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https://doi.org/10.11588/diglit.4693#0006
PREF A C E.
L'architecture a attiré notre attention principale, Se les recherches que nous
en avons faites, ont répondu furabondamment à notre attente. Nul des ama*
teurs de cet art n'ignore de quelle utilité ont été les mefures que Monfieur Des-
godetz a données des anciens édifices de Rome. Nous nous fommes imaginés
que ce feroit pareillement rendre fervice, que de travailler fur le même plan,
dans les pays où Parchiteéture a commencé à s'élever, ou du moins où on Ta
portée au plus haut degré de perfection au quel elle ait encore pu atteindre.
Ceftfurtoutdans cette vue que nous avons vifité la plupart des lieux de l'Afie-
mineure, où nous pouvions efpérer de trouver quelques relies d'édifices d'un
fiecle fortuné ; Se nous avons rarement eu fujet de regretter notre peine, parti-
culièrement en Lydie, en lonie, Se en Carie, où nous avons trouvé peu de rui-
nes fi complettes qu'elles ne confervaflènt pas des fragmens très précieux. Nous
avions eu foin de nous pourvoir d'mftrumens pour creufer la terre, Se nous
ayons quelquefois employé les payfans à ce travail pendant plufieurs jours avec
fuccès.
Les exemples des trois ordres Grecs d'architecture que nous avons trouves,
pouroient tenir lieu d'une hiftoire paffable de l'origine Se des progrès de cet art,
du moins des changemens qu'il a foufFerts depuis le fiecle de Périclès a jufqu'à
celui de Dioclétien. Nous avons cru qu'il convenoit de commencer par Pal-
myre, comme la partie que le public femble défirer avec plus d'emprèflement.
Du fuccès de cette partie de notre ouvrage dépendra le fort du relie.
Tel a été notre plan, Se telle la manière dont nous l'avons exécuté, malgré
des difficultés décourageantes, inféparables d'une pareille entreprife : Se quoi-
que, quand nous nous y engageâmes, nous préviflions bien toute la fatigue Se
la dépenfe qu'elle de voit nous coûter, comme auffi les dangers que nous en-
courrions ; cependant elle auroit à la fin répondu à notre attente à tous égards,
fi notre bonheur n'eût été traverfé par le malheur le plus affligeant qui pût
arriver à notre petite fociété, je veux dire par la mort de Monfieur Bou ver 1 e.
Je fuis perfuadé qu'il n'y a perfonne, de ceux qui ont eu le plaifir de le connoître,
qui ne nous plaigne dans la fituâtion où nous nous trouvâmes alors.
Outre fes vertus, dont nous regrettons la perte avec tous fes amis, Mr.
Bouverie avoit des qualités particulièrement propres à la fonction qu'il
éxerçoit dans notre voyage. Prcfque tout ce qui concerne les curiofités de
la nature & de l'art fefoit l'objet de fes occupations privées ; Se il avoit aquis
tant de connoiffances en ce genre, dans les difFérens voyages qu'il avoit fait
à Rome, que fon opinion en ce point avoit du poids avec les connoiffeurs.
En effet fes collections de déflfeins, de médailles, de camayeux & de pierres
précieufes gravées, qu'il au toit confidérablement augmentées s'il eût vécu, font
de preuves qu'il avoit le goût raffiné.
On peut aifément juger combien cette perte nous abatit le courage. S'il
ne fût pas mort avant de voir Palmyre, nous aurions fans doute eu moins be-
b foin
a II faudrait y ajouter les anciens édifices de l'Attique,
qui n'entrent point dans notre recueil pour la raifon que
voici. A notre arrivée à Athènes, nous trouvâmes Mr. Ste-
ward & Mr. Revêt, deux peintres Anglois, occupés avec
fuccès à prendre les mefures de toute l'architecture qu'il y a
dans cette ville, & à tirer les plans de tous les bas reliefs,
pour les publier, fuivant un projet qu'ils nous avoient com-
muniqué à Rome. Nous fumes ravis de voir que des per-
fonnes auffi capables alloient conferver à la poffirité quelques
uns des plus beaux ouvrages des anciens -, & par conféquent
nous nous contentâmes à Athènes de facisfaire notre curiofitc
particulière, laifîant à Mr. Steward & à Mt.Revet le foin
de fatisfaire celle du public. Nous fouhaitons qu'ils trouvent
tout l'encouragement que mérite une entreprife fi utile.
