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L’ART FRANÇAIS

Le Salon de 1890

LES JEUNES

Le Salon des Champs-Élysées a-t-il beaucoup perdu de son
éclat, par suite de la scission qui s’est produite dans la Société des
artistes français et qui a entraîné la démission de MM. Meissonier,
PuvisdeChavannes, Ribot, Roll, CarolusDuran, Duez,Montenard,
Gervex, Galland,Toulmouche, Emile Barau, etc., et, en sculpture,
celle de MM. Dalou, Rodin, Baffier, etc. ?

Ce qu’il a perdu, nous ne pourrons le savoir que lorsque nous
aurons été admis à visiter le Salon du Champ-de-Mars. Alors
nous comparerons les deux expositions, et nous nous rendrons
compte de leur mérite respectif. Jusque-là, il ne semble pas qu’il
y ait lieu de se lamenter sur la décadence de l’Art contemporain.
Les artistes qui ont déserté le Palais de l’Industrie ont fait place à
d’autres, parmi lesquels certains jeunes promettent peut-être,
hélas ! plus qu’ils ne tiendront. On ne s’aperçoit pas trop,
cependant, de l’absence des maîtres qui ont suivi M. Meissonier
dans sa retraite. Quant à ce dernier, on sait qu’il exposait rare-
ment aux Salons antérieurs, et on n’est nullement surpris de ne
Qoint rencontrer, au Palais de l’Industrie, cet homme irascible et
génial, qui tient tant de place dans l’art et si peu d’espace sur la
cimaise.

M. Scribe disait souvent à ses collaborateurs : « Ce que l’on
coupe n’est jamais sifflé. » On pourrait appliquer cette fine obser-
vation aux ouvrages du Salon de 1890, mais en lui ôtant ce que
le vaudevilliste académicien y avait mis d’épigrammatique. En
d’autres termes, on pourrait dire que les tableaux non exposés
échappent à la critique, et cette prud’hommerie donnerait l’im-
pression exacte d’une visite à l’exposition actuelle.

Tel qu’il est, le Salon des artistes français présente un ensemble
intéressant, parce qu’à côté des maîtres dont la manière n’a plus
de secrets pour nous, on y distingue, comme je le disais tout-à-
l’heure, un certain nombre de jeunes talents absolument neufs.

Dans l’énumération — c’est le seul mot qui résume le genre de
travail auquel j’ai dû me livrer dans les trois jours qui ont pré-
cédé le 30 avril des principaux ouvrages du Salon, j’ai promis
de revenir sur certains d’entre eux, d’un mérite incontestable. Je
tiendrai cette promesse, et je m’efforcerai de compléter cette
étude hâtive en signalant certaines toiles qui m’avaient échappé
et que j’ai pu, depuis, examiner à loisir.

Mais il me semble que l’heure est venue de rompre avec cet
usage suranné qui consiste à découvrir les artistes illustres. Il
me semble qu’un critique debonnefoi, dontl’ambitionsebornerait
à discerner le talent naissant, à tirer de l’obscurité lesjeunes pein-
tres et les jeunes sculpteurs qui se révèlent, feraitœuvreoriginale
et féconde. —J’essaierai d’être ce critique-là.

L’étude d’ensemble qui a paru dans le numéro exceptionnel de
V ^Art français, surtout si l’on y ajoute les études partielles, si
remarquables, de mes excellents collaborateurs Armand Silvestre,
Paul Arène, Charles Frémine, Arsène Alexandre, Albert Tournier,
Jean Pauwels, rend à peu près l’aspect de l’exposition. Je crois, à
part quelques exceptions, n’avoir omis aucun ouvrage « sensa-
tionnel ». Rien ne s’oppose donc à ce que je tente, maintenant,
une échappée hors des sentiers battus et rebattus.

En somme, qu’est-ce que nous allons chercher au Salon ? Des
émotions non encore éprouvées.

Que demandons-nous aux jeunes gens, aux débutants ? Des
interprétations personnelles des êtres et des choses dont l’obser-
vation les a frappés.

