AUTOUR DU RETABUE DE « L’AGNEAU MYSTIQUE »
d Les révélations de la science ont dis-
sipé. ou peu s'en faut, la nuit dans laquelle
était plongée la genèse d’une Iliade et d’une
Chanson de Roland : elles n’ont rien effacé
de leur beauté... La génération spontanée
des chefs-d’œuvre en littérature et en art
est passée au rang des légendes merveil-
leuses enfantéesparl’admiration ignorante :
si ces séduisantes théories ne satisfont qu’à
moitié l'intelligence, elles flattent l’ima-
gination, le sentiment et la mémoire...
Tant pis pour ceux qui y trouvent leur
compte, mais la science a pour mission de
souiller les légendes, de séparer les mains
béatement jointes et d’ouvrir les esprits à l’appréciation clairvoyante1. »
L’exposition récente, en bonne lumière, de Y Adoration de l’Agneau au
Musée royal de Bruxelles aura beaucoup fait pour souffler sur les dernières
de ces légendes. Elle nous a apporté, d'autre part, des clartés et des constata-
tions nouvelles, qui méritent d’être signalées.
Ainsi, par exemple, sombre cette erreur séculaire, combattue dès igo4
par Henri Bouchot1 2, que le retable de Gand aurait été l’œuvre exclusive des
deux frères van Eyck. Les découvertes d’archives prouvent qu’à l’époque où
Hubert peignait son immortel polyptyque il y avait déjà en cette ville des
1. A. Cavens, A propos d’un livre de M. L. Maeterlinck : Hubert Van Eyck et les peintres
de son temps.
2. Henri Bouchot, L’Exposition des Primitifs français: Un dernier mot (Revue de l’art
ancien et moderne, année 1904, p. 174).
DE LA VILLE DE GAND (ligg)
(Archives nationales, Paris.)
d Les révélations de la science ont dis-
sipé. ou peu s'en faut, la nuit dans laquelle
était plongée la genèse d’une Iliade et d’une
Chanson de Roland : elles n’ont rien effacé
de leur beauté... La génération spontanée
des chefs-d’œuvre en littérature et en art
est passée au rang des légendes merveil-
leuses enfantéesparl’admiration ignorante :
si ces séduisantes théories ne satisfont qu’à
moitié l'intelligence, elles flattent l’ima-
gination, le sentiment et la mémoire...
Tant pis pour ceux qui y trouvent leur
compte, mais la science a pour mission de
souiller les légendes, de séparer les mains
béatement jointes et d’ouvrir les esprits à l’appréciation clairvoyante1. »
L’exposition récente, en bonne lumière, de Y Adoration de l’Agneau au
Musée royal de Bruxelles aura beaucoup fait pour souffler sur les dernières
de ces légendes. Elle nous a apporté, d'autre part, des clartés et des constata-
tions nouvelles, qui méritent d’être signalées.
Ainsi, par exemple, sombre cette erreur séculaire, combattue dès igo4
par Henri Bouchot1 2, que le retable de Gand aurait été l’œuvre exclusive des
deux frères van Eyck. Les découvertes d’archives prouvent qu’à l’époque où
Hubert peignait son immortel polyptyque il y avait déjà en cette ville des
1. A. Cavens, A propos d’un livre de M. L. Maeterlinck : Hubert Van Eyck et les peintres
de son temps.
2. Henri Bouchot, L’Exposition des Primitifs français: Un dernier mot (Revue de l’art
ancien et moderne, année 1904, p. 174).
DE LA VILLE DE GAND (ligg)
(Archives nationales, Paris.)