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Planche soixante-quatrième. — Daphnis cherchant une
cigale dans le sein de Chloé.
« Oîi ! que ces cigales font de bruit ! elles ne la laisse-
ront jà dormir, si hault elles crient ; et d’aültre costé"^
ces boucquins ici ne cesseront aujourd’hui de s’entre-
heurter avec leurs cornes. O loups , plus couards qüô
\ renards ! où estes-vous à ceste heure, que vous ne leî
venez happer ? »
Ainsi que Daphnis estait en ces termes , une cigale ,
poursuivie par une arondelle , se vint jeter en sauve-
garde dedans le sein de Chloé ; au moyen de quoi
l’arondelle ne la peut prendre , ni ne peut aussi retenir
la roideur de son vol, qu’elie n’approchast si près du
visage de Chloé , qu’avec l’une de ses ailes elle ne lui
touchast la joue, dont Chloé s’esveilla en soursault: et
pource qu’elle ne scavait que c’estait, s’escria bien
hault ; mais quand elle eut vu l’arondelle vol le tant
encore à l’entour d’elle, et Daphnis se riant de sa peur,
elle s’asseura , et frotta ses yeux qui avaient encore
envie de dormir. La cigale se print à chanter encore
dans le sein mesme de la gente pastourelle, comme si
avec son chant elle lui eust voulu rendre grâces de son
salut : à l’occasion de quoi Chloé ne sachant ce que
c’estait, s’escria de rechef bien fort, et Daphnis s’en
print de rechef à rire ) et, usant de cette occasion , lui
mit la main bien avant dans le sein, dont il tira la
gentille cigale, qui ne se pouvait encore taire , quoi-
qu’il la tinst dedans sa main. Chloé fut bien aise de
la voir ; et, l’ayant baisée , la remeist chantant de
rechef dans son sein.
( Daphnis et Chloé, liv. Ie% Traduction d’Âmyot.)
Planche soixante-quatrième. — Daphnis cherchant une
cigale dans le sein de Chloé.
« Oîi ! que ces cigales font de bruit ! elles ne la laisse-
ront jà dormir, si hault elles crient ; et d’aültre costé"^
ces boucquins ici ne cesseront aujourd’hui de s’entre-
heurter avec leurs cornes. O loups , plus couards qüô
\ renards ! où estes-vous à ceste heure, que vous ne leî
venez happer ? »
Ainsi que Daphnis estait en ces termes , une cigale ,
poursuivie par une arondelle , se vint jeter en sauve-
garde dedans le sein de Chloé ; au moyen de quoi
l’arondelle ne la peut prendre , ni ne peut aussi retenir
la roideur de son vol, qu’elie n’approchast si près du
visage de Chloé , qu’avec l’une de ses ailes elle ne lui
touchast la joue, dont Chloé s’esveilla en soursault: et
pource qu’elle ne scavait que c’estait, s’escria bien
hault ; mais quand elle eut vu l’arondelle vol le tant
encore à l’entour d’elle, et Daphnis se riant de sa peur,
elle s’asseura , et frotta ses yeux qui avaient encore
envie de dormir. La cigale se print à chanter encore
dans le sein mesme de la gente pastourelle, comme si
avec son chant elle lui eust voulu rendre grâces de son
salut : à l’occasion de quoi Chloé ne sachant ce que
c’estait, s’escria de rechef bien fort, et Daphnis s’en
print de rechef à rire ) et, usant de cette occasion , lui
mit la main bien avant dans le sein, dont il tira la
gentille cigale, qui ne se pouvait encore taire , quoi-
qu’il la tinst dedans sa main. Chloé fut bien aise de
la voir ; et, l’ayant baisée , la remeist chantant de
rechef dans son sein.
( Daphnis et Chloé, liv. Ie% Traduction d’Âmyot.)