Troisième année.
N° 120
LE NUMÉRO : 15 CENTIMES
10 Août 1889
L'ART FRANÇAIS
Minute JPLrtiôtiquc J^cbïiomnîiûirc
Texte par Firmin Javel
Illustrations de MM. SILVESTRE & Cie, par leur procédé de Glvptographie
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
ABONNEMENTS. — Paris : un an, 9 francs; six mois, 5 francs. — Départements ; un an, ÎO francs; six mois, 6 francs.
L’ÉCAILLÈRE
‘Pur Di€"'ù Marie Beaumet^-Pdiet.
C’est une des gloires de l’art moderne, d’avoir su découvrir le caractère
pittoresque des humbles, des types si curieux et si intéressants que nos aînés
dédaignaient. A part quelques exceptions, comme le Touill’ux de (Murillo)
par exemple, encore prises dans la « vile populace », les gens du peuple, les
ouvriers, les marchands des
L’étoile, à ses yeux, est une jeune femme nue que les nuages emportent
dans le ciel. Bientôt l’étoile d’or va pâlir et la belle vision s’évanouira.
Hâtons-nous donc de l’admirer, telle que M. Lalyre nous l’a conservée et
telle qu’elle doit se reproduire, la nuit prochaine, pour les heureux poètes,
sur son lit de nuées blondes et roses faites de cequ’Armand Silvestre appelle la
... poussière d'astres brisés !
rues et des carrefours, et tant
d’autres figures de « prolétai-
res », n’ont guère paru dignes
d'observation jusqu’ici. Nos
contemporains ont vu plus
juste et plus loin que leurs
prédécesseurs.
Il convient de rendre hom-
mage à Mme . Marie Beau-
metz-Petiet, qui a su apprécier
la grâce et le charme artistique
d’une jeuntEcaillère, laquelle
ne se doutait certainement pas
qu’elle posait devant l’artiste.
La jolie toile de Mme Beau-
metz-Petiet prouve une lois
de plus que le sujet importe,
en art, beaucoup moins que
la manière dont il est inter-
prété.
LE ‘COLIN - MAILLARD
Par M. Truphème
M. Truphème est, avec M.
Geoffroy, le peintre attitré des
écoliers et des écolières. Nous
avons eu souvent l’occasion
de louer ses tableaux, d’enre-
gistrer ses succès ; nous ne
pouvons qu’ajouter à leur lista
le Colin-Maillard, l’une des
jolies toiles du Salon de
1889.
L’esprit, l’espièglerie, les
postures penchées des fillettes,
oii déjà percent les attitudes
de la femme, l’ironie enfantine
déjà impitoyable, tout est bien
vu, noté, consignédela pointe
du pinceau par un artiste qui
sait.
Le Colin-Maillard est un
des meilleurs ouvrages de M.
Truphème, qui est loin d’a-
voir dit son dernier mot.
SALON DE 188.9
Afmu MARIE ‘BEAU MET Z - PÉTIET
L’Hcaillèrc.
LA NOUVELLE
MOSAÏQUE DU LOUVRE
L’ÉTOILE DU MATIN
Par M. Lalyre
Un poète, voici un poète ! Qu’il soit le bienvenu ; d’abord, il s’appelle :
Lalyre. Un bien beau nom ! Ensuite, et ceci est plus sérieux, il a une façon
toute personnelle de se figurer la forme véritable d’une étoile.
Les dernières pièces de
bois de l’échafaudage qui
dérobait aux regards du
public la nouvelle mo-
saïque du Louvre, ont
disparu depuis quelques
jours. On sait que cette
mosaïque orne la coupole
centrale de l’escalier qui
conduit du rez-de-c-haus-
sée de la galerie Daru à
la galerie d’Apollon et
aux autres salles du pre-
mier étage.
Dédiée à l’époque de
la Renaissance, elle com-
porte quatre grandes figu-
res allégoriques, dues à
M. Lenepveu, membre
de l’Institut, et représen-
tant la France, l’Italie,
l’Allemagne et les Flan-
dres. Au-dessus de cha-
cune de ces figures sont
quatre médaillons, soute-
nus par des génies ailés,
contenant les portraits du
Poussin-, de Raphaël, A.
Dürer et Rubens. Tout
autour de la coupole sont
inscrits les noms des
grands artistes apparte-
nant à chacune des na-
tions représentées, c’est-
à-dire : pour la France,
Jean Fouquet, Jean Cou-
sin, Pierre Lescot, Jean
Goujon, FrançoisClouet;
pour l’Italie , Giotto,
Donatello , Léonard de
Vinci, Michel - Ange, le
Titien ; pour l’Allema-
gne, Lockner, Schœn,
A. Krafft, FI. Holbein, L. Cranack, et enfin pour les Flandres,
Van Eyck, Memling, Brugel, Quentin Metzis, Van Dyck.
La mosaïque est à fond d’or, les médaillons sont couleur
camaïeu. L’ensemble de la coloration est d une guindé richesse.
