weaving to beat the webs».
63 II me semble que c’est une erreur que d’identifier toujours ραβδιστής et èpio-
ραβδιστής, comme le font Reil (p. 99) et, avec quelque hésitation, Khvostov
(p. 161). Il est cependant possible que dans certains cas on ait omis έριο- et employé
seulement la deuxième partie du terme. Cette possibilité nous est suggérée par P.
Mich. Tebt. 123 B, VI 19 (I), où est notée l’exécution de la γραφή ραβδιστών, ainsi que
par SB 5220 (époque romaine, provenant d’Arsinoé) qui atteste l’existence d’un
ergasterion de ραβδισταί, ce qui ne s’accorde pas avec ce que nous savons de la façon
dont on battait le blé.
61 Khvostov, p. 29.
L’industrie textile...
3
33
C’est dans le même sens que va l’interprétation proposeé dans Liddell-
-Scott: «wool worker, working on wool». Préciser davantage le type
de son travail, comme S. Calderini60 essaie de le faire, c’est une entre-
prise impossible.
Contrairement à la situation que nous avons observée dans le do-
maine du travail du lin, il serait difficile, à ce qu’il me semble, de prouver
l’existence d’un artisan qui lavait la laine. Preisigke, qui a noté dans
son Wörterbuch l’existence de cet artisan présumé, s’est appuyé sur BGU
118 (II), où l’on trouve dans une κατ' οικίαν άπογραφή la mention:
ό προγεγ[ραμμένος ]|πλυτης. Le texte pourrait être restitué par έριο]-
πλύτης, mais tout aussi bien par ίματιο]πλύτης, comme le propose Wil-
cken61. L’absence de renseignements au sujet de ces spécialistes ne me
semble pas un effet du hasard. Blanchir le lin, ou xilutôt le faire bouillir,
c’était un processus plus compliqué. Quant au lessivage de la laine, ces
opérations relativement simples étaient exécutées dans une grande mesure
par les bergers.
On trouve mentionnés dans quelques papyrus des artisans έριοραβ-
δισταί62. 'Ραβδιστής (celui qui bat, qui frappe avec un bâton) est un
mot qui désigne d’habitude un batteur de blé63. A en juger d’après
la composition du terme, 1’έριοραβδιστής était un artisan qui battait
la laine lavée pour la débarrasser des impuretés et pour séparer l’un de
l’autre les poils embrouillés. Les textes qui mentionnent ces artisans
n’ajoutent lias beaucoup à notre interprétation fondée sur la significa-
tion du terme. Khvostov a cru voir des analogies entre leur travail et
celui des foulons; il a proposé de considérer les έριοραβδισταί comme
des spécialistes à l’intérieur de la branche du finissage des tissus64. Je
60 S. Calderini, p. 45 s.
61 D’autant plus que l’étendue de la lacune ne peut servir d’argument, puisque
le mot προγεγραμμένος a pu être abrégé.
62 Nous rencontrons aussi une forme partiellement différente: γερδιοραβδιστής,
dans P. Tebt. 305 (II). Preisigke (Wörterbuch, s. v.) traduit ce mot comme «Auf-
seher der Weberzunft». Cette interprétation ne trouve aucun appui dans les sour-
ces. Pour l’identité de έριο- et γερδιοραβδιστής, cf. Otto, II, p. 331, qui rejette
l’interprétation de γερδιοραβδιστής donnée par les éditeurs: «employed in one
of the stages of cloth weaving to beat the webs».
63 II me semble que c’est une erreur que d’identifier toujours ραβδιστής et èpio-
ραβδιστής, comme le font Reil (p. 99) et, avec quelque hésitation, Khvostov
(p. 161). Il est cependant possible que dans certains cas on ait omis έριο- et employé
seulement la deuxième partie du terme. Cette possibilité nous est suggérée par P.
Mich. Tebt. 123 B, VI 19 (I), où est notée l’exécution de la γραφή ραβδιστών, ainsi que
par SB 5220 (époque romaine, provenant d’Arsinoé) qui atteste l’existence d’un
ergasterion de ραβδισταί, ce qui ne s’accorde pas avec ce que nous savons de la façon
dont on battait le blé.
61 Khvostov, p. 29.
L’industrie textile...
3