Pour moi, tout en m’inclinant devant la sincérité des natura-
listes, tout en appréciant leursefforts constants, leurs élans éperdus
vers le vrai, je ne saurais me contenter de certaine peinture dont
la peinture est systématiquement exclue. Entre les paysages jau-
nes et violets des impressionnistes, et les toiles harmonieuses de
M. Harpigniesou de M. Pointelin, je n’hésite pas à reconnaître
la supériorité de ces dernières, parce que l’art et la nature y sont
traités avec un égal respect. C’est horrible à dire, mais la nature
(si c est la nature que les « naturalistes » me représentent ainsi)
ne me suffit plus !

Ces considérations, ces aveux dépouillés d’artifices, justifient
la détermination que nous avons prise de partir en voyage d’ex-
ploration, à la recherche des talents nés d’hier.

A dimanche prochain, donc, notre première étude sur les
jeunes.

F. J.

jrcHos ^Artistiques

Parmi les nombreuses publications illustrées qui signalent, chaque année, l’ouverture
du Salon, les deux ouvrages édités par la maison Bernard, sont toujours attendus
avec curiosité par les amateurs : le Nu au Salon, par Armand Silvestre, et Paris-Salon,
par Louis Enault.

Je viens de parcourir les deux volumes de cette publication qui sont consacrés au
Salon de 1890 (Champs-Elysées). J’apprécie la compétence et le goût de M. Louis Enault,
et je suis encore sous le charme des belles pages d’Armand Silvestre, où la poésie la
plus élevée alterne avec la prose la plus fraîche et la plus robuste, sur le mode charmant
adopté jadis par l’auteur des Lettres à Emilie.

Le Nu au Salon est dédié à notre ami Charles Toché. L’éminent aquarelliste nous
pardonnera de reproduire ici les termes mêmes dé cette dédicace, qui honore à la fois
l’artiste et le poète :

« Je suis à l’âge, mon cher Toché, où les amitiés ne se nouent plus à la diable,
comme les tiges folles des liserons et les gourmands des vignes, sous la seule chaleur
de ce beau soleil qui est la jeunesse.

« Le temps vient où il faut une réelle parenté des coeurs et des esprits pour que les
mains se cherchent et se pressent.

» C’est parce que tel fut le lien qui nous rapprocha l’un de l’autre, bien longtemps
après les camaraderies faciles du collège, que je vous dédie ce livre, dans le seul but
d’y affirmer ma tendresse pleine d’admiration pour votre talent et d’y communier, avec
vous, dans l’adoration des mythes païens dont nous sommes les derniers peut-être, mais
les inguérissables fervents.

On annonce le mariage de M. Alfred Tamberlick avec Mlle Juliette Abbadie, fille de
M. le docteur Abbadie.

M. Tamberlick, fils de l’illustre ténor, est, comme on sait, le beau-frère de M. le
docteur Galezowski.

X

Nous avons le regret d’apprendre la mort du sculpteur Auvray, élève de David
d’Angers.

Ses expositions au Salon datent de 1857. Il exposait des bustes et des ouvrages de’
fantaisie. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages de critique artistique.

X

On demandait dernièrement à propos des deux Embarquement pour Cyth'erc, de
Watteau, dont l’un est au Louvre et l’autre dans le palais impérial de Berlin, laquelle
de ces deux toiles est le chef-d’œuvre du maître, celui qu’il présenta pour sa réception
à l’Académie ?

Voici la réponse à cette intéressante question, d’après M. Edmond de Goncourt :

Bien que l’exemplaire du Louvre soit le morceau peint par Watteau pour sa réception
à l’Académie, ce n’est, à proprement parler, que l’esquisse du tableau (gravé par Tardieu,
d’après l’original du cabinet de M- de Julienne) qui se trouve à Berlin et qui offre
« une composition plus riche, plus peuplée, plus meublée, plus accidentée de détails
venus sous le pinceau de Watteau, pendant l’inspiration du travail, de détails successifs
qui ont peu à peu comblé le vide de sa première idée- »

Le tableau de Berlin semble donc une autre composition de Watteau, inspirée par la
première et non pas identique.

L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE

Glyptographie SILVESTRE et Cie, rue überkampf, 97, à Paris.
 
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