C’est à un mosaïste du Vatican, spécialement demande au pape,
M. Vanutelli, un artiste d’une rare habileté, que l’exécution de la
N° 120
LE NUMÉRO : 15 CENTIMES
10 Août 1889
L'ART FRANÇAIS
Minute JPLrtiôtiquc J^cbïiomnîiûirc
Texte par Firmin Javel
Illustrations de MM. SILVESTRE & Cie, par leur procédé de Glvptographie
Bureaux : 97, rue Oberkampf, à Paris
ABONNEMENTS. — Paris : un an, 9 francs; six mois, 5 francs. — Départements ; un an, ÎO francs; six mois, 6 francs.
L’ÉCAILLÈRE
‘Pur Di€"'ù Marie Beaumet^-Pdiet.
C’est une des gloires de l’art moderne, d’avoir su découvrir le caractère
pittoresque des humbles, des types si curieux et si intéressants que nos aînés
dédaignaient. A part quelques exceptions, comme le Touill’ux de (Murillo)
par exemple, encore prises dans la « vile populace », les gens du peuple, les
ouvriers, les marchands des
L’étoile, à ses yeux, est une jeune femme nue que les nuages emportent
dans le ciel. Bientôt l’étoile d’or va pâlir et la belle vision s’évanouira.
Hâtons-nous donc de l’admirer, telle que M. Lalyre nous l’a conservée et
telle qu’elle doit se reproduire, la nuit prochaine, pour les heureux poètes,
sur son lit de nuées blondes et roses faites de cequ’Armand Silvestre appelle la
... poussière d'astres brisés !
rues et des carrefours, et tant
d’autres figures de « prolétai-
res », n’ont guère paru dignes
d'observation jusqu’ici. Nos
contemporains ont vu plus
juste et plus loin que leurs
prédécesseurs.
Il convient de rendre hom-
mage à Mme . Marie Beau-
metz-Petiet, qui a su apprécier
la grâce et le charme artistique
d’une jeuntEcaillère, laquelle
ne se doutait certainement pas
qu’elle posait devant l’artiste.
La jolie toile de Mme Beau-
metz-Petiet prouve une lois
de plus que le sujet importe,
en art, beaucoup moins que
la manière dont il est inter-
prété.
LE ‘COLIN - MAILLARD
Par M. Truphème
M. Truphème est, avec M.
Geoffroy, le peintre attitré des
écoliers et des écolières. Nous
avons eu souvent l’occasion
de louer ses tableaux, d’enre-
gistrer ses succès ; nous ne
pouvons qu’ajouter à leur lista
le Colin-Maillard, l’une des
jolies toiles du Salon de
1889.
L’esprit, l’espièglerie, les
postures penchées des fillettes,
oii déjà percent les attitudes
de la femme, l’ironie enfantine
déjà impitoyable, tout est bien
vu, noté, consignédela pointe
du pinceau par un artiste qui
sait.
Le Colin-Maillard est un
des meilleurs ouvrages de M.
Truphème, qui est loin d’a-
voir dit son dernier mot.
SALON DE 188.9
Afmu MARIE ‘BEAU MET Z - PÉTIET
L’Hcaillèrc.
LA NOUVELLE
MOSAÏQUE DU LOUVRE
L’ÉTOILE DU MATIN
Par M. Lalyre
Un poète, voici un poète ! Qu’il soit le bienvenu ; d’abord, il s’appelle :
Lalyre. Un bien beau nom ! Ensuite, et ceci est plus sérieux, il a une façon
toute personnelle de se figurer la forme véritable d’une étoile.
Les dernières pièces de
bois de l’échafaudage qui
dérobait aux regards du
public la nouvelle mo-
saïque du Louvre, ont
disparu depuis quelques
jours. On sait que cette
mosaïque orne la coupole
centrale de l’escalier qui
conduit du rez-de-c-haus-
sée de la galerie Daru à
la galerie d’Apollon et
aux autres salles du pre-
mier étage.
Dédiée à l’époque de
la Renaissance, elle com-
porte quatre grandes figu-
res allégoriques, dues à
M. Lenepveu, membre
de l’Institut, et représen-
tant la France, l’Italie,
l’Allemagne et les Flan-
dres. Au-dessus de cha-
cune de ces figures sont
quatre médaillons, soute-
nus par des génies ailés,
contenant les portraits du
Poussin-, de Raphaël, A.
Dürer et Rubens. Tout
autour de la coupole sont
inscrits les noms des
grands artistes apparte-
nant à chacune des na-
tions représentées, c’est-
à-dire : pour la France,
Jean Fouquet, Jean Cou-
sin, Pierre Lescot, Jean
Goujon, FrançoisClouet;
pour l’Italie , Giotto,
Donatello , Léonard de
Vinci, Michel - Ange, le
Titien ; pour l’Allema-
gne, Lockner, Schœn,
A. Krafft, FI. Holbein, L. Cranack, et enfin pour les Flandres,
Van Eyck, Memling, Brugel, Quentin Metzis, Van Dyck.
La mosaïque est à fond d’or, les médaillons sont couleur
camaïeu. L’ensemble de la coloration est d une guindé richesse.
C’est à un mosaïste du Vatican, spécialement demande au pape,
M. Vanutelli, un artiste d’une rare habileté, que l’exécution de la