2 TRAITÉ SUR LA CAVALERIE.
s'occupe sérieusement de cette branche d'administration ; mais
puisque les Pays voisins de la France, qui sont ceux qui produi-
sent des chevaux de prix en plus grande abondance 3 ont négligé
cette partie , au point de nous laisifer convaincus que leur pre-
mière eipece est abâtardie, il semble qu'il est permis de croire ,
que de notre côté nous aurions pu nous en occuper plus erîentiel-
lement que nous ne l'avons fait jusqu'ici ; &; ce qui prouve que
l'on a senti'la conséquence dont il étoit pour l'Etat d'y veiller de
plus près j c'est le parti que le feu Roi a pris de confier la direc-
tion des Haras les plus précieux du Royaume, aux dignes Ad-
ministrateurs qui en sont encore chargés aujourd'hui. Les lumiè-
res , le zele & la probité si nécelsaires à une administration de
cette importance, sont les bases principales, d'après lesquelles ces
Citoyens vertueux sont partis : aulsi ont-ils la satisfaction de voir
les Peuples & les Particuliers qui ont quelque connoilsance de
leur manutention, & qui sont jaloux du bien de l'Etat, applau-
dir également à la justesse de leurs vues , &C aux moyens sages
qu'ils emploient pour les faire réusiîr. Mais en même-temps qu'ils
se donnent tout entiers aux soins multipliés qu'exige une partie
aulsi. généralement utile 3 il seroit à délirer que les ressources de
l'Etat pusient leur procurer les moyens de la porter à sa perfec-
tion : ces moyens seroient de ne rien épargner pour peupler le
Royaume d'Etalons d'une qualité distinguée 3 &C en même-temps
de Juments de la première espece, attendu que 3 quoique la pre-
mière mise pût paroître trop dispendieuse 3 l'avantage énorme qui en
ïésulteroit pour l'Etat & les Particuliers, dédommageroit en peu
de temps des avances considérables qu'on auroit été obligé de faire.
Au reste, sans être versé dans l'admmistration 3 il sufïit de con-
noître les hommes, pour savoir que l'intérêt étant malheureuse-
ment le premier mobile de leurs aérions, il seroit nécelsaire de
adonner aux Particuliers , dans les Provinces susceptibles d'entrete-
nir des Haras, quelque augmentation d'exemption 3 de gratifica-
tion , ou quelque grâce enfin qui pulsent les encourager j sans quoi
il est à craindre que la France, qui est un des Pays du Monde,
,par son exposition, la richeise 6c la variété de ses pâturages, le
plus propre à élever &: à entretenir des chevaux d'une qualité
>érieure, ne se voie forcée de continuer de porter à l'Etranger