Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Your session has expired. A new one has started.
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 6,2.1904

DOI article:
Mauclair, Camille: Henri le Sidaner
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.36675#0069

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
HENRI LE SIDANER

l'heure où la matière devient idéale, pou-
vaient faire craindre que l'artiste, en faisant
un pas de plus hors du réel, en vînt à s'en
tenir à l'évocation presque spirite, dévelop-
pât le fantastique latent de ses maisons, de
ses fenêtres, de ses jardins, laissât se désa-
gréger, se dissoudre sa vision précise et ca-
ractériste dans l'excessive variation de ses
nuances trop aimées. On ne se joue pas

ton dans ses gradations chromatiques; mais
le peintre des gris nacrés et des blancs lai-
teux devient un ardent et audacieux colo-
riste des rouges. Déjà, dans son œuvre
précédente, le soleil souriait parfois, posant
une tache d'or sur l'appui d'une fenêtre,
ouvrageant quelques clairs filigranes sur le
sol. Maintenant l'artiste, simplifiant encore
ses motifs, n'a plus besoin de paysages,


impunément des harmoniques sans être au
moins tenté d'oublier pour elles leur ton
originel; comme Debussy, répondant victo-
rieusement par les claires déclamations ly-
riques de cf Afé/AmzaL aux appréhen-
sions de ses admirateurs, qui le craignaient
perdu dans l'extase diffuse des ou
des -SùrLze-y, dans la prodigieuse fluidité de
ses orchestrations antérieures, Le Sidaner a
compris le péril, et depuis plus de deux ans il
se renouvelle. C'est toujours la même tech-
nique, le même sens singulier du dessin par
les valeurs, la même manière de suivre un

71zMe c/m'r de /tzzze
n'emprunte plus le charme des vieilles mai-
sons, des vergers, des routes riantes ou as-
sombries. Il trouve dans la nature-morte un
thème suffisant pour continuer son poème
de vie latente et recueillie, et il traite ce
genre tant gaspillé avec une délicatesse qui
le rénove. Un coin de nappe, quelques ob-
jets familiers, des heurs, une fenêtre au
fond révélant le sourire du jardin, c'en est
assez pour dire la vie intime, faire songer
à la femme ou à l'enfant qui viennent de tou-
cher ces choses, pour exprimer la quiétude,
le calme, l'âme des êtres absents qui étaient

49

7
 
Annotationen