L'architecture a attiré notre attention principale, Se les recherches que nous
en avons faites, ont répondu furabondamment à notre attente. Nul des ama*
teurs de cet art n'ignore de quelle utilité ont été les mefures que Monfieur Des-
godetz a données des anciens édifices de Rome. Nous nous fommes imaginés
que ce feroit pareillement rendre fervice, que de travailler fur le même plan,
dans les pays où Parchiteéture a commencé à s'élever, ou du moins où on Ta
portée au plus haut degré de perfection au quel elle ait encore pu atteindre.
Ceftfurtoutdans cette vue que nous avons vifité la plupart des lieux de l'Afie-
mineure, où nous pouvions efpérer de trouver quelques relies d'édifices d'un
fiecle fortuné ; Se nous avons rarement eu fujet de regretter notre peine, parti-
culièrement en Lydie, en lonie, Se en Carie, où nous avons trouvé peu de rui-
nes fi complettes qu'elles ne confervaflènt pas des fragmens très précieux. Nous
avions eu foin de nous pourvoir d'mftrumens pour creufer la terre, Se nous
ayons quelquefois employé les payfans à ce travail pendant plufieurs jours avec
fuccès.
Les exemples des trois ordres Grecs d'architecture que nous avons trouves,
pouroient tenir lieu d'une hiftoire paffable de l'origine Se des progrès de cet art,
du moins des changemens qu'il a foufFerts depuis le fiecle de Périclès a jufqu'à
celui de Dioclétien. Nous avons cru qu'il convenoit de commencer par Pal-
myre, comme la partie que le public femble défirer avec plus d'emprèflement.
Du fuccès de cette partie de notre ouvrage dépendra le fort du relie.
Tel a été notre plan, Se telle la manière dont nous l'avons exécuté, malgré
des difficultés décourageantes, inféparables d'une pareille entreprife : Se quoi-
que, quand nous nous y engageâmes, nous préviflions bien toute la fatigue Se
la dépenfe qu'elle de voit nous coûter, comme auffi les dangers que nous en-
courrions ; cependant elle auroit à la fin répondu à notre attente à tous égards,
fi notre bonheur n'eût été traverfé par le malheur le plus affligeant qui pût
arriver à notre petite fociété, je veux dire par la mort de Monfieur Bou ver 1 e.
Je fuis perfuadé qu'il n'y a perfonne, de ceux qui ont eu le plaifir de le connoître,
qui ne nous plaigne dans la fituâtion où nous nous trouvâmes alors.
Outre fes vertus, dont nous regrettons la perte avec tous fes amis, Mr.
Bouverie avoit des qualités particulièrement propres à la fonction qu'il
éxerçoit dans notre voyage. Prcfque tout ce qui concerne les curiofités de
la nature & de l'art fefoit l'objet de fes occupations privées ; Se il avoit aquis
tant de connoiffances en ce genre, dans les difFérens voyages qu'il avoit fait
à Rome, que fon opinion en ce point avoit du poids avec les connoiffeurs.
En effet fes collections de déflfeins, de médailles, de camayeux & de pierres
précieufes gravées, qu'il au toit confidérablement augmentées s'il eût vécu, font
de preuves qu'il avoit le goût raffiné.
On peut aifément juger combien cette perte nous abatit le courage. S'il
ne fût pas mort avant de voir Palmyre, nous aurions fans doute eu moins be-
b foin
a II faudrait y ajouter les anciens édifices de l'Attique,
qui n'entrent point dans notre recueil pour la raifon que
voici. A notre arrivée à Athènes, nous trouvâmes Mr. Ste-
ward & Mr. Revêt, deux peintres Anglois, occupés avec
fuccès à prendre les mefures de toute l'architecture qu'il y a
dans cette ville, & à tirer les plans de tous les bas reliefs,
pour les publier, fuivant un projet qu'ils nous avoient com-
muniqué à Rome. Nous fumes ravis de voir que des per-
fonnes auffi capables alloient conferver à la poffirité quelques
uns des plus beaux ouvrages des anciens -, & par conféquent
nous nous contentâmes à Athènes de facisfaire notre curiofitc
particulière, laifîant à Mr. Steward & à Mt.Revet le foin
de fatisfaire celle du public. Nous fouhaitons qu'ils trouvent
tout l'encouragement que mérite une entreprife fi utile.