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Amélineau, Emile
Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction (Band 1): Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.14320#0074
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LX1V

E. AMÉLINEAU.

touche de bien près à la matière, non pas dans l'idée même qu'on s'en fait, mais dans
la conduite qu'on tient envers lui. Dieu est un maître et un père pour le chrétien
aussi bien que le musulman; il participe à toutes les attributions comme à tous les
devoirs du chef de tribu ou du père de famille. Au lieu de ne jamais prononcer son
nom en vain, on l'a à chaque instant à la bouche, même pour les choses les plus
futiles. Aussi quand on a quelque faveur à demander, quelque grâce à obtenir, ce
n'est ni aux saints du paradis, ni à Mahomet le prophète qu'on s'adresse, c'est
Dieu qu'on implore directement dans un langage enfantin et avec les mêmes
paroles que l'enfant peut dire chaque jour à son père. Si l'on n'obtient pas sa
demande, on n'ira pas jusqu'à l'injurier comme Louis XI injuriait les statues de
ses madones, mais on se conduit avec une grande indifférence à son égard, on se
contente dire : malesh, allah kerim, cela ne fait rien. Bien est toujours généreux,
et l'on continue de faire comme si rien n'était. Si Dieu n'a pas voulu cette fois, il
voudra bien une fois, car on le priera plus fort et on le pressera plus vivement,
comme Elie recommandait aux prêtres de Baal de le faire sur la montagne. Et l'on
demandera à Dieu la grâce de faire quelque petite infamie, de commettre quelque
gros crime, aussi facilement que le marchand d'Horace demandait à Jupiter de le
laisser voler tranquillement ses clients. Dieu peut tout : comment ne pourrait - il
pas faire que telle action mauvaise devienne bonne en certaine circonstance ? Il
n'est pas étonnant qu'avec ces idées, le chrétien d'Orient soit tout naturellement
amené à croire les choses les plus invraisemblables du moment qu'on les passe
au compte de la Divinité. Allah kerim, ce mot justifie tout, et ce mot se trouve
aussi bien dans la bouche du chrétien que dans celle du musulman : on loue les
saints et les personnages pieux, mais on ne leur fait pas la politesse de croire qu'ils
opèrent des prodiges, c'est Dieu lui-même qui opère ces prodiges en leur honneur,
et tout ce qu'on peut dire de Dieu, on doit le croire. Le chrétien se conduit en tout
comme le musulman, avec cette différence que Dieu le Père reste caché pour le
Copte qui en a peur, et qu'il s'adresse directement à Dieu le Fils. Je dois ajouter
aussi que les anges et certains saints sont censés faire un grand nombre de miracles
dans les ouvrages coptes ; mais c'est Dieu qui agit à leur prière.

Les écrivains coptes pouvaient donc raconter tous les prodiges qu'ils voulaient
avec la certitude de trouver créance près de leurs lecteurs. Chose étonnante, les
témoins mêmes des actions les plus communes d'un homme avec lequel ils avaient
 
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